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Pensions : l’OCDE plaide pour une hausse des cotisations


Le Premier ministre, Luc Frieden (à g.), ainsi que le ministre de l’Économie, Lex Delles (à d.), avaient le sourire au moment d’accueillir Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE.

L’organisation internationale estime que le taux de cotisation devrait passer, au moins, de 8 % à 9 %, afin de contribuer à la viabilité du système des retraites. D’autres pistes de réforme sont avancées.

L’étude de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) consacrée au Luxembourg confirme dans sa globalité que le gouvernement conservateur-libéral est engagé sur la bonne voie.

Les experts de l’institution comptant 36 États membres recommandent ainsi le maintien d’une politique budgétaire «prudente», des investissements renforcés dans l’innovation ou encore le plus fort engagement par la main publique dans l’agrandissement du parc de logements à prix abordable. Le rapport confirme aussi des «progrès sensibles» sur la voie de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Malgré cette bonne note, il reste du pain sur la planche, comme est venu le souligner, hier, Mathias Cormann, le secrétaire général de l’OCDE, au moment de présenter l’étude réalisée tous les deux ans.

La base pour le succès du Luxembourg continue à reposer sur la croissance économique. L’OCDE estime que le PIB va croître de 2,1 % en 2025 (contre 2,5 % projetés par le Statec) et de 2,3 % en 2026 (2,4 % selon le Statec).

Le pays dispose ainsi toujours du PIB par habitant le plus élevé parmi les pays membres de l’OCDE. «Pour préserver le dynamisme de la croissance économique et la solidité des finances publiques, les autorités devraient maintenant s’attacher à renforcer l’innovation et les compétences, tout en garantissant la viabilité du système de retraite pour les générations futures», conclut l’étude.

Une attention plus particulière est portée sur la réforme des pensions, mise en perspective par la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez. L’OCDE plaide pour une «réforme globale» qui, selon Mathias Cormann, doit se traduire par «une hausse plus rapide des taux de cotisation, une augmentation de l’âge effectif de départ à la retraite et une progression plus limitée des pensions». La clé serait de limiter les dépenses de retraite et d’accroître les recettes.

La piste pour augmenter l’âge effectif de départ a été évoquée à maintes reprises lors du débat d’orientation, en mars dernier, à la Chambre des députés.

«Alors que les travailleurs ayant cotisé 40 ans à la sécurité sociale peuvent prendre leur retraite à 57 ans, de nombreux travailleurs hautement qualifiés avec des carrières plus courtes peuvent prendre leur retraite à 60 ans, car les périodes sans cotisation liées aux études sont comptabilisées comme des périodes d’assurance à la sécurité sociale», constate l’OCDE.

Contre le maintien des années d’études

Dans notre Interview du lundi de cette semaine, le président de l’ACEL, Gianni Di Paoli, avançait qu’un «consensus» sur le maintien des années d’études dans la formule de calcul des pensions semble acquis.

Selon le représentant de la communauté estudiantine, maintenir ce principe contribuerait aussi à l’attractivité économique du Luxembourg. L’OCDE estime par contre qu’il est nécessaire «d’exclure les périodes d’études supérieures pour que les prestations versées correspondent à la carrière effective».

Un autre grand levier d’action que l’OCDE suggère d’activer est une hausse progressive des cotisations au régime de pension. Actuellement, le taux est fixé à 8 %, à prester à la fois par l’État, le salarié et le patron. Les 16 % incluant la part patronale et salariale – inférieurs aux moyennes de l’OCDE et des pays voisins – devraient être revus à la hausse pour contribuer à viabiliser le système des pensions.

Le Conseil allemand des conseillers économiques estime que le taux de cotisation devrait, outre-Moselle, augmenter de 2 points de pourcentage d’ici à 2035 et de 5 points de pourcentage d’ici à 2080 pour maintenir l’équilibre du système de retraite allemand. Sans d’autres adaptations, le taux de cotisation au Luxembourg risquerait de faire un bond à 30 % en 2070.

«En revanche, si l’accroissement des dépenses de retraite était freiné, notamment en relevant l’âge effectif de départ à la retraite et en avançant de 2052 à 2037 (la baisse) du taux de remplacement (prévue) par la réforme des retraites de 2012, le taux de cotisation (…) nécessaire pourrait être de 18 %», avance l’OCDE. La part patronale et salariale passerait donc de 8 % à 9 %.

«Ces changements sont importants, mais ils semblent gérables par rapport aux modifications radicales qui seraient requises à un stade ultérieur en l’absence de réforme, comme de fortes hausses des cotisations de retraite ou des baisses marquées des taux de remplacement à partir de la fin des années 2040», complète l’étude.

Jusqu’à présent, le gouvernement semble peu enclin à s’engager sur une hausse des cotisations, contrairement au camp syndical.

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