Tout est bien qui finit bien ? L’Allemagne dispose depuis mardi après-midi d’un nouveau chancelier, au bout d’un flottement politique qui aura duré six mois. Les bonnes nouvelles s’arrêtent là. Car Friedrich Merz entame son mandat en étant fortement fragilisé.
Contre toute attente, il a subi un échec retentissant en se faisant barrer, au premier tour du scrutin au Bundestag, le chemin pour succéder au malheureux Olaf Scholz. Celui qui se voit en nouvel homme fort de l’Allemagne a été lâché par plusieurs membres de sa propre majorité, formée entre l’union conservatrice (CDU/CSU) et les sociaux-démocrates (SPD). Il a fallu passer par un deuxième tour, sans précédent dans l’histoire politique allemande d’après-guerre, pour que Friedrich Merz obtienne la majorité absolue requise.
Ce camouflet vient s’ajouter au fait que la CDU/CSU a remporté les élections anticipées en février avec un résultat plutôt mitigé. Les conservateurs n’ont pas eu d’autre choix que de s’allier au SPD du chancelier sortant, sévèrement sanctionné dans les urnes. Le gouvernement Merz ne dispose que d’une fine majorité de 12 sièges au Parlement fédéral.
Bien avant le scrutin, Friedrich Merz avait pris la décision délibérée de faire adopter, avec les voix des extrémistes de droite AfD, une motion purement symbolique visant à durcir la politique migratoire. Pendant la campagne électorale, le chef de file des conservateurs avait promis de ne pas toucher au «frein à la dette», une clause inscrite dans la Constitution allemande pour éviter des dérapages financiers.
Il a fait marche arrière après les élections pour ouvrir la voie, avec le concours du SPD et des Verts, à des investissements record dans la défense et les infrastructures. Même si ce paquet est indispensable, Friedrich Merz, déjà peu populaire, a perdu du crédit auprès des citoyens et à l’intérieur de son parti.
Les raisons qui font que le nouveau chancelier chancèle déjà sont donc nombreuses. Seule une politique forte et cohérente pourra faire oublier ce faux départ. Sa coalition a bien le «devoir historique» de réussir, dans l’intérêt de l’Allemagne, mais aussi de l’Europe dans son ensemble.