Cannes se met sur son 31 lundi dans l’attente des plus grandes stars du cinéma, de Tom Cruise à Robert de Niro, à la veille du 78e festival international du film qui s’ouvre dans un monde sous tension.
Le plus grand événement annuel du 7e art se tiendra jusqu’au 24 mai, date de la remise de la Palme d’or, qui avait été décernée l’an passé à Anora de l’Américain Sean Baker.
À 81 ans, Robert de Niro, récompensé de deux Oscars mais qui n’a jamais été personnellement primé à Cannes en plus de 60 ans de carrière, doit se voir décerner mardi une Palme d’or d’honneur.
« Cannes, c’est un cinéma souvent politique, souvent social, sociétal, un cinéma citoyen », a estimé l’acteur et humoriste français Laurent Lafitte, qui animera la cérémonie d’ouverture pour la deuxième fois.
« On peut parler un peu du monde sans être trop sentencieux ni donneur de leçons, c’est le bon endroit en tout cas », a-t-il ajouté lors d’un point de presse, promettant « d’injecter un peu d’humour » dans la soirée.
De l’humour mais aussi beaucoup de glamour, sur une Croisette qui s’apprête, comme chaque année, à voir défiler les plus grandes stars.
Parmi les premiers arrivés figurent les membres du jury, dont sa présidente Juliette Binoche, actrice française à l’aura internationale et personnalité engagée. À ses côtés, sont attendues l’actrice américaine Halle Berry ou la romancière franco-marocaine Leïla Slimani.
4 000 journalistes
Les quelque 40 000 festivaliers accrédités, venus de 160 pays, ont commencé à rallier la Côte d’Azur et les hôtels et palaces de la Croisette.
Les équipes du Palais des festivals ont déroulé dimanche les affiches officielles de cette édition, célébrant le couple de cinéma formé par les acteurs français Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée, dans Un homme et une femme, Palme d’or 1966.
Des musiciens ont joué le thème de Mission : Impossible, annonçant un des temps forts de cette quinzaine, la présentation mercredi du dernier volet de la saga portée par Tom Cruise.
Le délégué général Thierry Frémaux, chef d’orchestre d’un événement suivi par quelque 4 000 journalistes, donne une première conférence de presse dans l’après-midi.
Les dirigeants du festival ont dédié la journée d’ouverture mardi à l’Ukraine en guerre, avec la projection de trois documentaires.
« Cette programmation vient rappeler l’engagement du festival de Cannes et sa capacité à raconter grâce aux œuvres de cinéma les enjeux du monde, qui sont ceux de notre avenir », ont-ils souligné, dans un contexte de multiplication des conflits et de montée de régimes autoritaires.
22 films en lice
Le président américain Donald Trump, qui a plongé l’industrie du cinéma dans l’expectative en menaçant d’instaurer des droits de douane de 100 % sur les films étrangers, ou la guerre à Gaza seront également dans les esprits.
Thierry Frémaux pourrait aussi être interrogé sur la lutte contre les discriminations liées au genre et les violences sexistes et sexuelles. Des parlementaires français ont appelé le festival à faire évoluer les mentalités.
Hasard du calendrier, la cérémonie d’ouverture se tiendra quelques heures après le délibéré très attendu au procès à Paris de Gérard Depardieu, ancien monstre sacré du cinéma français, pour des agressions sexuelles lors d’un tournage.
Vingt-deux films sont en lice pour la Palme d’or, dont Jeunes mères des frères Dardenne, rois belges du cinéma social déjà doublement palmés, et Alpha de la Française Julia Ducournau, une des sept réalisatrices en compétition, qui espère un deuxième titre après celui obtenu pour Titane.
Du côté des nouveaux venus, le Chinois Bi Gan, l’Américain Ari Aster et la Française Hafsia Herzi, tous trois trentenaires, feront leurs premiers pas en compétition.
Mort en août dernier, Alain Delon, récompensé par une Palme d’honneur en 2019, fait à travers la ville l’objet d’une exposition de photos inédites célébrant l’acteur et les femmes qui l’ont accompagné dans sa carrière.