Ensemble, piétons, cyclistes et motocyclistes sont plus victimes d’accidents graves ou tués sur la route que les automobilistes. Afin d’y remédier, une nouvelle campagne de sensibilisation est lancée.
Peu considérés voire souvent ignorés par les automobilistes, les piétons, les cyclistes et les conducteurs sont pourtant les plus touchés par les accidents graves et mortels sur la route. Selon le dernier bilan des accidents de la route de 2023 au Grand-Duché, cette catégorie d’usagers vulnérables représente 67 % des victimes et 54 % des blessés graves. Pour ces derniers, les chiffres de la mortalité et des blessures graves sont d’autant plus préoccupants que certains stagnent ou, pis encore, augmentent. D’où l’enjeu de la nouvelle campagne de sensibilisation présentée hier par le ministère de la Mobilité intitulée «La route pour tout le monde, les règles aussi».
À partir d’aujourd’hui, cette campagne va fleurir sur les panneaux d’affichage dans les rues, les tramways, les parkings, les bords de route ainsi que sur les réseaux sociaux avec quatre messages : la règle du 1,5 mètre pour dépasser un cycliste, le danger des angles morts, la priorité des passages piétons et le respect du feu rouge et de son sas pour vélos. Autant de notions élémentaires du code de la route dont le respect est difficile à obtenir ainsi qu’à vérifier.
Sensibiliser plutôt que verbaliser
Chef de projet de l’ASBL ProVelo, partenaire du ministère dans cette campagne, Jo Klein admet que «le grand problème que l’on voit avec la règle du 1,5 mètre, c’est que la police ne sait pas encore la contrôler». Par conséquent, «nous demandons que la police prenne ses responsabilités pour faire des contrôles, car le 1,5 mètre est la seule protection que nous ayons en tant que cycliste», lance le porte-parole.
La police grand-ducale, également partenaire, entend cet appel du pied de ProVelo. Mais plus facile à dire qu’à faire selon Charles Faber, agent du service national de circulation et de sécurité routière. «Il y a bien sûr des écarts que nous observons lors de nos patrouilles quotidiennes, mais il n’y a pas vraiment de moyens afin de mesurer au centimètre près», reconnaît-il. Le constat d’impuissance est sensiblement le même pour le non-respect du sas vélo devant les feux rouges : «Le dépassement de ces lignes n’est pas concerné par les caméras».
Malgré la quasi-impossibilité de contrôler le respect de ces deux règles, tout comme les deux autres de la campagne, Charles Faber ne désespère pas, au contraire. «L’idée de base de la campagne, et aussi de la police, est plutôt de sensibiliser les usagers de la route et non pas seulement verbaliser les gens. Ce serait un peu trop simple à mon avis.»
«Bon espoir» pour la Sécurité routière
Outre la sensibilisation et la pédagogie afin de réduire la vulnérabilité des cyclistes, Jo Klein attend «que l’on ait des pistes cyclistes séparées de la route, que l’on réduise la vitesse à 30 km/h dans les villages et que l’on ait partout des chemins que les enfants peuvent emprunter seuls». En somme, «nous souhaitons plus d’infrastructures et qu’elles soient plus sécurisées, d’autant plus que de plus en plus de gens font du vélo».
À ce propos, Paul Hammelman, président de l’association de la Sécurité routière elle aussi partenaire, a tenu à rappeler «aux cyclistes qu’ils peuvent être pénalement et civilement responsables en cas d’accident. On ne s’en rend pas toujours compte que l’on est responsable à vélo aussi.» «Avec les trottinettes, je ne suis pas étonné qu’il y ait plus de sinistres», déclare-t-il également, en qualifiant de «jungle» l’absence de règles les concernant et en regrettant «que le droit ne suive plus la technique».
À propos justement de la prévention pour la sécurité routière, l’association du même nom devrait trouver une issue favorable à son problème de fonds. À la recherche de 270 000 euros à cause de l’arrêt du financement de son plus grand contributeur, l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances (ACA), la Sécurité routière va rencontrer Yuriko Backes le 8 mai. «Nous avons bon espoir, l’atmosphère est bonne», confie le président concernant une éventuelle prise en charge par le ministère de la Mobilité.
Les décès et blessés graves encore nombreux
Sur la route, l’année 2023 a été marquée par une hausse de 35 % du nombre de victimes grièvement blessées et une augmentation de 14 % des accidents graves est à constater. Pour les piétons, 4 décès et 49 blessés graves ont été dénombrés et 2 décès et 38 blessés graves pour les cyclistes. Par rapport à 2021, la tendance pour ces deux catégories confondues est à la hausse pour les piétons (de 37 à 53 cas) comme pour les cyclistes (de 27 à 40 cas). Les motocyclistes n’ont pas été épargnés non plus puisque le nombre de blessés graves a augmenté d’environ 54 % en deux ans (de 68 à 105), bien que la mortalité ait, elle, baissé en passant de 8 à 5 morts.