La députée déi Gréng, Djuna Bernard, a accusé le ministre de la Culture, Éric Thill, d’avoir menti aux députés ou alors de ne pas contrôler son ministère. L’affaire du Mudam refait surface.
La semaine dernière, le ministre de la Culture, Éric Thill (DP), se présentait devant les députés pour les informer de la situation quelque peu tourmentée que vit le Musée d’Art moderne Grand-Duc-Jean (Mudam) sous le règne de sa directrice, Bettina Steinbrügge.
C’est sur une demande des verts que le ministre s’était déplacé avec des collaborateurs et le nouveau président du conseil d’administration, Jean-Paul Olinger.
Le sujet a ressurgi, hier, lors de la séance publique alors que la députée Djuna Bernard, peu satisfaite de la prestation d’Éric Thill, ne s’est pas privée de l’accuser de mensonge.
En cause, la lettre de démission de l’ancien président du conseil d’administration, Patrick Majerus, qui avait «fait du bruit dans Landerneau», ajoutant une nouvelle secousse à la vie mouvementée du musée depuis sa création.
Cette lettre, Patrick Majerus l’a fait parvenir au ministre Thill en janvier dernier. Elle contient les reproches formulés contre la directrice, décrivant des situations de harcèlement et de gestion hasardeuse de l’institution, et surtout, les raisons profondes de sa démission.
Elle fait suite à de fausses accusations dont il aurait été victime de la part de la directrice. Les députés écologistes avaient demandé à pouvoir consulter ce courrier ainsi que l’audit réalisé à la suite d’une série de départs de personnels du musée.
Si le document complet, élaboré par un acteur externe, devait rester interne, selon le ministre, les députés avaient fini par obtenir gain de cause et accéder aux conclusions anonymisées de cet état des lieux.
Ces dernières confirment des tensions au sein de l’équipe de management, ainsi que l’absence d’une répartition claire des tâches. En revanche, le ministre refusait de leur fournir la lettre de démission de l’ancien président, l’estimant confidentielle.
Coup de tonnerre, hier, à la tribune de la Chambre, quand Djuna Bernard a brandi un courriel datant du 30 janvier dernier, adressé à un proche collaborateur du ministre – «un haut fonctionnaire», comme le souligne la députée – par lequel Patrick Majerus autorisait la publication de sa lettre de démission.
«Par ailleurs je vous autorise à partager ma lettre de démission, ce qui contribuera à renforcer la transparence ancrée dans le cadre légal luxembourgeois», écrivait l’ancien président du conseil d’administration de l’établissement.
Résolution au programme
«Ce haut fonctionnaire était pourtant présent à la réunion de la commission», insiste la députée déi Gréng, qui exige des explications. Pour elle, soit le ministre a menti, soit il ne contrôle pas son ministère ni ses collaborateurs. Éric Thill s’est retrouvé hier dans une mauvaise posture, mais il ne s’est pas démonté.
«Si Monsieur Majerus, et je n’entrerai pas dans les détails, vient à mon bureau et m’explique qu’il y a une lettre qui contient des choses confidentielles qui ne devraient pas être rendues publiques, alors je m’y tiens. Cependant, si des courriels circulent, et je prends cela au sérieux, apparemment envoyés aux fonctionnaires du ministère, alors je vérifierai. Et c’est le cas, alors je n’ai aucun problème, si telle est la volonté de Monsieur Majerus, à vous remettre cette lettre», répond-il calmement.
L’affaire ne s’arrête pas là. La députée Djuna Bernard en a profité pour déposer une résolution qui sera débattue et soumise au vote aujourd’hui. «Nous avons un rôle de contrôle du gouvernement», rappelle la députée.
La Chambre des députés peut requérir de la part du gouvernement toutes les informations et tous les documents selon la constitution, et ce droit est précisé dans le règlement de la Chambre, indique la résolution.
Elle invite donc les députés à charger le président de la Chambre de rappeler au ministre de la Culture ce rôle fondamental de contrôle et de lui dire «qu’il est inadmissible qu’un membre du gouvernement formule des déclarations inexactes devant la Chambre, car cela entrave la capacité des député(e)s à exercer leur mission de contrôle et compromet la confiance dans les institutions démocratiques».