À l’instar des pays voisins, le Grand-Duché est victime depuis deux mois d’une série de vols de GPS agricoles qui pénalise financièrement et techniquement des agriculteurs impuissants.
En moins d’une semaine, entre le 24 et 29 avril, cinq vols de GPS agricoles ont eu lieu en Moselle, au Pays des Trois Frontières, selon nos confrères du Républicain lorrain. Tous commis durant la nuit, ces actes malveillants mettent naturellement en alerte les agriculteurs mosellans, qui ne découvrent pas pour autant ce phénomène. En France, depuis quelques années, les engins agricoles sont pris pour cible pour leur système de navigation, des antennes à la console. En 2022, 402 procédures pour des vols ou tentatives de vol de GPS étaient déjà recensées par la gendarmerie dans tout l’Hexagone.
De l’autre côté de la frontière, le terme de réseau est même employé en raison de la répartition des tâches révélée par les enquêteurs (repérage, vol, transport, revente) et de l’étendue de la zone de délits. Des actes similaires sont commis ailleurs en Europe, comme aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne et, depuis peu, les agriculteurs luxembourgeois n’y échappent pas. «Ils ont commencé en Allemagne, en France et en Belgique. Et ici, je dirais que les premiers ont été volés il y a deux mois», observe Christian Hahn, le président de la Chambre d’agriculture.
«Autour de 15 000 à 20 000 euros»
Au Grand-Duché, la tendance serait dangereusement à la hausse : «Nous avons presque tout le temps de nouvelles annonces, et cela, dans le Nord, dans l’Ouest, côté belge, côté français, partout». Interrogée par nos soins, la police grand-ducale, qui a diffusé un message de prévention en mars dernier, confirme qu’une «douzaine de faits en lien avec des vols d’équipement de tracteur ont été déclarés depuis le début de l’année», soit près d’un vol par semaine entre janvier et mai.
«C’est depuis le début de l’année que nous avons constaté le phénomène actuel. Toutefois, ceci n’exclut évidemment pas que des faits isolés aient pu avoir lieu de manière ponctuelle les années précédentes», nous précise-t-on.
Parmi les localités concernées se trouvent notamment Pratz, Colpach, Weiswampach, Goedange, Beiler, Reuler, Fischbach et Mertzig. Les méfaits seraient donc plutôt commis au nord et à l’est du pays, loin des vols dans le Pays des Trois Frontières. Mais tous ont également été commis la nuit et, «dans certains cas, des outils ont aussi été volés». La police parle notamment de tronçonneuses subtilisées.
Le matériel GPS, en raison de sa valeur, reste néanmoins la cible principale des malfaiteurs. Son coût «arrive vite autour de 15 000 à 20 000 euros par tracteur», selon le président de la Chambre d’agriculture. Et il faut dire que l’équipement – le récepteur est placé sur le toit, la console dans la cabine – est très facile d’accès. Le méfait peut donc être commis en moins de cinq minutes, selon les agriculteurs, qui démontent quotidiennement leur GPS pour éviter un vol.
La police sur le dossier
D’après les enquêtes et quelques arrestations à l’étranger, le butin est revendu à moitié prix dans des pays de l’Europe de l’Est (Moldavie, Roumanie ou Lituanie) ainsi qu’aux États-Unis, où les prix des équipements agricoles sont plus élevés.
Outre le préjudice moral que cause un vol, «c’est un grand problème, puisque sans le GPS, on ne peut plus utiliser le tracteur». Selon les marques, les engins dépourvus de leur système de géopositionnement peuvent simplement faire marche arrière ou marche avant. Ils ne peuvent plus être utilisés pour effectuer des semis ou des pulvérisations ou pour la récolte. De quoi menacer les cultures le temps d’installer un nouveau système, ce qui va dépendre aussi de la prise en charge éventuelle par l’assureur.
Depuis janvier, des plaintes ont été déposées et les «démarches nécessaires ont été entamées», assure la police grand-ducale, sans pouvoir en dire davantage en raison «d’éventuelles enquêtes en cours».
À ce jour, aucun réseau n’a été découvert au Grand-Duché. Les forces de l’ordre appellent les agriculteurs à la vigilance et leur enjoignent de signaler toute personne suspecte ou tout agissement inhabituel au 113. Du côté des agriculteurs, certains «vont investir dans des caméras, mais cela ne fait pas tout. Une fois que le voleur est parti, c’est fini», lâche, impuissant, Christian Hahn.