L’attaque frontale des partis de l’opposition était attendue. Plus étonnant, des réflexions critiques émanant de la majorité, signées par Marc Spautz (CSV) et Carole Hartmann (DP).
Les premières pistes pour réformer le système de pensions, mais aussi le dialogue social abîmé, ont largement dominé, hier, les débats sur la déclaration du Premier ministre sur l’état de la Nation. Sans surprise, le LSAP, rejoint par déi gréng, le Parti pirate et déi Lénk, ont sévèrement réprimandé le gouvernement de Luc Frieden. L’ADR s’est montré réservé, au contraire de deux orateurs des partis de la majorité.
Marc Spautz (CSV) martèle ainsi ne pas avoir «changé de position» sur la libéralisation des heures de travail dans le commerce. Il cherche toutefois à réussir un acte d’équilibriste, et place désormais de grands espoirs dans la reprise d’un dialogue social constructif. Aussi bien la réforme des pensions, que la modernisation du droit du travail, devraient être impérativement discutées avec les syndicats et le patronat.
L’ancien syndicaliste ne cache pas qu’il aurait souhaité une hausse de la pension minimale au lieu d’une compensation sociale, comme le propose le gouvernement. «Il s’agit de la deuxième meilleure solution», concède-t-il. «Je reste convaincu qu’un compromis peut être trouvé. Une modernisation du droit du travail est possible en respectant les intérêts de tous les partenaires sociaux», ajoute Marc Spautz.
Tandis que son chef de fraction, Gilles Baum, salue les grandes lignes de la réforme des pensions, Carole Hartmann (DP) n’a pas manqué d’égratigner le ministre du Travail, Georges Mischo (CSV). «Pour les réformes à venir dans le domaine du travail, la première étape doit être de mener un dialogue social. Le ministre Lex Delles l’a fait avant de déposer le texte de loi (NDLR : sur la prolongation des heures d’ouverture dans le commerce). Ce fut le bon chemin», met en avant la nouvelle présidente d’un DP qui est toutefois pleinement favorable à une flexibilisation des heures de travail. «Ce gouvernement a tout intérêt à considérer les partenaires sociaux, dans l’intérêt de la paix sociale», lance encore Carole Hartmann.
«Cela déstabilise notre pays»
«La confiance, la stabilité, le calme et la prévisibilité, construits de longue date, ont été détruits par le gouvernement», s’indigne Taina Bofferding (LSAP). Le progrès social et la justice sociale seraient mis en péril par le CSV et le DP. «Le chat est enfin sorti du sac. Et c’est un gros chat. La voie engagée pour réformer les pensions est définitivement la mauvaise. On décèle clairement un démantèlement social», fustige la cheffe de la fraction socialiste. «Le principe de la hausse progressive des années de cotisation est une claque pour les jeunes», dénonce encore Taina Bofferding.
Fred Keup (ADR) dit vouloir attendre les détails des plans de réformes, mais se montre inquiet au sujet de la hausse progressive de la durée de cotisation, qui va forcer tout le monde à travailler jusqu’à 65 ans.
Sam Tanson juge «irresponsable» que le gouvernement compte se servir dans les fonds générés par la taxe carbone pour viabiliser le système des pensions. Dans le domaine du droit du travail, la cheffe de file de déi gréng «attend non seulement un retour au calme, mais aussi le retrait des projets de loi sur le travail dominical et les heures d’ouverture afin de mener un véritable dialogue social».
Sven Clement (Parti pirate) estime que la libéralisation des heures d’ouverture, «vendue par le Premier ministre comme gain de liberté», est, dans les faits, une réforme qui «enlève de la liberté aux plus vulnérables» et qui ne «profite qu’aux mieux lotis». La réforme des pensions ressemblerait à une «importante régression sociale». «Les jeunes devront aller travailler plus longtemps sans avoir la certitude d’obtenir une pension adéquate», fustige le député.
Selon Marc Baum (déi Lénk), la hausse de la période de cotisation est «l’option que personne ne souhaite, qui va générer la plus grande opposition». «On vit la plus importante régression sociale depuis plus de 80 ans. Cela ne déstabilise pas seulement notre État social, mais aussi notre pays. La lutte des classes est engagée», conclut-il.
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