À 57 ans, Stéphane Collignon cultive une passion atypique : incarner un policier américain en Lorraine, à bord d’un véhicule mythique des séries hollywoodiennes.
On aurait dit qu’il sortait tout droit d’un épisode de « NCIS ». Avec sa silhouette massive, son blouson estampillé « Swat » et les reflets bleus des gyrophares sur le capot de sa voiture, Stéphane Collignon ne passe jamais inaperçu. Sur les routes de Mont-Saint-Martin, au volant de sa Ford Crown Victoria Interceptor, il attire tous les regards.
Et pour cause : ce modèle, emblème des forces de l’ordre américaines, ne court pas les rues en Meurthe-et-Moselle. Encore moins piloté par un contremaître d’usine.
Acheté en Belgique
«Je l’ai acheté à un flic belge à la retraite. Il n’était pas vendeur, mais je l’ai tellement harcelé, gentiment, qu’il a fini par céder», raconte le «faux policier». L’homme assume son goût pour les objets rares et bien conservés. Ce n’est d’ailleurs pas son premier coup de cœur mécanique. Sa collection frôle l’obsession : une Mustang de 1967, une BMW E10 1 502 de 1976, une R12 TS de 1972, une 325ix de 1989… Chaque modèle, chiné avec patience, a une histoire et un prix. « Le Crown Victoria, c’est 25 000 euros. La Mustang ? Environ 35 000. Ce sont mes trésors », partage-t-il.
Au travail, ses collègues belges le soutiennent, amusés par sa double vie de flic. «Je suis un peu la petite star de l’usine», glisse-t-il. Chaque sortie avec le véhicule donne lieu à des scènes cocasses : des femmes qui demandent à se faire «arrêter», des couples qui fantasment une arrestation simulée, des enfants fascinés par les sirènes. Même les vraies patrouilles de police le saluent. «Elles s’arrêtent par curiosité, pas pour me verbaliser», précise Stéphane.
Une passion encadrée
Si la Ford impressionne, son usage reste réglementé. Le Mont-Saint-Martinois appartient à une association qui encadre les rassemblements de véhicules anciens et autorise certaines sorties avec gyrophares, dans le respect de la législation. «On est réglo, on a toutes les autorisations.» À 1,45 euro, le litre, remplir les 75 litres du réservoir impose quelques sacrifices. Mais le jeu en vaut la chandelle.