Entrée dans sa dernière ligne droite au concours Eurovision de la chanson (ESC), Laura Thorn devra tout donner ce soir en vue de la finale, samedi. Et confie quelques secrets de coulisses.
C’est précédée des cinq danseurs qui l’accompagnent sur scène que Laura Thorn, à peine sortie de répétition, se faufile dans le centre de presse de la St. Jakobshalle, à Bâle, où se tiendra ce soir la deuxième demi-finale de l’Eurovision.
Dans sa nouvelle tenue, avançant d’un pas déterminé, l’air sérieux et pourtant bien détendue, la représentante du Luxembourg à l’Eurovision 2025 n’est plus tout à fait la même depuis fin janvier et sa victoire au Luxembourg Song Contest (LSC), mais aussi depuis son départ pour la Suisse, il y a dix jours.
Et ce n’est pas uniquement grâce à sa nouvelle tenue, qui abandonne robe de poupée, guêpière en dentelle et escarpins pour une robe courte à paillettes et des bottes hautes – l’intéressée confie d’ailleurs préférer cette tenue définitive, «cent fois plus confortable» que celle qu’elle portait au LSC.
Ce look moins sage s’accorde certainement mieux avec les paroles de sa chanson, qui prône le «girl power» et intime aux hommes de ne plus faire d’elle leur marionnette, ou gare à eux.
L’interprète de La Poupée monte le son a aussi pris une sacrée dose d’assurance en travaillant à fond sa chanson et l’univers qui va avec, depuis plusieurs mois déjà (avec notamment un clip et une version alternative, plus synthétique et ténébreuse, intitulée Poupée électrique).
Mais puisque c’est à Bâle que tout se joue, tout a été minutieusement pensé et repensé pour l’occasion sur la scène de la St. Jakobshalle, des placements des danseurs et des mouvements de la chanteuse qu’il faut réfléchir en premier lieu pour la diffusion télé, sans que cela nuise à la performance «live», les transitions entre deux parties de la chanson, qu’elle continue de répéter jusqu’à la perfection, même entre deux rencontres avec des fans…
Un constat : Laura Thorn semble prête et plus que volontaire pour tout donner lors de cette demi-finale. Peut-être même se sent-elle investie d’une double mission, puisque la Luxembourgeoise, très proche aussi de ses racines belges, fera honneur au Plat Pays en cas de qualification, à la suite de l’élimination pour le moins inattendue, mardi, du candidat belge, Red Sebastian. Interview.
La performance sur laquelle vous travaillez intensivement depuis votre arrivée à Bâle, début mai, a subi de nombreuses modifications, petites et grandes, depuis votre grande première au Luxembourg Song Contest. En quoi votre prestation à Bâle sera différente?
Laura Thorn : D’abord, c’est une question de présence scénique : on a dû s’adapter à la conception de la scène ici. Elle est beaucoup plus grande, immersive et finalement assez spéciale dans sa forme, avec cette longue passerelle qui débouche sur une forme en T. Cela nous a encouragés à trouver des choses créatives, à utiliser chaque espace de cette scène pour en faire quelque chose de cool. Au LSC, la chorégraphie était vraiment centrale parce qu’on la jouait sur une scène rectangulaire, tout ce qu’il y a de plus normal. Ici, nous voulions occuper tout l’espace, et nous l’avons donc beaucoup plus élargie.
Ensuite, il était aussi très important pour nous de rendre cette chanson un peu moins girly et un peu plus puissante, afin de faire passer le message : elle ne veut pas être pop, elle veut sortir de cette image. C’est véritablement ce que dit le texte de la chanson, et j’ai voulu suivre cette idée de façon un peu plus directe.
Tout cela devient de plus en plus réel
Comment vous sentez-vous à l’approche de la demi-finale?
Étrangement calme! Je ne sais même pas comment c’est possible (elle rit), mais je suis plutôt détendue pour le moment. Peut-être est-ce simplement parce que chacune de mes répétitions s’est bien passée. Je crois que je serais probablement stressée si nous avions eu quelques soucis lors des répétitions, mais jusqu’à présent, cela n’a pas été le cas. Peut-être que le moment où les choses tourneront mal arrivera – là, je serais certainement en stress.
Mais je ne pense pas… L’ambiance générale est juste géniale, et j’ai vraiment hâte d’y être. Cela devient de plus en plus réel. Maintenant, nous pouvons croiser tous les autres candidats qui sont avec nous dans la « Delegation Bubble » (NDLR : le salon en coulisses réservé aux artistes, où se trouvent aussi les salles d’essayage). Oui, je suis très heureuse. Super excitée, et en même temps toujours assez calme.
On n’est pas juste des artistes qui partagent une scène, mais un groupe d’amis
Le fait que certains de vos danseurs ont déjà connu la pression de l’évènement, pour avoir partagé la scène l’année dernière avec Tali, vous aide-t-il à mieux appréhender le moment et gérer la pression?
Oui, tout à fait. Je crois qu’on est vraiment une bonne équipe, même en dehors de la scène et de ce grand complexe. Dès que l’on a un peu de temps – on n’en a pas beaucoup, malheureusement –, on fait plein de trucs ensemble, on va se balader dans la ville, on va manger… On n’est pas juste des artistes qui partagent une scène, mais, même en dehors, on est un groupe d’amis, et ça, c’est vraiment très, très chouette. Je pense que ça se voit aussi sur scène, cette connexion qui existe entre nous. En tout cas, je l’espère. C’est ce qui rend toute cette aventure encore meilleure, quoi : on n’est pas tout seul, on vit ça à plusieurs, et je trouve ça génial.
À ce propos, vous avez aussi procédé à un changement parmi vos danseurs, puisque vous êtes maintenant la seule femme sur scène pour votre performance…
C’est vrai que, le soir du LSC, il y avait trois danseurs et ensuite deux danseuses qui arrivaient dans la dernière partie de la chanson. Nous avons beaucoup discuté de cela avec l’équipe créative, lorsqu’il a fallu repenser la performance pour cette grande scène.
Disons que c’est d’abord une question d’harmonie. Mais on s’en remet toujours aux paroles de la chanson, qui parle du pouvoir féminin. Dans cette nouvelle configuration, ce que je veux dire, c’est que, même si je suis seule avec cinq hommes sur scène, je revendique le fait d’être une femme forte. C’est ce que je voudrais que les gens voient à travers la performance, le fait que je peux y arriver.
En demi-finale, votre passage est programmé vers la fin de la soirée, entre le candidat tchèque et la candidate israélienne, qui misent tous deux sur une performance sobre et leurs prouesses vocales. L’attention portée à la mise en scène et le caractère à la fois joyeux et combatif de votre musique sont-ils sa principale force?
Il y a de très talentueux solistes qui peuvent porter une scène à eux seuls, mais les histoires qu’ils racontent sont très différentes de la mienne. C’est aussi en ce sens que je parle d’harmonie : on a vu avec l’équipe que si, sur la chorégraphie, on se retrouve à quatre devant le public pendant vingt secondes, quand les danseurs joignent leurs mouvements, cela laisse une sorte de vide sur scène.
Idem si nous avions eu un groupe de danseurs mixte qui serait resté sur scène tout le temps de la chanson. Il fallait que tout soit très harmonieux et que, vu de face, on remplisse cette grande scène. Car ce que je veux que nous fassions, enfin et surtout, c’est transmettre au public le plus d’énergie possible.