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SnT Partnership Day : l’intelligence artificielle pour se protéger des deepfakes


Le SnT veut contrer la menace des deepfakes et travaille sur une solution avec Post Luxembourg. (Photos : Julien Garroy)

L’événement qui valorise les travaux de recherche et développement les plus pointus menés au Luxembourg a rassemblé 700 personnes ce mercredi au Kirchberg.

Près de 700 chercheurs et partenaires fourmillaient hier au Centre de conférence du Kirchberg pour une nouvelle édition du SnT Partnership Day, ce rendez-vous annuel dédié aux technologies de pointe qui ont un impact sur l’économie et la société.

C’est toute l’ambition du SnT : multiplier les partenariats avec les industriels pour connecter la science aux réalités quotidiennes, que ce soit dans le spatial, la cybersécurité, la robotique ou la FinTech.

Cette année, l’accent était mis sur l’intelligence artificielle (IA) : les équipes de scientifiques et doctorants ont donc déroulé, au fil d’une trentaine de stands, des applications made in Lëtzebuerg à travers démonstrations et expériences concrètes.

«On travaille avec des entreprises pour faire des recherches qui correspondent aux besoins du terrain», explique Carlo Duprel, responsable du bureau de transfert de technologie au SnT.

«Nos chercheurs proposent une solution et il faut ensuite l’adapter pour que ça fonctionne dans la vie réelle.»

Du gagnant-gagnant

Un système gagnant-gagnant, qui permet aux scientifiques d’accéder à des données pertinentes en mettant à l’épreuve leurs résultats, et aux entreprises d’optimiser leur activité en partageant les coûts d’investissement.

Au total, plus de 65 acteurs privés comme publics profitent déjà de ce modèle.

Les entreprises profitent d’un cofinancement pour leur projets. (Photo : Julien Garroy)

Ainsi, une équipe du SnT collabore avec Post Luxembourg dans la création d’une solution pour détecter les deepfakes, ces séquences audio ou vidéo qui usurpent l’identité des personnes.

Ce qui représente des risques importants, comme des arnaques financières, mais pas seulement, souligne Carlo Duprel : «On peut facilement déstabiliser un gouvernement, une élection, en faisant dire ce qu’on veut à un responsable politique.»

Une seule photo suffit

La chercheuse Marcella Astrid alerte : «Aujourd’hui, avec une seule photo et un enregistrement vocal de quelques secondes, il est possible de générer un deepfake

Elle le prouve, en faisant apparaître Carlo Duprel à l’écran sous les traits de l’actrice Emma Watson à l’aide d’un simple ordinateur de gaming.

Carlo Duprel en Emma Watson : un jeu d’enfant! (Photo : Julien Garroy)

«Nous travaillons sur une technologie capable de détecter très rapidement ces fausses images.» De quoi permettre à l’avenir à une société ciblée par une tentative d’arnaque au président de ne pas tomber dans le panneau.

Le futur fléau des cours de récré

Et sa collègue Nesryne Mejri soulève aussi une autre problématique : «Les jeunes commencent à s’emparer de cette technologie accessible et gratuite pour se livrer à du cyberharcèlement. Un nouveau fléau dans nos écoles», prévient cette doctorante depuis quatre ans au SnT.

«On entraîne une IA à reconnaître des images bien réelles et on définit ce modèle comme la normalité. Face à un deepfake, notre technologie sera capable de dire si c’est authentique ou pas.»

Nesryne Mejri se base sur les images authentiques pour entraîner l’IA face aux deepfakes. (Photos : Julien Garroy)

Un robot intelligent pour panneaux solaires

À l’autre bout du hall, une autre équipe présente sa solution autonome pour nettoyer et inspecter des panneaux solaires. En partenariat avec SolarCleano, ces chercheurs travaillent sur une IA capable d’identifier impacts et fissures grâce à des caméras sur les engins de nettoyage.

«Le robot assure simultanément l’entretien des installations photovoltaïques et le repérage d’éventuels problèmes. Ce qui réduit les coûts d’exploitation et augmente l’efficacité et la durée de vie des équipements», précise Raphaël Frank.

Raphaël Frank montre le robot intelligent pour panneaux solaires.

L’IA éducative testée à Clervaux

Dans le secteur de l’éducation aussi, l’IA apporte un soutien précieux. Avec le projet Wingos, le SnT propose un tutorat intelligent et personnalisé pour chaque élève.

La plateforme est actuellement testée à l’école et lycée Edward Steichen de Clervaux : «L’enseignant charge son cours en ligne et peut ensuite générer des quizz sur la leçon. Lorsque les élèves ont répondu, il dispose de statistiques pour voir où persistent des difficultés», décrit Eya Khamassi.

«Du côté de l’apprenant, la plateforme va proposer des exercices spécifiques, en fonction des points qu’il a besoin de retravailler.»

La plateforme Wingos est en test dans un lycée de Clervaux.

Le Premier ministre, Luc Frieden, a visité l’événement et rencontré les chercheurs en début d’après-midi, tandis que le SnT signait deux nouveaux partenariats : l’un avec NTT Data Luxembourg sur l’IA médicale, l’autre avec Odysseus Space sur la communication par satellite.