Alors que le FC Mondercange va redescendre en PH et qu’il s’apprête à faire monter le FC Mamer en BGL Ligue, Dean Léen revient sur une carrière qui s’est principalement écrite entre les deux clubs.
Quel est le meilleur joueur avec qui vous avez joué ?
Dean Léen : Marcel Christophe (ex-Oberkorn, Mondercange et Differdange, retraité en 2008), à Mondercange. Un pur buteur. Il ne lui en fallait pas beaucoup! À Mamer, il y avait aussi Luis Lima. Il n’a pas forcément fait une grande carrière mais chez nous, il était exceptionnel.
Et le joueur le plus fort que vous ayez affronté ?
À la grande époque de Dudelange, (Joris) Di Gregorio et (Tomasz) Gruszczynski. Ils n’évoluaient pas dans mon espace de jeu, mais ce n’était pas facile de jouer contre eux. Ni contre Evariste Kabongo ou Sébastien Rémy, d’ailleurs.
Vous n’aimiez pas jouer contre Dudelange, donc ?
Au contraire, j’aimais bien jouer ces équipes! En revanche, je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai jamais aimé jouer à Rumelange. Souvent, s’il ne faisait pas beau, leur terrain n’est pas terrible. Encore aujourd’hui, je n’aime pas trop les déplacements là-bas! Pourtant, ils ont un beau terrain, ils font de belles grillades, je connais très bien le coach (Christian Lutz) et ses adjoints, bref je n’ai rien contre eux, mais je n’ai jamais aimé les affronter. Ça ne s’explique pas.
Quelle est la meilleure équipe dans laquelle vous ayez joué ?
Celle de ma première année à Mondercange (2002-2003), même si je n’avais pas joué énormément. Les joueurs qu’on avait! Avec Sébastien Scherer dans les buts, Dinis De Sousa!… On avait terminé cinquièmes de DN et joué les play-offs.
Est-ce le meilleur souvenir de votre carrière ?
J’espère que dimanche (où Mamer n’a besoin que d’un nul contre Beggen pour acter sa montée en BGL Ligue), ce sera le plus beau! Mais sinon, il s’agit de la première montée de PH avec Mondercange, en 2006. On revenait de loin ! On était menés 2-0 à la 90e, par Beggen justement, et Jérémy Laroche met deux buts sur corner aux 91e et 93e minutes ! Nos supporters étaient déjà partis! Pour moi aussi, c’était un exploit : j’avais joué toute la saison avec une pubalgie, et j’ai dû faire une infiltration pour être sur la feuille de match.
J’ai joué les 15 dernières minutes, mais j’avais prévenu mon coach Vinicio Monacelli : « je ne sais pas combien de temps ça va durer! » On a poussé, égalisé, et finalement, Laurent Nigra marque le troisième but de la tête à la 115e minute. Je le revois encore, ce but! Il prend la balle juste devant moi, et le ballon lobe (Philippe) Chrismousse, qui était sorti ! À la fin des prolongations, je ne pouvais plus courir, alors j’ai fini arrière droit… Je me suis fait opérer peu de temps après. Mais ce scénario dramatique, qui plus est contre un des plus grands clubs du Luxembourg, ça reste gravé.
Quel est l’entraîneur qui vous a le plus marqué?
Monacelli est celui qui m’a mis en six quand il est arrivé à Mondercange (en 2004), et c’est lui qui m’a fait passer de jeune joueur à titulaire. Mais sinon, même s’il n’aime pas que je le dise, c’est un adjoint qui m’a surtout marqué : Claude Campos. C’était l’adjoint à Mondercange d’Olivier Ciancanelli, et j’ai énormément appris comme joueur avec lui. Sans dénigrer les autres, les préparations physiques, les entraînements avec lui, c’était top !
Quel était le joueur le plus méchant que vous ayez affronté ?
J’en ai pris, des coups… Disons que je n’aimais pas jouer contre Marc Oberweis (NDLR : ancien gardien international, 8 sélections entre 2005 et 2009). On se connait très bien, on est allé à école ensemble mais lui, quand il sortait, il arrachait tout le monde ! Il s’en foutait de son joueur à lui, et de l’adversaire ! Avec lui, je n’allais pas à la tête !
J’ai bien fait de ne pas signer à La Louvière, mais Dudelange, j’aurais dû y aller…
Et le plus fou ?
Gilbert Tinant (attaquant belge passé par Rodange et Mondercange)! Il était fou, mais il avait tellement de talent… Je me rappelle qu’il jouait le vendredi au futsal en Belgique, qu’il faisait la fête tout le week-end, mais le dimanche, c’était quand même le meilleur sur le terrain! Une hygiène de vie catastrophique, mais un joueur incroyable.
Gilbert Tinant? Une hygiène de vie catastrophique, mais un joueur incroyable
Votre plus grand regret ?
J’avais la possibilité d’aller à Dudelange, quand j’avais 21 ans. Ils avaient besoin de Luxembourgeois pour jouer la Coupe d’Europe. Ils m’ont appelé, ils sont venus chez moi à la maison, mais je suis resté à Mondercange, où je me sentais bien. Et puis, j’étais un peu fainéant, je ne voulais pas me faire mal… À la même époque, j’aurais aussi pu jouer à la Louvière, mais je n’y suis pas allé non plus. Ils m’avaient proposé un contrat stagiaire et de jouer avec la première équipe, mais je ne m’y suis même pas rendu! Avec le recul, j’ai bien fait, car ils ont fait faillite et sont descendus en 4e division. Mon objectif n’était pas de faire carrière. J’ai toujours joué pour le plaisir. Mon père (Alain, ancien président de Mamer), ça le rendait dingue! Lui était déterminé, mais n’a pas eu les mêmes possibilités que moi. Il me disait que j’étais comme mon grand-père, qui a joué au Lorrain Arlon et a fait une belle carrière à Differdange, mais qui ne travaillait pas. Je n’avais pas d’ambition. Mais Dudelange, j’aurais dû y aller…
Joueur «très technique», mais «fainéant» comme il se qualifie lui-même, Dean Léen a été formé comme attaquant au FC Mamer, un club dont il a porté le maillot de l’équipe première dès ses 16 ans, lors de la saison 1999/2000, en D1, et le brassard de capitaine à 17 ans. Reconverti meneur de jeu puis milieu défensif, cet ancien international U16 et U21 luxembourgeois a évolué six ans à Mondercange (2002-2008), entre DN et PH, avant de rentrer une saison à Mamer, toujours en D1, pour mieux concilier le football avec son métier d’éducateur. Passé également par Strassen et Beggen avant de revenir une seconde fois à Mamer, il a raccroché les crampons quand le FCM est remonté en PH en 2014. Même s’il lui arrive encore de «donner un coup de main à la troisième équipe».
Revenu au sein du comité du FC Mamer en 2020, Dean Léen (41 ans) a successivement occupé les fonctions de directeur sportif et président du club, avant – en octobre 2023 – de succéder à Manuel Cuccu sur le banc mamerois. «C’est venu comme ça, assure-t-il. J’avais passé mes diplômes à 20 ans sur les conseils de Claude Campos, mais je n’avais encore jamais pensé à entraîner. Mais à ce moment-là, l’équipe avait besoin d’un meneur d’hommes et puis, je connaissais tous les joueurs puisque c’est moi qui les avais fait venir.» Cette reconversion, le club s’en félicite : crédité de 9 points en 9 matches quand il a repris l’équipe, le FCM a acquis un maintien assez confortable, et s’apprête désormais à monter dans l’élite alors qu’il visait les places d’honneur en début de saison.