À L’ÉTRANGER Seid Korac est en finale de Coupe de Serbie, ce mercredi soir, face à l’Étoile rouge de Belgrade.
Avant de retrouver la pelouse du Partizan Belgrade pour un dernier match de championnat couperet en vue de l’Europe, le Vojvodina de Seid Korac se voit offrir, ce soir, une revanche de la finale 2024 de Coupe de Serbie, perdue contre l’Étoile Rouge (2-1). Cette fois, en 2025, ça va sourire?
Ce soir, vous serez face à l’Étoile Rouge de Belgrade, qui écrase tout sur son chemin en Serbie. Comment peut-on espérer, face à une équipe qui a inscrit 120 buts en 36 matches de championnat ?
Seid Korac : C’est un très grand club qui joue la Ligue des champions chaque année, qui n’arrête pas de faire des doublés. Il faut les respecter pour ça. Là, on dirait qu’ils baissent de pied parce qu’ils sont déjà sacrés en championnat depuis des semaines, mais ils vont vite se reconcentrer pour la finale. Moi, dans ce match, je dois être un leader pour diriger mes coéquipiers au niveau défensif.
Dès Degerfors, en Suède, on a découvert justement un Korac préoccupé par l’idée de renvoyer une image de guerrier, qui n’hésite jamais à tacler dans ce foot du XXIe siècle où l’on dit qu’il faut rester debout. Vous continuez de l’assumer, vous qu’on voit parfois en sélection célébrer une intervention défensive comme s’il s’agissait d’un but ?
Degerfors… j’étais plus jeune et dans ma tête, j’étais un peu fou. Au point que des fois, je sortais de mon match. Il m’arrivait de commettre des erreurs tactiques juste pour pouvoir rentrer dans un duel car je croyais que c’était exactement ce qu’un footballeur devait faire. Or des fois non, parce que ça ouvre un espace. Mais ça, c’était avant. J’ai appris. Je ne suis plus le même joueur. Des fois, environ tous les six mois, je me retourne sur mon parcours et je me dis que ce n’est pas possible d’avoir progressé comme ça. Je me rappelle qu’une fois, Maldini a dit que si tu devais tacler, c’est que tu avais fait quelque chose de faux, tactiquement. Mais allez sur YouTube, et vous ne trouverez de lui que des actions sur lesquelles il tacle! Moi, je considère que le tacle, c’est important. Il y a des fois, tu dois t’abstenir et des fois où tu dois. Moi, tacler, je fais ça depuis que je suis tout petit, j’adore. C’est un de mes points forts depuis toujours. Pour moi, un tacle, c’est un but. J’ai juste appris quand le faire et quand éviter. Des coaches m’ont dit que je n’avais pas besoin de mes émotions sur un terrain. En Allemagne notamment, où ils vivent sur la discipline. Mais si tu perds les émotions, tu ne peux plus t’améliorer. Les émotions, ça te donne de l’énergie. Je joue beaucoup avec ça, j’apprends juste à contrôler. Tes émotions, il faut savoir les utiliser, t’en servir.
J’apprends à contrôler mes émotions
Le plan tel que vous l’aviez conçu en refusant un contrat longue durée en MLS est en train de marcher : votre valeur marchande est passée de 900 000 euros à votre arrivée à Vojvodina à 2,2 millions aujourd’hui.
J’ai vraiment fait un bon choix. Je voulais grimper en gamme et gagner quelque chose en venant ici. Cela, c’est la seule chose que je n’ai pas encore faite. Et j’espère le faire mercredi. La finale de la saison dernière était une frustration totale. Certains n’en ont jamais joué de toute leur carrière. D’autres en jouent une seule et ils l’ont perdue. Moi, dès que l’arbitre a sifflé la fin, en 2024, dans ma tête, j’ai immédiatement su que j’en rejouerai une autre. Et quand je suis rentré aux vestiaires, je me suis dit que je la rejouerais et que cette fois, je la gagnerais.
Vous vous êtes déjà imaginé soulever le trophée ?
Hein?! Mais je visualise ça depuis un an! Tous les jours! À mon arrivée, j’ai dit à un journal serbe que je promettais de gagner quelque chose avec Vojvodina. Je crois que c’est le bon moment.
Allez sur YouTube, Maldini tacle tout le temps
C’est quoi, votre scénario de rêve ?
Aucun. Soulever la Coupe avec le reste de l’équipe. Rien que d’y penser, ça me chauffe le cœur. Ça ne m’intéresse même pas de marquer. Faire mon boulot, derrière, me suffit.
En même temps, vous allez affronter une équipe que Vojvodina n’a plus battue depuis 26 rencontres. Ça vous fait quoi ?
Honnêtement? Ça me fâche. Parce que Vojvodina est un grand club. Je le savais en arrivant, mais pas à ce point. C’est bien pour ça que je vais me donner à fond pour la gagner, cette finale.
Qui aura lieu, curieusement, à Zajecar, dans un minuscule stade de 8 000 places. Comme l’an dernier. C’est quoi l’histoire?
L’année dernière, c’est la première fois qu’ils l’ont fait. Pour des raisons politiques. Le gouvernement a construit trois petits stades dans tout le pays, dans ce qui n’est finalement que des villages. Pour les sortir de l’isolement. Mais ils n’ont même pas de clubs de foot et ce sont nos supporters qui remplissent le stade, en faisant quatre heures de route. Mince, c’est quand même une finale de Coupe! S’ils veulent investir, qu’ils créent des écoles de foot à la place! Là, je ne suis pas fan.
C’est votre avant-dernier match avec Vojvodina ?
Ah je ne pense pas répondre à cette question. Surtout pas avant deux matches aussi importants.
Il paraît que le Standard de Liège vous surveille. C’est déjà trop petit, pour Seid Korac, le Standard ?
Je vous l’ai dit : je ne parlerai pas de ce qui a été écrit dans les journaux. Mais ça ne m’empêche pas de penser que le Standard, c’est le plus grand club de Belgique et que c’est très intéressant. Je sais aussi que le prochain pas que je ferai sera le plus important de toute ma carrière. Le précédent m’a juste préparé à sauter un peu plus haut.