En marge de sa visite de travail en Finlande, le Premier ministre luxembourgeois a annoncé qu’il compte «très probablement» se positionner, lors de la déclaration sur l’état de la Nation, sur la hausse de l’effort de défense.
«Nous sommes confrontés à une menace qui s’appelle Russie. Il ne s’agit pas seulement d’une menace que l’on ressent dans un pays comme la Finlande, qui partage une frontière de 1 400 km avec la Russie. Nous sommes tous assis dans le même bateau», souligne d’emblée le Premier ministre, Luc Frieden, après avoir partagé un petit-déjeuner de travail avec son homologue finlandais mardi à Helsinki. «Il est clair que la Russie représente une menace permanente pour l’ensemble de l’Europe. Il est donc essentiel que l’UE renforce ses capacités et devienne plus indépendante en matière de défense», renchérit Petteri Orpo.
Sans surprise, la visite de travail de deux jours a été marquée par la situation sécuritaire en Europe. La Finlande, qui a intégré l’OTAN en mars 2023, consacre aujourd’hui près de 2,5 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense. Malgré une «situation financière difficile», le pays scandinave compte se donner la «flexibilité» nécessaire pour continuer à augmenter ses investissements dans ce domaine.
Le Luxembourg pointe toujours parmi les mauvais élèves, avec un effort de défense qui se limite, en cette année 2025, à 780 millions d’euros, soit 1,3 % du revenu national brut (RNB). Lors de sa première déclaration sur l’état de la Nation, en juin dernier, le Premier ministre avait annoncé que le Grand-Duché comptait atteindre plus tôt que prévu un investissement minimal de 2 % du RNB. Ni le cap avancé à 2030 ni l’enveloppe de 1,5 milliard d’euros ne devraient être suffisants pour remplir les nouveaux critères que l’Alliance atlantique devrait se donner lors de son prochain sommet, organisé fin juin aux Pays-Bas.
«La Finlande est un exemple»
«En tant que membre de l’UE et de l’OTAN, le Luxembourg doit aussi contribuer à l’effort nécessaire pour devenir plus résilient et être mieux préparé des points de vue militaire et civil. Cela aura un coût», ne cache pas Luc Frieden. Lors d’une conférence de presse avec Petteri Orpo, le Premier ministre a renvoyé vers «les discussions intenses menées au sein du gouvernement et avec les partis politiques pour décider quand et comment augmenter l’effort de défense».
Une décision devrait être prise sous peu, peut-être déjà ce mercredi lors de la réunion du Conseil de gouvernement. «Très probablement, je vais faire des annonces la semaine prochaine sur l’évolution de nos investissements dans la défense», a révélé le Premier ministre. La déclaration sur l’état de la Nation est fixée à mardi prochain. C’est donc à ce moment que Luc Frieden compte dévoiler la trajectoire rectifiée pour atteindre, au moins, le cap des 2 %. À l’échelle de l’OTAN, un effort de défense minimal de 3,5 %, voire 5 %, est déjà évoqué.
«En tant que partenaire crédible et fiable, nous allons payer notre part. On peut apprendre beaucoup des stratégies d’autres pays. La Finlande est un des pays qui peuvent servir d’exemples», poursuit le Premier ministre. Il s’est dit «impressionné» par la manière dont agit le pays nordique, qui mise pleinement sur une stratégie de défense robuste et complète. «Il ne s’agit pas uniquement d’une question de défense, cela implique l’ensemble de la société ainsi que les acteurs publics et privés. Nous rapportons au Luxembourg d’importants enseignements», affirme Luc Frieden.
Une visite du Centre d’excellence européen pour la lutte contre les menaces hybrides, basé à Helsinki, a également permis à la délégation luxembourgeoise de se plonger dans ce domaine.