Favori, avec le FK Sarajevo, de la finale de la Coupe de Bosnie, dont la manche aller se joue ce mercredi soir, Mirza Mustafic est à deux matches d’enfin remporter son premier trophée majeur.
Il est l’heure pour Mirza Mustafic de régler une anomalie : objet de convoitises multiples à l’adolescence, le milieu n’a, une décennie après avoir signé pro au Borussia Mönchengladbach, encore remporté aucun trophée majeur. Mais à bientôt 27 ans (il les fêtera le 20 juin), le voilà en position d’inscrire une ligne significative à un palmarès qui ne comporte pour l’heure que deux Coupes de Sarre (remportées en 2020 et 2021 avec Elversberg, alors en D4 allemande mais aujourd’hui en 2e Bundesliga). Actuel 3e de son championnat, son club du FK Sarajevo dispute aujourd’hui la finale aller de la Coupe de Bosnie face à Brijeg, une formation qu’il devance de six places et 26 points au classement.
Quand bien même Brijeg, qui n’a remporté que deux de ses dix derniers matches toutes compétitions confondues, «joue vraiment mieux» depuis son changement de coach en décembre dernier, un tel écart confère à Sarajevo un statut de grand favori de cette double confrontation que Mustafic assume ouvertement : «On doit les battre, idéalement par deux ou trois buts d’écart, pour être dans une position confortable avant le match retour là-bas».
Un impératif également dicté par la «grande rivalité», pour ne pas dire animosité, qui règne entre les deux clubs depuis qu’un supporter du FK a été tué par des fans de Brijeg en marge d’un match les opposant, ce qui vaut à cette finale le statut de «rencontre à risque». Mais aussi par la disette que connaissent les «Divovi» (les géants, leur surnom) ces dernières années : finaliste malheureux en 2022, quelques mois avant l’arrivée estivale de Mustafic, le FK Sarajevo, troisième club le plus titré du pays, n’a plus rien gagné depuis sa victoire en Coupe en 2021. C’est dire l’attente que génère cette finale dans la capitale.
Libéré de sa protection, il est «revenu à 100 %»
«Si on gagnait, ce serait énorme pour le club, la ville et les supporters mais la pression, tu l’as à chaque match ici, rappelle l’ancien Folaman. Les supporters attendent que tu gagnes le championnat et la Coupe chaque année. La pression est toujours là, mais moi, ça me motive.» Cela le motive d’autant plus que ses parents, tous deux Bosniens, prendront place dans les travées du stade olympique Asim-Ferhatović, où «15 000 à 20 000» spectateurs sont attendus ce soir. «Pour eux aussi, ce serait vraiment quelque chose de spécial de me voir gagner un trophée dans leur pays, projette le joueur passé par les équipes de jeunes du RFCU et du FC Metz. J’ai hâte de jouer ce match.» Avec quel statut, titulaire ou «finisseur»? Hier encore, le joueur l’ignorait.
La pression, tu l’as à chaque match ici. Les fans attendent que tu gagnes le championnat et la Coupe chaque année
C’est qu’après une saison 2023/2024 aboutie (32 matches, dont 25 comme titulaire, pour 4 buts et une passe décisive) et conclue par sa toute première convocation en équipe nationale du Luxembourg, Mustafic connaît jusqu’ici un exercice 2024/2025 moins faste : il n’a débuté que 11 des 28 rencontres auxquelles il a participé, et été décisif que trois fois (un but, deux passes décisives). La faute, justement, à cette blessure à l’épaule contractée quelques instants après sa première entrée en jeu avec les Rout Léiwen, le 5 juin face à la France (3-0), à Metz, et qui lui a fait rater le bon wagon.
«On a eu un nouveau coach durant l’été, rembobine l’intéressé. Je suis rentré un peu tard dans l’équipe (mi-août), et il avait déjà son onze. L’équipe, qui avait fait de bons résultats, s’était construite sans moi. Ça a été difficile pour moi, mais ça fait partie du jeu. Mais ces derniers temps, je joue plus : je sors de deux matches de 90 minutes, ça m’a fait du bien.» Débarrassé, depuis un mois, de la protection avec laquelle il devait jouer depuis plusieurs mois, mais aussi de toute forme d’appréhension dans les duels depuis qu’il a recouvré «une belle stabilité dans l’épaule», le n° 10 des Bordo-bijeli (les Bordeaux et Blanc) estime ainsi être «revenu à 100 %». Pile au bon moment.