Les députés vont s’attarder aujourd’hui sur le sort des cafés dans le pays. Il en reste 741, soit 226 de moins en sept ans. Tour d’horizon avec le secrétaire général de l’Horesca.
Les cafés se meurent et cette question sera à l’ordre du jour des députés en séance publique aujourd’hui. Après plusieurs questions parlementaires sur le sujet, dont une encore en attente de réponse, les députés consacreront une heure d’actualité à la situation dans le secteur de l’horeca.
Actuellement, selon le secrétaire général de l’Horesca, Steve Martellini, les derniers chiffres indiquent que les restaurants s’en sortent mieux que les cafés. Avec 1 261 restaurants, le pays en compte 29 de plus par rapport à 2017.
En revanche, c’est la chute libre pour les cafés qui ne sont plus qu’au nombre de 741, soit 226 de moins au cours de ces sept dernières années. Quant aux hôtels, avec 196 établissements, leur nombre a progressé de trois unités.
Ce sont vraiment les cafés qui trinquent, même si l’ensemble du secteur attend fébrilement les premières factures d’énergie pour faire le point. «Les marges ont énormément baissé», déclare Steve Martellini, pour expliquer en partie la disparition des cafés, que ce soit dans les villages ou les villes.
«On voit aussi que les clients sont de retour, certains en ont moins que d’autres, et ils consomment aussi différemment», poursuit-il pour mettre une note d’optimisme dans la réalité parfois morose du secteur.
Des coûts en plus
Les clients dépensent moins. En restauration, par exemple, ils font l’impasse sur l’entrée ou le dessert et sur la bouteille de vin. Les prix ont augmenté aussi, mais les frais des cafetiers-restaurateurs aussi.
«Il n’y a pas que l’énergie, il y a aussi l’eau, les déchets et les salaires, sans compter la nouvelle tranche indiciaire annoncée», explique le secrétaire général de l’Horesca. «Pendant longtemps, les prix n’avaient pas bougé, mais maintenant, il faut les augmenter parce que sinon on disparaît», prédit-il.
Dans la nouvelle structure tarifaire du prix de l’électricité, le secteur est considéré comme les particuliers. Difficile de leur demander d’éviter les pics de consommation pour maîtriser les coûts.
«On ne peut pas éteindre les lumières même s’il reste deux clients et c’est impossible de répercuter l’augmentation des tarifs sur les consommateurs», illustre Steve Martellini.
Vendre des pizzas plutôt que des cafés
Pour faire comprendre aux clients le poids des frais qui pèsent sur les épaules des exploitants, l’Horesca est en train d’élaborer des exemples concrets.
Quand le client paie son verre de bière 3,80 euros, il reste encore 11 centimes dans la poche du cafetier, en déduisant les salaires, les frais divers, le coût des emprunts ou les loyers, et la TVA… Cela explique aussi pourquoi il y a de moins en moins de cafés dans le pays.
«Il faut vendre beaucoup de pizzas pour se faire un salaire», déclare le secrétaire général qui travaille sur les graphiques à présenter aux consommateurs. Cette démarche vise à rendre transparents les tarifs pratiqués et surtout à expliquer au public que les exploitants ne peuvent pas travailler pour rien. «Il faut bien vivre encore», fait-il remarquer.
Les patrons calculent
Pour l’heure, l’Horesca est toujours en grande discussion avec le gouvernement, depuis le mois de février, pour faire le point sur la nouvelle structure tarifaire des prix de l’énergie.
«On attend que les entreprises nous envoient leurs décomptes, car on ne sait pas encore qui paie combien.» Une chose est certaine, la plupart des restaurants ont la même tarification que les particuliers.
L’avenir ne s’annonce pas rose pour le secteur, encore moins pour les cafés. «Il faut faire attention de ne pas devenir un pays où les établissements sont fermés le dimanche et les jours fériés, mais les patrons vont calculer s’il est encore rentable de continuer.» La question du manque de personnel se pose aussi.
Les communes investissent
Pour pallier la disparition des cafés, des communes rachètent des locaux pour les mettre à la disposition des exploitants. «Au début, nous n’étions pas très chauds, car nous considérions que c’était de la concurrence déloyale, mais aujourd’hui, nous sommes contents que les communes investissent dans le secteur», reconnaît Steve Martellini.
Il enchaîne sur les loyers qui sont «vraiment exagérés», à Luxembourg et sait qu’ils ne vont pas baisser. Comme tout le reste. «La viande va augmenter de 30 % d’ici septembre», se lamente-t-il.
Il observe qu’à l’étranger, les exploitants ont moins de frais au niveau des loyers et des salaires, mais que les prix ont aussi augmenté. «On râle quand on est client, mais on râle aussi quand le café disparaît», conclut-il.
Actuellement, 80 % des cafés sont entre les mains des brasseries et ce sont elles qui fixent les loyers aussi. Pour se libérer de leurs produits, certains cafetiers essaient de racheter ces concessions auprès du ministère des Finances.
Un «intérêt général»?
En principe, une concession existe pour chaque tranche de 500 habitants. Elle est liée à la commune. Mais il existe différents types de concessions.
De nouveaux débits ne peuvent être établis dans une commune où le nombre des débits existants a atteint la proportion de un pour 500 habitants, à l’exception des localités d’au moins 250 habitants, dans lesquelles un débit unique peut être établi si aucun débit n’y est établi jusqu’ici.
Le ministre des Finances peut donner des autorisations dans les communes où les nécessités du tourisme l’exigent ou dans d’autres cas exceptionnels, justifiés par un intérêt général.