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Inclusion professionnelle : une journée inédite pour mieux s’orienter 


La Coque a accueilli une vingtaine d’institutions et associations venues décrire leurs formations, emplois et services. (Photo : Alain Rischard)

De jeunes adultes avec handicap ont pu découvrir différentes options d’emplois adaptés lors de la première journée d’information de la Fedas, ce vendredi à Luxembourg.

Pour la première fois, la Fedas a réuni vendredi en un même lieu une vingtaine d’acteurs clés dans le monde du handicap parmi lesquels Autisme Luxembourg, Info Handicap, la Ligue HMC, l’APEMH, Op der Schock, Yolande asbl, Elisabeth ou Madame Witzeg.

Une vingtaine d’exposants, institutionnels comme associatifs, sont venus à la Coque à Luxembourg présenter leurs services aux adolescents et adultes à besoins spécifiques.

Une demande de longue date de la part des professionnels du secteur, qui soulignent qu’il est souvent compliqué pour les personnes handicapées de s’y retrouver parmi les possibilités qui existent au Luxembourg. Et notamment le public jeune, confronté à l’étape décisive de l’orientation.

«On a essayé de regrouper ici tous les gestionnaires, pour que les élèves à besoins spécifiques puissent, eux aussi, avoir une vue complète sur ce qu’ils pourront faire après l’école : où travailler, où recevoir une formation professionnelle adaptée, etc.», explique Nicole Fisch, coordinatrice à la Fédération des acteurs du secteur social au Luxembourg (Fedas).

Une faille enfin comblée

«Un rendez-vous comme celui-là manquait cruellement», pointe Marc Bissen, chargé de direction des Ateliers Kräizbierg à Dudelange qui accueille actuellement 118 travailleurs handicapés.

«Il y a une multitude de structures : se repérer et comprendre qui fait quoi n’est pas évident. C’est important pour nous d’avoir l’opportunité de montrer tout ce qu’on a à proposer.»

Un baptême du feu réussi de l’avis des professionnels présents. (Photo : Alain Rischard)

 

Activités en journée, structures de formation, services dédiés à l’emploi, ateliers protégés ou d’inclusion professionnelle : au fil des stands, les visiteurs ont pu s’informer, élargir leurs perspectives avec des solutions adaptées à leur situation, et rencontrer des travailleurs en poste qui ont partagé avec eux leur expérience.

«J’ai trouvé une place sur-mesure»

Ainsi, Monica, 51 ans, employée depuis trois ans au Tricentenaire, fait partie des petites mains qui préparent chaque année plus de 13 000 sachets de Saint Nicolas. Elle raconte combien intégrer cet atelier à Bissen a été bénéfique.

«En tant que personne avec un handicap invisible, travailler est un vrai défi. J’étais coiffeuse, mais ma maladie génétique causait beaucoup de problèmes au niveau des membres. Je ne pouvais plus continuer», soupire-t-elle.

«Au Tricentenaire, j’ai trouvé une place sur-mesure. Je peux poursuivre une activité, avoir une vie sociale, des collègues, ça compte énormément. On est une grande équipe de 71 personnes, mais dans un esprit familial. Et surtout, on se sent respectés.»

Des employeurs qui restent réticents

Monica constate que si, sur le front de l’emploi, les choses avancent, employer un travailleur handicapé continue de faire peur : «Quand j’ai voulu changer de travail, ça a été dur, beaucoup de portes se sont fermées. Les patrons rechignent à engager une personne avec handicap.»

En parallèle, pour faire connaître les dispositifs d’accompagnement sur le marché du travail ordinaire, l’Adem était aussi présente avec des conseillers.

«L’idée de cet événement est de faciliter l’orientation des jeunes. On veut valoriser le marché de l’emploi secondaire avec les nombreux ateliers protégés, mais aussi soutenir l’accès au premier marché du travail quand c’est possible. C’est ça, l’inclusion», fait valoir le ministre de la Famille, Max Hahn, qui a passé plus d’une heure au contact des participants.

Gabriel vise l’autonomie

Il a notamment discuté avec Gabriel. À 22 ans, il fait le grand saut dans la vie active après une scolarité au Centre pour le développement intellectuel à Warken.

«Je suis stagiaire depuis deux mois au Tricentenaire, et c’est cool, je crois que je travaille bien», glisse le jeune homme en fauteuil. Ce qui n’empêche pas ce fan de sport de pratiquer le basket et le vélo, et de prendre chaque jour un peu plus le chemin de l’autonomie.

«Aujourd’hui, c’est un peu une nouvelle vie qui commence. Je vis encore avec ma mère pour l’instant, mais j’aurai bientôt un appartement à moi», sourit-il.

On peut toujours avancer, peu importe sa situation

Eurydice, elle, travaille à l’atelier poterie de la fondation Kräizbierg depuis quatre ans. «Je fabrique des tasses, des assiettes, et j’adore! Dès mes premiers essais, en tournant mes premières pièces, j’ai su que c’était pour moi», confie la jeune femme de 39 ans.

Épileptique, de lourds soucis de santé dans son parcours ont entravé sa scolarité, puis son accès à l’emploi.

«J’ai affronté un cancer, puis deux graves fractures aux pieds suite à une chute. À l’atelier, je me sens soutenue, et surtout, moins seule. Je veux prouver aux jeunes qu’on peut toujours avancer, peu importe sa situation.»

«Un tas de choses me plaisent»

Venue avec son mari, Maisie, 27 ans, a passé un long moment à chaque stand, prenant le temps de découvrir la palette d’ateliers protégés du pays.

Atteinte de troubles cognitifs, la jeune femme est déjà en poste sous le statut de travailleur handicapé dans une structure adaptée, mais l’endroit ne lui plaît pas du tout.

«Je démantèle des batteries dans une pièce sans fenêtres. Je ne veux plus faire ça, alors je suis venue voir ce qui existe ailleurs, et j’ai trouvé un tas de choses qui me plaisent vraiment», se réjouit-elle.

 

 

L’inclusion professionnelle, Ramon Hemmer en a fait son cheval de bataille. Cet instructeur pendant 25 ans auprès de jeunes handicapés a lancé son propre atelier protégé en 2020 en reprenant l’exploitation des étangs de Remerschen.

Son association Erliefnis Baggerweier emploie à ce jour une cinquantaine de personnes, avec ou sans handicap.

«Tout doit être pour tous»

«On accueille aussi des jeunes en décrochage scolaire, des réfugiés politiques ou encore des chômeurs de longue durée. L’an dernier, on a réussi à intégrer six de nos collaborateurs sur le marché du travail ordinaire», souligne-t-il.

«Tout doit être pour tous : l’inclusion et l’accessibilité du site sont le fil rouge de notre projet.»

Sous la houlette de la Fedas, ce salon devrait être renouvelé tous les ans désormais.

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