Dans son classement pour l’année 2024, ILGA Europe fait perdre trois places au Luxembourg qui reste néanmoins en 10e position parmi 49 pays analysés pour les droits des LGBTIQ+.
La situation des droits des personnes LGBTIQ+ en Europe est analysée chaque année par l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes.
Dans son classement pour l’année 2024, ILGA Europe fait perdre trois places au Luxembourg, qui reste néanmoins en 10e position parmi 49 pays analysés, avec 70 % de points contre 68,41 en 2023. À titre de comparaison, la Belgique est à 85,3 et l’Italie à 24,4.
L’index ILGA se compose d’indicateurs sur un certain nombre de sujets, tels que l’éducation, la famille, le travail, la santé, l’accueil et l’intégration, les discriminations (y compris le discours et le crime de haine), les droits des personnes trans et intersexes.
Si le Luxembourg a perdu des places, il le doit à des épisodes tels que la polémique autour du personnage de Tatta Tom, une dragqueen qui en mai l’année dernière a été invitée à donner une lecture au lycée technique agricole, après avoir participé à une session de lecture à la bibliothèque d’Esch-sur-Alzette.
«Un député du parti conservateur d’extrême droite ADR a vivement critiqué la présence de sujets queer dans les écoles en général», relève l’ILGA dans son rapport.
Autre fait marquant qui a fait régresser le Luxembourg dans le classement : la pétition publique appelant à l’exclusion des thèmes LGBTI des programmes éducatifs destinés aux mineurs, qui a recueilli le soutien de plus de 9 000 personnes.
L’association internationale note toutefois qu’une contrepétition «a rapidement pris de l’ampleur, recueillant 4 500 signatures dès le premier jour et dépassant la pétition antiLGBTI en deux semaines».
La politique d’asile a également retenu l’attention de l’ILGA. L’association évoque le communiqué du collectif Réfugiés, publié en avril de l’année dernière, dans lequel il s’inquiète des difficultés récurrentes à détecter précocement les vulnérabilités.
«Les personnes ayant subi des violations affectant leur intégrité physique et psychologique peinent souvent à exprimer leur détresse et leur traumatisme», a retenu l’association. Le collectif qui a appelé à une formation initiale et continue du personnel a toutefois été entendu
Pour mieux identifier les vulnérabilités et garantir que les demandeurs de protection internationale bénéficient d’une prise en charge et de garanties procédurales appropriées, tous les hommes célibataires demandeurs d’asile ont droit à un entretien d’évaluation de la vulnérabilité depuis décembre 2023.
«Ceci constitue une avancée significative dans la prise en compte des besoins des personnes vulnérables, notamment celles en raison de leur orientation sexuelle ou de leur expression de genre », note l’ILGA.
L’Office national de l’accueil (ONA) s’efforce d’améliorer les procédures actuelles. Le centre LGBTIQ+ Cigale a été invité par l’ONA à dispenser des formations sur les questions LGBTI à son personnel et a continué à former les travailleurs sociaux dans les centres d’accueil gérés par la Croix-Rouge luxembourgeoise.
Recommandations
Dans le rapport concernant le Luxembourg, les efforts du ministère de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région de l’époque sont salués. En collaboration avec le centre LGBTIQ+ Cigale, le Centre pour l’égalité de traitement et l’association Rosa Lëtzebuerg, il a élaboré un guide pour faciliter le rapprochement entre les personnes trans et leurs employeurs.
Autre bon point, cette fois-ci, pour le ministère de l’Égalité des genres et de la Diversité qui a publié une évaluation du plan d’action national luxembourgeois pour les droits LGBTI.
«Cette évaluation a mis en lumière des progrès, mais aussi des difficultés notables pour les personnes trans et intersexes, ainsi que l’élaboration d’une législation clé contre les thérapies de conversion.»
Pendant la Semaine des Fiertés, le président de la Chambre des députés, Claude Wiseler, a demandé à Rosa Lëtzebuerg de proposer des formations complémentaires aux employés de l’administration parlementaire. En juillet, la Luxembourg Pride a fêté ses 25 ans, avec un programme de soutien comprenant plus de 24 activités différentes.
«Six membres du gouvernement ont assisté au festival, dont le vice-Premier ministre, Xavier Bettel, et la ministre de l’Égalité et de la Diversité, Yuriko Backes», relève avec satisfaction l’ILGA Europe.
En parcourant ce rapport, la ministre Yuriko Backes (DP) s’est alarmée en observant les résultats de la cartographie et la situation générale des personnes LGBTIQ+ en Europe : «Nous assistons actuellement à une situation où, à l’échelle internationale, des droits que beaucoup d’entre nous considéraient comme acquis sont activement remis en question par des forces antidémocratiques».
Afin d’améliorer la situation juridique et politique des personnes LGBTI au Luxembourg, ILGA Europe recommande la reconnaissance automatique de la coparentalité qui doit être accessible à tous les couples et l’interdiction de toute intervention médicale sur un mineur intersexué avant que l’enfant ne soit en mesure de donner son consentement éclairé.