En marge de l’opération maintien dans laquelle il est lancé avec Rodange, Alexandre Delarboulas dispute depuis fin avril la Kings League France, une compétition de foot à 7 ultramédiatisée où il a pour président Adil Rami.
Lundi soir, comme chaque lendemain de match de BGL Ligue, c’était décrassage pour tous les joueurs du FC Rodange. Sauf pour Alexandre Delarboulas, qui n’a pas chômé pour autant : le défenseur central se trouvait au Parc des expositions de Villepinte, dans le département voisin (la Seine-Saint-Denis, 93) de celui qui l’a vu grandir (le Val-de-Marne, 94), pour y disputer la Kings League France, extension française de la compétition de football à 7 pour le moins innovante lancée en 2022 en Espagne par Gérard Piqué.
Portée dans l’Hexagone par le streameur et vidéaste AmineMaTue, qui recense plus de 3 millions de followers sur la plateforme Twitch et près de 2 millions sur YouTube, la compétition réunit pour sa première édition huit équipes, dont les présidents sont des footballeurs (en activité et retraités) de renom ou des célébrités d’internet comme Squeezie ou Michou. Étendu au Brésil, à l’Italie ou à l’Allemagne, le concept de Piqué a aussi une version concurrente, créée au Royaume-Uni, de l’autre côté de la Sûre : la Baller League, à laquelle un autre Rodangeois, le milieu allemand Mälek Amdouni, a pris part en début d’année. Suscitant, au passage, la curiosité de Delarboulas.
«Vu le format et l’engouement qu’il y a derrière, ça pouvait être une très belle expérience, retrace le Français. Je me suis dit pourquoi pas m’inscrire. Je l’ai vraiment fait par insouciance en me disant « si je suis pris, tant mieux, sinon ce ne sera pas la fin du monde ». Ma priorité, c’est Rodange et le maintien. Il fallait envoyer notre CV sportif, des vidéos et, derrière, tout s’est enchaîné très rapidement. J’ai vite reçu un mail m’annonçant que je faisais partie des 200 joueurs retenus pour faire les essais à Clairefontaine.»
200 appelés, 120 élus, Delarboulas en «GOAT»
Ce n’était pourtant pas gagné, au départ : «J’ai cru comprendre qu’il y avait eu plus de 50 000 inscriptions.» Alors, une fois au «Temple» du football français, dernière étape avant la draft, plus question de lâcher le morceau. «Il y avait pas mal d’exercices : un contre un, tirs, transversales, passes, vitesse de course… Dès que ça a commencé, je me suis donné vraiment à fond. Ça a payé.» Et ce, dans des proportions insoupçonnées : sur les 120 candidats conservés, il est celui qui s’est vu attribuer la meilleure note globale, à savoir 85/100.
Une bonne «surprise», mais pas nécessairement une garantie en vue de la draft, où 40 joueurs allaient encore rester sur le carreau. Le calendrier de la BGL Ligue primant forcément celui de la Kings League, Rodange étant son principal employeur, le défenseur ne pouvait disputer que trois matches sur sept à Villepinte. Une contrainte qui a freiné le streameur Domingo, président du FC Silmi qui l’avait sollicité en amont, mais a échappé à Adil Rami, son prestigieux homologue du Wolf Pack FC, qui s’est cependant montré «très compréhensif» après avoir drafté un Delarboulas aux anges.
«Je voulais un président qui a goûté au monde du foot, donc soit jouer pour 360 Nation (l’équipe d’Aurélien Tchouaméni, Mike Maignan, Jules Koundé, Manu Koné et Bryan Mbeumo), soit pour le Wolf Pack, confie le n° 94 rodangeois. Quand j’ai été appelé par Adil, un champion du monde, avec une belle carrière, qui a joué à mon poste, je me suis dit que ça tombait à pic!» Alexandre Delarboulas tombait à pic, lui aussi. Battue lors des trois matches qu’elle a disputés sans lui, son équipe a pris quatre points en sa présence avec une victoire le 20 avril, au lendemain d’un succès crucial en BGL Ligue avec Rodange (1-2 à Bettembourg), puis un nul, ce lundi, dans la foulée d’un partage des points contre Rosport (0-0, 26e journée).
Pour l’occasion, le Wolf Pack alignait une recrue, bien connue au Grand-Duché : Laurent Pomponi (ex-Hostert, F91, FCD03 et Progrès), aujourd’hui au Gazélec Ajaccio. Comme Delarboulas, son profil diffère de celui d’autres joueurs «qui se rapprochent plus du futsal». C’est là toute la complexité de cette compétition, dont le niveau a «agréablement surpris» le Rodangeois : on peut aussi bien y croiser des joueurs de foot à 11 que le champion du monde de Panna Football, une discipline à 1 contre 1 où les petits ponts sont autant valorisés que les buts. «Techniquement, j’ai rarement vu ça, mais tactiquement, des fois, c’est plus compliqué.»
La Coupe du monde avant la Coupe d’Europe ?
Compliqué, ça l’est aussi légèrement pour le Wolf Pack FC. Septième sur huit, à trois journées de la fin de la première phase, l’équipe du président Rami reste néanmoins dans la course aux quarts de finale, que disputeront les équipes classées de la 3e à la 5e place ainsi que le vainqueur d’un play-in opposant justement le 6e au 7e. Autrement dit, faire partie des quatre équipes françaises qui prendront part, à domicile, à la deuxième édition en juin de la Kings World Cup, présidée par Zlatan Ibrahimovic, est toujours d’actualité. Quitte, pour cela, à rogner sur les vacances.
Mais avant cela, il y a un maintien à aller chercher, par la voie directe ou les barrages, avec Rodange, dont Delarboulas n’a manqué qu’une rencontre sur 28 cette saison. Et après? Si rester au FCR91, un club où il se sent «vraiment bien», est «une possibilité», l’ancien international U20 ivoirien se sait à «un tournant», à 28 ans. «Je suis encore jeune, mais plus tout jeune», résume celui qui a posé ses valises au stade Jos-Philippart à l’été 2023, au sortir d’une pige en D5 suédoise, au Syrianska Eskilstuna.
Après avoir essentiellement évolué au sein du National 3 (D5) français, le défenseur se verrait bien «jouer l’Europe, que ce soit au Luxembourg ou ailleurs», lui qui a été sondé ces derniers temps par plusieurs clubs de BGL Ligue et étrangers. En ce sens, la Kings League peut constituer pour lui «un très beau tremplin. La plupart de mes proches, dont mon agent, me disent : au-delà de ta saison qui est très bien, il y a près de 400 000 personnes qui regardent chaque journée de la Kings League. Si vous sortez du lot, ça peut donner un élan vraiment important pour la suite de votre carrière.» Et pour le coup, c’est quand Delarboulas est là que le Wolf Pack FC sort du lot.