Ce nouveau centre à Luxembourg assurera un primo-accueil les soirs et week-ends pour toute victime de violences, avant de fonctionner en continu dès 2026.
Issu d’une promesse de campagne du CSV saluée par les associations et les militantes féministes en 2023, voilà le nouveau Centre national pour victimes de violences (CNVV) devenu réalité.
Et ce, en un temps record, sous l’impulsion de la ministre de l’Égalité des genres, Yuriko Backes, qui s’était montrée déterminée dès sa prise de fonction. Regroupant soutien psychosocial, assistance médicale, intervention de la police, possibilité de dépôt de plainte et accès à des conseils juridiques, c’est la toute première structure de ce genre au Luxembourg.
Un travail collectif
Assez rare pour être souligné, elle est le fruit d’un travail collectif entre les différents ministères impliqués – Justice, Santé, Égalité, Éducation, Affaires intérieures – et de nombreux acteurs de terrain.
Installé au rez-de-chaussée d’un immeuble du Val Sainte-Croix à Luxembourg, à deux pas de la place de l’Étoile, le CNVV est facilement accessible en transports en commun, une priorité pour les porteurs du projet, et dispose de nombreuses salles pour recevoir les personnes dans un cadre sécurisant et chaleureux.
Si les associations avaient plaidé pour que l’accompagnement soit garanti 7 jours/7 et 24h/24, à ce jour, leur vœu n’est pas exaucé, mais il devrait se concrétiser dès janvier 2026.
Car, comme l’a martelé Yuriko Backes hier lors d’une visite des lieux, il s’agit d’un projet pilote qui n’en est qu’à ses débuts.
«Pour le moment, avec les ressources limitées dont nous disposons, le CNVV sera ouvert sur des plages horaires complémentaires aux autres lieux d’accueil existants, en soirée, une partie de la nuit et les week-ends», détaille la ministre.
«C’est un projet qui me tient à cœur, ainsi qu’au gouvernement. Ce qu’on veut dire aux victimes, c’est qu’elles ne sont pas seules, l’aide est là!»
HORAIRES
Centre national pour victimes de violences, 3A Val Sainte-Croix à Luxembourg
Arrêt tram et bus Stäreplaz/Étoile
Tél. 27 55 53 15 / e-mail : info.cnvv@croix-rouge.lu
Lundi-jeudi : 17h-minuit
Vendredi : 18h-2h du matin
Samedi : 10h-2h du matin
Dimanche : 10h-minuit
C’est la Croix-Rouge, sous convention avec le MEGA, qui a été chargée de la gestion du centre doté d’une équipe pluridisciplinaire de sept professionnels, soit cinq équivalents temps plein : trois infirmières, deux assistants sociaux et deux éducatrices.
«Ce qu’on va faire ici, c’est accueillir les victimes, femmes, hommes, mineurs ou majeurs, les mettre en sécurité, prendre connaissance de leur situation, et les orienter vers les acteurs compétents», explique Mathilde Dumonceaux, assistante sociale et directrice adjointe.
«Ça peut être l’hôpital, la police pour une plainte, le service Umedo si la personne ne souhaite pas porter plainte dans l’immédiat, mais veut constituer un dossier de preuves pour plus tard. On apportera un soutien, tant sur le plan psychologique qu’administratif, juridique et psychosocial.»
Bientôt une aide juridique gratuite
Au volet judiciaire, grâce à une pièce séparée spécifiquement prévue pour les auditions, les obligations légales seront respectées : du matériel d’enregistrement audio et vidéo est à disposition des agents de police, exactement comme dans un commissariat, afin que la victime n’ait pas à répéter plusieurs fois les faits.

Ashanti Berrend (à gauche) et une partie de son équipe. (Photo : LQ)
Enfin, pour guider et accompagner les victimes, un partenariat avec des avocats a été noué : «Dans un premier temps, on va remettre aux personnes une fiche d’information élaborée avec le Barreau incluant une liste d’avocats spécialisés auxquels s’adresser», annonce la ministre de la Justice, Elisabeth Margue.
«Et dès l’an prochain, on l’espère, ces avocats pourront venir au CNVV et offrir des conseils juridiques personnalisés et gratuits.» C’était l’une des demandes de La Voix des Survivant-e-s asbl, dont elle a rencontré des membres à plusieurs reprises.
Quant à une autre requête de longue date concernant l’ouverture d’une helpline téléphonique accessible en permanence, celle-ci devrait également être lancée en 2026.
«On travaille avec un réseau fort»
À la fois éducatrice graduée et diplômée en criminologie, Ashanti Berrend quitte la direction du DropIn – dispensaire dédié aux travailleurs du sexe géré par la Croix-Rouge – pour prendre la tête du Centre national pour victimes de violences. Une double formation qui lui sera utile. «En criminologie, on décortique les phénomènes de criminalité, mais on étudie aussi la victimologie : comment devient-on victime, comment se reconstruire», explique la jeune femme, dont l’équipe est à pied d’œuvre depuis deux semaines et a déjà été sollicitée.
Même s’il est compliqué de savoir quels profils se présenteront, elle évoque pêle-mêle des femmes victimes de violences conjugales, des cas de viols, des populations marginalisées ou migratoires qui ne s’adressent pas forcément aux autres services d’aide ou n’y ont pas accès. «Sans oublier les minorités, des personnes handicapées ou LGBTIQ+, parmi les groupes les plus vulnérables.»
«Le fait d’avoir désormais un point d’accueil central va considérablement soulager nos collègues sur le terrain, tout en nous permettant de prendre le temps avec chaque personne. Pour les victimes, on veut vraiment incarner un cocon où se protéger», indique-t-elle. «C’est un challenge, mais on travaille avec un réseau fort au Luxembourg, qu’on connaît tous très bien, et sur lequel on pourra s’appuyer.»