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Travailler jusqu’à trois ans de plus ? Les jeunes du CSV irrités


Les jeunes de cinq partis (CSJ, JDL, JSL, Jonk Gréng et Jonk Lénk) avaient arrêté, dans une prise de position commune, que la durée de cotisation maximale devait rester fixée à 40 ans.

Les jeunes socialistes parlent, eux, de «dynamite pour la cohésion sociale». L’obligation de cotiser plus longtemps pour toucher une pension est également fustigée par les jeunes du DP.

Le Premier ministre, Luc Frieden, se dit convaincu que «pour beaucoup de jeunes, qui ont aujourd’hui 30 ans, il est normal de devoir travailler jusqu’à 63 ou 64 ans, sachant qu’ils vont vivre encore jusqu’à 90 ou 95 ans». Le chef du gouvernement renvoie vers l’augmentation de l’espérance de vie sur les cinquante dernières années, en moyenne de 14 ans pour les hommes et de 11 ans pour les femmes.

La CSJ, l’aile jeunes du CSV, se dit «consciente» de ce fait et se montre «prête à contribuer à une réforme» des pensions, afin d’assurer dans le moyen terme le financement du système de pensions. Mais le choix de faire porter la charge par la jeune génération est fustigé par les jeunes du Parti chrétien-social. Il est à noter que la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, chargée de mener la réforme, est aussi issue des rangs du CSV.

«Aller travailler plus longtemps doit être récompensé et non pas imposé. Une incitation pour aller travailler plus longtemps est selon nous une meilleure option que de forcer une prolongation de la carrière», développe la CSJ dans un communiqué. Les jeunes du CSV se demandent si «tout le monde est prêt à contribuer pour respecter le contrat intergénérationnel». «Avec les informations actuellement disponibles, la réforme envisagée ne remplit pas ce critère», déplore le CSV.

Quelles sont donc les détails disponibles? Mercredi soir, le Premier ministre a livré certaines précisions après avoir annoncé la veille, lors de la déclaration sur l’état de la Nation, que le gouvernement compte «augmenter progressivement (NDLR : trois mois par an) les années cotisables (…) pour ouvrir le droit à la retraite». Jusqu’à présent, il est possible de prendre sa pension à 57 ans, à condition d’avoir travaillé pendant 40 années; ou à 60 ans, si l’assuré a cotisé durant 40 ans, en incluant les années d’études et les «baby years».

Luc Frieden avance le calcul suivant : si la réforme prévue entre en vigueur en 2030, un assuré devra avoir travaillé ou cotisé pendant 40 ans et 3 mois pour pouvoir prendre sa retraite à 57 ou 60 ans. Vu la progressivité de la hausse de la durée de cotisation, un salarié qui a aujourd’hui 45 ans pourrait être amené, à l’horizon 2040, à travailler jusqu’à trois ans de plus (donc 43 années de cotisation) avant de toucher une pension. «L’objectif demeure de rapprocher l’âge de départ réel, qui pointe actuellement à 60 ans, de l’âge de départ légal, qui restera fixé à 65 ans», appuie le Premier ministre.

«Brutal et inacceptable»

Les Jonk Demokraten (JDL), l’aile jeunes du DP, le partenaire de coalition du CSV, rejettent également les pistes dévoilées cette semaine. Le président Lou Linster, interrogé sur les ondes de la station 100,7, estime que la réforme ne respecte en rien l’«équité intergénérationnelle». À l’image de la CSJ, il déplore le fait que les assurés qui sont déjà retraités ne seront pas mis à contribution.

La critique la plus acerbe provient des Jonk Sozialisten (JSL). Les jeunes du LSAP estiment que le projet de réforme, qui cible uniquement les jeunes, représente de la «dynamite pour la cohésion sociale». «Nos craintes sont confirmées. Le contrat intergénérationnel est mis en péril. Les jeunes devront aller travailler plus longtemps pour toucher une pension moins élevée», regrettent-ils dans un communiqué.

Les Jonk Sozialisten rappellent aussi que les jeunes de cinq partis (CSJ, JDL, Jonk Gréng, Jonk Lénk et, donc, JSL) avaient arrêté, dans une prise de position commune, que la durée de cotisation maximale devait rester fixée à 40 ans. Augmenter les années cotisables serait une mesure «brutale et inacceptable».

Que ce soit seuls, ou en concertation avec leurs homologues, les jeunes socialistes se disent décidés à mobiliser contre les plans de réforme du gouvernement, si besoin avec des «actions» sur le terrain.