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Kamal Hafidi : «La DN doit s’ouvrir aux investisseurs»


Kamal Hafidi (à g.) est l’homme derrière l’arrivée au Progrès de Jonathan Schmid, le joueur français le plus capé en Bundesliga. (photo Progrès Niederkorn)

HORS STADE Les agents, à l’étranger, commencent-ils à se méfier de la DN ? Nous avons rencontré un nouveau venu sur le marché local, Kamal Hafidi, qui a très envie de s’implanter au pays.

C’est un ancien joueur lorrain vivant à Pont-à-Mousson, au carnet d’adresses fourni, qui conseille déjà nombre de joueurs en BGL Ligue, qui nous a expliqué que l’attractivité de la BGL Ligue dépendait surtout de sa capacité à accepter la nouveauté. C’est-à-dire le danger ?

Les présidents ou directeurs sportifs du Grand-Duché sont en général rarement tendres avec la profession des agents de joueurs, régulièrement assimilés à des pique-assiettes. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Kamal Hafidi : Cela m’inspire que tout travail mérite salaire. Quand on veut conduire une belle voiture, il faut y mettre le prix. Tu ne peux pas obtenir un joueur de talent et ne pas lui offrir ce qui est adéquat. Pareil pour l’agent qui fait le travail en amont. Moi, ma commission, c’est un salaire de joueur. Ce n’est pas énorme une fois les impôts passés. Mais en vrai, on est comme les dirigeants d’ici : on a juste envie de vibrer. De vivre des trucs comme quand le F91 va en poules de l’Europa League.

Je travaille avec le Luxembourg depuis l’arrivée de Jonathan Schmid au Grand-Duché. Donc il y a deux ans. C’était une petite pierre à l’édifice niederkornois et au bout de ses premiers mois, ils gagnent la Coupe, un premier trophée depuis des décennies. J’ai vraiment envie de m’installer ici, avec mon associé, Nicolas Milan, qui travaille sur l’Amérique du Sud. Je pense que le marché bolivien, notamment, pourrait être intéressant pour le Grand-Duché. Ça forme bien là-bas.

Quels rapports les agents nourrissent-ils avec les dirigeants de la DN ?

Honnêtement, il y en a de très très bons. Ils sont sincères, honnêtes et même quand il y a des soucis de paiement, on arrive à s’arranger. Cela se fait intelligemment et en toute confiance. Même si après des impayés, j’ai très vite fait sortir Anthony Schmid de Hesperange. Je peux vous dire qu’il y a des clubs comme Mondorf, Pétange, Strassen, le Progrès… où l’on parle le même langage, où je n’ai aucune crainte pour mes garçons. Dans ces clubs, on sait que certains joueurs vivent du foot et ont une famille. On sait ce que ça veut dire.

On a le droit de vous demander ce que vous pensez de ce… comment pourrait-on dire, « marché« , plus que championnat ?

La BGL Ligue est sous-cotée alors qu’il y a quelques belles équipes, mais il y a une nécessité de restructuration de certains clubs. L’image actuelle, avec notamment ce qui s’est passé au Swift, ne fait plus rêver.

Ces problèmes de versement de salaires, si vous n’y remédiez pas vite, vont accoucher d’un championnat affaibli digne de ce qu’il était il y a 15 ou 20 ans. Ce serait dommage : le pays venait d’avancer de trois pas. Il est en train de reculer de cinq.

On était en effet en train d’assister à l’arrivée de gros CV sur la Division nationale.

Et ceux qui viennent, ceux qui ont le profil d’un Jonathan Schmit, le font par amour du foot. En général, ce sont des garçons qui ont mis de l’argent de côté, ont assuré leurs arrières et qui n’ont pas besoin de ça pour vivre. Ils veulent juste garder le contact avec le terrain. Il y a aussi le profil de gars à relancer.

Et là, ça marche bien, les joueurs sont sollicités. Mais pour que les clubs luxembourgeois puissent passer un cap, la prochaine étape, c’est de parvenir à garder ces garçons-là. Comme un Zachary Hadji à Strassen par exemple, alors qu’il a énormément de sollicitations.

Que faut-il au football luxembourgeois pour devenir plus attractif auprès de footballeurs à plus gros CV ?

De l’argent? On est au pays de la finance. L’argent, on ne devrait même pas en parler. Je pense que le football luxembourgeois a besoin de se stabiliser sur le plan financier. S’il le fait, dans deux ou trois ans, il peut devenir très attractif et bien plus professionnel.

La professionnalisation, elle doit venir dans les statuts de la fédération et dans le mode de fonctionnement des clubs. Mais je peux comprendre que depuis 20 ou 30 ans, des gens se soient énormément attachés à leurs clubs et qu’ils n’ont pas envie de laisser la place. C’est leur bébé. Seulement, il faut que le Luxembourg s’ouvre.

Construire sans moyens financiers, c’est impossible

Vous voulez dire : aux investisseurs, quitte à ce qu’ils soient étrangers ?

Oui, il doit s’ouvrir. Au monde. Il faut se rendre compte que beaucoup de gens s’intéressent au championnat luxembourgeois, à l’étranger. Et aussi que sans investisseurs, cela ne va plus être possible bien longtemps. Certains clubs sont familiaux et ils veulent rester ces clubs quelconques.

Dans ce contexte où le marché immobilier a pris une claque, il est pourtant difficile de boucler le budget et encore plus de le faire augmenter. La seule solution, c’est d’ouvrir la porte aux investisseurs. Seulement pour ça, il fait parvenir à oublier la mauvaise péripétie qui est arrivée, par exemple, à la Jeunesse avec les Grecs. Même si je comprends que des clubs aient peur de se retrouver dans la même situation. Mais tout à l’heure, je parlais de cette qualification en poules du F91. Avec des investisseurs, la DN serait capable de le refaire. Sauf que là, tout est fermé.

Il manque un côté aventurier aux clubs de DN ?

Ah mais ce sont des passionnés! Et ils ont envie de construire quelque chose. Mais le faire sans moyens, c’est impossible. Le résultat, tu le vois en Coupes d’Europe. Dès qu’en face il y a un peu d’argent, tu te fais taper. Mais je vous le dis : le club qui ouvrira la porte aura très vite des résultats et en un ou deux ans, tous les autres suivront. Il y en a un qui se mouillera, qui réussira et après, ils voudront tous faire pareil.

C’est le discours de quelqu’un qui a des opportunités à présenter presque autant que des joueurs?

Moi, je suis un intermédiaire. Mais en même temps, je suis aussi d’ici. Et je peux vous dire que si on me demandait mon avis pour installer une équipe technique dans le cadre d’un projet avec un gros investisseur, je sais tout de suite qui j’installerais aux commandes : Pascal Carzaniga avec David Zitelli, mais aussi Jonathan Joubert. Des gens vrais et surtout d’ici, qui respirent le foot. Le Luxembourg a besoin de gens comme ça.

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