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Poutine à la parade

Le vendredi 9 mai aura lieu un grand évènement sur la place Rouge à Moscou. Une commémoration, celle de la victoire sur l’armée nazie en 1945, mais aussi un spectacle. Un spectacle mis en scène par Poutine et son équipe pour montrer au monde sa puissance aux côtés de ses plus proches alliés. Chez ces derniers, pas la peine de chercher les chantres de la démocratie et de la liberté. Ce sera plutôt l’inverse. Comme aux plus grandes heures de l’Union soviétique, ces invités de marque installés autour du maître du Kremlin pourront découvrir des soldats impeccables, des blindés rutilants, des avions de guerre dernier cri et des missiles gigantesques. Tous ces armements, alors que la guerre lancée en Ukraine s’enlise depuis trois ans maintenant. Il y a fort à parier que le peuple russe ne goûtera pas l’ironie.

De l’autre côté du nouveau mur de fer, les pays occidentaux vont aussi regarder d’un œil attentif ce défilé qui, généralement, ressemble à un message envoyé aux pays vivant paisiblement, pour l’instant encore, à l’ouest de la Russie. Types de véhicules, taille du défilé, nouvelles armes dévoilées… tout sera scruté comme à la bonne vieille époque de la guerre froide. Le discours de Vladimir Poutine sera également disséqué. Mais ses messages envoyés au monde seront pris avec des pincettes : comment croire les paroles de celui qui jurait ne pas vouloir envahir l’Ukraine quelques jours à peine avant le lancement de cette «opération spéciale». Une offensive dont l’élan s’est rapidement cassé début 2022 sur les défenses installées autour de Kiev et dans l’est du pays. La semaine dernière, le président russe proposait une trêve de quelques jours autour de cette date historique. Autour de Zelensky, personne n’a été dupe. Encore une fois. La fameuse trêve de la Pâque orthodoxe proposée par le Kremlin n’avait pas réussi à faire taire les armes. Poutine semble se poser en artisan de la paix ces derniers temps. La pression américaine? Ou encore un coup tordu visant à lui permettre de gagner du temps et échafauder un nouveau plan? En attendant, l’Europe ne baisse pas la garde et s’arme pour se protéger. Plus discrètement et, espérons-le, efficacement.