La Villa Pétrusse, nouvel établissement 5 étoiles de la capitale, ouvrira ses portes le 16 juin. Plus d’un mois avant son ouverture, la maison s’est dévoilée pour la première fois à la presse.
C’est un bâtiment historique de la capitale luxembourgeoise. Nichée dans un parc aux arbres centenaires, sur le bord de l’avenue Marie-Thérèse, avec vues sur le pont Adolphe et la vallée de la Pétrusse, l’ancienne Villa Baldauff a tout pour plaire. Pourtant, elle, qui est l’une des dernières villas bourgeoises de la fin du XIXe siècle préservées au Luxembourg, est restée à l’abandon durant 20 ans, et nombreux étaient les piétons et automobilistes à passer sur l’avenue sans même remarquer sa présence.
Heureusement pour elle, ces longues années de perdition sont désormais révolues. Rachetée en 2017 par la compagnie financière La Luxembourgeoise pour dix millions d’euros, la Villa Baldauff s’est refait une beauté et devient la Villa Pétrusse : un hôtel 5 étoiles voué à devenir l’un des établissements les plus prestigieux de la capitale. La semaine dernière, la Villa a ouvert ses portes à la presse pour la première fois.
Un pan d’histoire de la capitale
Cette maison bâtie dans les années 1881/1882 par l’architecte Pierre Kemp, également à l’origine du Casino de Luxembourg (avec Pierre Funck) et de la Fondation Pescatore, est un excellent exemple du renouvellement de la ville. Réalisée dans un style néo-Renaissance, cette maison cossue a été construite pour l’industriel en textile Eugène Kerckhoff.
Elle a ensuite appartenu à Hubert Baldauff, d’où elle tirait son nom, puis à ses descendants. Le parc a aussi beaucoup d’importance puisqu’il a été réalisé par le célèbre paysagiste français Édouard André, à qui l’on doit notamment le parc des Buttes-Chaumont à Paris.
La Ville de Luxembourg avait accordé en 2009 à la banque privée Edmond de Rothschild, l’ancien propriétaire, un permis de construire pour sa rénovation. Elle voulait notamment en faire son siège principal. Celle-ci a été vendue à la compagnie financière La Luxembourgeoise, maison mère des sociétés d’assurances Lalux en 2017. La Villa Baldauff est à l’inventaire supplémentaire des monuments classés depuis le 11 novembre 1986 et a été classée monument national le 20 juillet 2018.
«Héritage de l’hospitalité et esprit convivial»
Alors que son parc et certaines chambres sont toujours en cours d’aménagement, certaines pièces sont d’ores et déjà finies. «Actuellement, la Villa Pétrusse est comme une belle dame en robe de chambre, sourit Stéphanie Raimbault, directrice de l’établissement, il lui manque encore un peu de maquillage, mais elle est en cours de préparation.»
Une simple question de peaufinage donc, puisque le gros du morceau a eu lieu ces cinq dernières années. «Nous avons procédé à des travaux intensifs pour restaurer la bâtisse dans le respect des photos d’époque», explique Arthur Carvas, directeur des activités immobilières et hôtelières de la compagnie foncière La Luxembourgeoise. La première étape ayant été le traitement contre les mérules, dont était infestée la maison.
D’extérieur, la Villa Pétrusse ressemble trait pour trait à ce qu’elle a toujours été : une demeure bourgeoise aux airs de petit château. À l’intérieur, l’architecte d’intérieur Tristan Auer a transformé les lieux, tout en préservant ce qu’elle était à l’origine. Différents styles se côtoient, allant du Henri IV au baroque, en passant par le gothique.
Les plafonds, faïence et vitraux anciens ont été préservés et les peintures restaurées, tandis que les meubles sont contemporains. «Nous avons conservé l’héritage de l’hospitalité et l’esprit convivial que les propriétaires lui avaient donné à l’époque, souligne Arthur Carvas. Le but étant de mettre en valeur le patrimoine luxembourgeois.»
Un restaurant luxembourgeois gastronomique
Derrière les portes, à l’entrée, trois salons composent la bâtisse, l’un pour boire l’apéro, l’autre pour se restaurer et un dernier plus privatif. Vingt-deux chambres, réparties dans deux bâtiments différents, complètent le tableau. Deux suites au premier étage de la Villa, les plus représentatives du travail de Tristan Auer, prennent place dans les anciens quartiers des propriétaires.
«L’étage et même la Villa sont privatisables pour permettre aux clients d’agir comme s’ils étaient chez eux», note Arthur Carvas. Au deuxième étage, les anciennes chambres de bonne accueillent également les clients.
Dans «le Pavillon», l’ancienne écurie de Madame Baldauff, les chambres sont décorées dans un esprit plus contemporain. Et à son dernier étage, un penthouse nommé «suite Gëlle Fra» termine le spectacle. Un tunnel oublié des casemates a été mis au jour lors des travaux d’enfouissement de la partie technique. Il relie aujourd’hui la Villa au Pavillon via un passage discret sous les jardins et mène à une cave à vin.
Le tout sera complété par un restaurant gastronomique, Le Lys, tenu par le chef grand-ducal Kim de Dood, dont la cuisine se trouve au sous-sol de la Villa. «C’est rare de trouver de la cuisine luxembourgeoise à un niveau gastronomique, c’est donc ce que je vais proposer», explique le jeune chef. Plats et produits locaux seront donc magnifiés et réhaussés de touches asiatiques : «Cela s’infuse dans ma cuisine au vu de mes expériences en Asie.» Le menu sera déclinable en quatre, six ou huit services, et une offre bistronomique, plus «réconfortante», sera également proposée.
«Une position de niche»
Et si la concurrence entre les hôtels semble de mise dans le petit monde luxembourgeois, l’équipe de la Villa Pétrusse ne le voit pas de cet œil : «Mine de rien, il y a de la place ici pour ouvrir un hôtel, d’autant plus que nous prenons une position de niche en proposant un niveau d’excellence dans la convivialité, c’est une offre assez unique au Luxembourg», s’enorgueillit Stéphanie Raimbault.
Elle s’attend alors à une clientèle internationale. «On aimerait participer à la transformation du Luxembourg en destination touristique», appuie la directrice. Selon elle, l’établissement «confidentiel» niché entre nature et ville est «adapté à tout le monde» : «Nous voulons attirer une clientèle loisir, pas seulement une clientèle d’affaires.»