Au-delà des considérations plus globales, on peut retenir trois annonces majeures de cette deuxième déclaration sur l’état de la Nation du Premier ministre, Luc Frieden. À commencer par l’engagement que le Luxembourg augmente dès la fin de cette année son effort de défense à 2 % du revenu national brut (RNB), soit quelque 1,18 milliard d’euros, contre 780 millions d’euros actuellement prévus. Ensuite, le chef du gouvernement a levé un coin du voile sur la réforme des pensions, avec la mise en perspective d’un allongement progressif du nombre d’années de cotisation. L’objectif est de rapprocher l’âge de départ réel à la retraite de l’âge de départ légal, qui restera fixé à 65 ans. N’oublions pas qu’en parallèle, l’exécutif conservateur-libéral compte concrétiser l’an prochain une réforme fiscale majeure qui doit assurer qu’aucun contribuable ne soit lésé.
Le dénominateur commun de ces trois projets titanesques est qu’ils doivent, selon la tradition du modèle luxembourgeois, être constructivement discutés entre partenaires sociaux. Le Premier ministre a d’ailleurs insisté, hier, sur l’importance qu’il accorde à l’échange avec les acteurs du terrain. «Ce gouvernement fait du dialogue une priorité. Toutes les orientations que je vous expose aujourd’hui en témoignent. Nous ne gouvernons pas en solitaire, nous privilégions l’échange», a-t-il confirmé. Le hic majeur est que ce garant de la paix sociale est fortement abîmé. OGBL et LCGB martèlent que le «dialogue social est au point mort». Luc Frieden reste décidé à trancher, à défaut de pouvoir signer des compromis. «Le dialogue n’implique pas nécessairement une codécision sur chaque point. La majorité parlementaire porte une responsabilité, et elle sera jugée sur sa capacité à l’assumer», souligne-t-il.
Qui aura donc le dernier mot? Le gouvernement doit avoir conscience de la dangerosité de rompre les ponts au vu des défis sécuritaires, sociaux et financiers qui se posent. Les syndicats ont raison d’exercer une pression maximale, mais devront être prêts à lâcher du lest. La même chose vaut pour le patronat. Un conflit social et sociétal majeur n’est pas dans l’intérêt du pays, qui semble bien se trouver «à un moment charnière de son histoire», comme le souligne Luc Frieden.