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La nuit où les Pixies sont venus à l’Atelier


Les Pixies ont interprété des morceaux de leur nouvel album et d’anciens titres de leurs albums les plus appréciés.

Quelques mois après la sortie de son dixième album, The Night the Zombies Came, le groupe Pixies a fait salle comble, ce mercredi, à L’Atelier.

Lunettes vissées sur le nez du chanteur, casquette enfoncée sur la tête du guitariste et un style simple, presque sans effort… Pas de doute, ce sont bien les Pixies qui investissent la scène de l’Atelier, ce mercredi. À 21 h pétantes, le célèbre groupe américain débarque dans le noir complet, de simples projecteurs blancs illuminant la salle. Ni une ni deux, sans un bonjour ni un sourire au public, les membres enfilent leurs instruments et lancent la musique.

S’enchaîneront une vingtaine de morceaux pendant une bonne heure quarante, sans répit ni reprise de souffle. Parce que c’est peut-être ce qui caractérise le mieux les concerts des Pixies aujourd’hui : une scénographie sans fioriture, pas de setlist d’avance et une expédition sèche de leurs titres. Black Francis fait succéder les couplets calmes et les refrains endiablés, typiques du groupe, tandis que son acolyte Joey Santiago gratte les cordes de ses Gibson et qu’Emma Richardson rythme les sons de sa basse et accompagne Black Francis au chant.

Black Francis, chanteur et membre fondateur des Pixies, a fait se succéder les couplets calmes et les refrains endiablés.
Joey Santiago, accessoirisé de sa casquette militaire, a fait vrombir les cordes de sa Gibson.

Après une tournée européenne de 15 dates en 2024, leur passage à guichets fermés au Luxembourg marque le début d’une toute nouvelle tournée européenne, consacrée à la présentation de leur nouvel album, The Night the Zombies Came, sorti quelques mois auparavant.

Un début trop en douceur

La première chanson du concert, In Heaven (Lady in the Radiator Song), est assurée par la bassiste, Emma Richardson, ex-Band of Skulls et nouvelle recrue du groupe. Elle remplace Paz Lenchantin depuis l’année dernière. Et bien qu’Emma ait du mal à remplacer la présence scénique de Paz, elle trouve quand même ses adeptes. «La voix de la bassiste est fantastique», se réjouit Alessandro.

Il fait partie du millier de personnes venues assister au concert. Un public hétéroclite, témoin des décennies d’activité du groupe. Les vieux rockeurs aux blousons de cuir côtoient les jeunes fans arborant gaiement des t-shirts de merchandising. Perchés sur les épaules de leurs parents, casques à réduction de bruit sur les oreilles, de jeunes enfants profitent aussi du spectacle.

Emma Richardson, la nouvelle bassiste du groupe depuis l’an dernier, accompagne Black Francis au chant sur certains morceaux.

Pendant les premiers morceaux du concert, majoritairement tirés du nouvel album, l’ambiance est sage. Malgré quelques envolées rock, le public a du mal à lâcher prise. «J’espère qu’ils joueront tôt ou tard leurs anciens sons plus rock», glisse Alessandro. Souhait exaucé lorsque Black Francis troque son acoustique pour sa guitare électrique et lance des morceaux des albums Surfer Rosa et Doolittle, sûrement parmi les préférés des auditeurs. Tout d’un coup, les bras se délient et pointent vers le ciel, les têtes commencent à se secouer et les chœurs improvisés retentissent aux quatre coins de la salle remplie à ras bord.

Pas de consensus

Malgré les sourires accrochés sur les visages des spectateurs, le groupe a du mal à satisfaire ses fans de la première heure. «Je les suis depuis toujours. Je les avais vus au Zénith de Paris en 1990… Le concert était d’une violence et d’une hystérie que le groupe n’a plus aujourd’hui», s’attriste Christophe, venu de Metz pour l’occasion. Ce rockeur dans l’âme espérait retrouver un semblant de cette rage passée. Manque de pot, les décennies ont défilé et les membres du groupe ne dérogent malheureusement pas à la règle du temps qui passe. Leur vingtaine, et l’énergie qui va avec, est loin derrière eux.

Il faut dire que les Pixies ne sont pas n’importe qui. Formé en 1986, le groupe est considéré comme un pionnier du rock alternatif, bien que leur séparation précoce, en 1993, ne leur permette pas de profiter de ce statut. «Nirvana et son grunge n’auraient sûrement pas existé sans l’influence des Pixies», pense Alessandro. Lui a déjà vu le groupe plusieurs fois au Luxembourg et continue à les apprécier. «Ils ont un style unique, à la fois soft et hard.»

Ce que regrette le plus Christophe, c’est peut-être la qualité du son : «Cela donne un peu l’impression que les amplis de Black Francis couvrent tout le reste. On n’entend quasiment que lui… C’est dommage pour un groupe de cette envergure, on aurait pu s’attendre à un son maîtrisé», note Christophe. Mais pas question pour lui de totalement se laisser abattre, le rockeur se laisse emporter par la musique et profite du moment. «C’est quand même cool de pouvoir les voir dans l’intimité de l’Atelier, au plus proche de nous!»

Pour d’autres, le concert est plus que satisfaisant. C’est le cas de Chloé et Eléa, deux amies de tout juste 20 ans. Elles baignent dans le rock depuis des années, écoutent et réécoutent les classiques des années 70 à 90, sans vraiment avoir la chance de pouvoir voir la majorité de ces groupes en concert. «C’est génial de pouvoir voir en vrai l’un des grands groupes que l’on aime! C’est vrai qu’ils ne sont plus forcément à la hauteur de leur gloire passée, mais ça reste quand même une belle opportunité», se réjouissent-elles.

Même son de cloche du côté de Sabrina et sa famille : «Le rock se transmet de génération en génération chez nous… C’est mon père qui m’a fait tomber dedans», rigole-t-elle. Son fils de 16 ans, Mathis, acquiesce : «Oui, et ensuite elle a reproduit le schéma avec moi! Et les Pixies, on les écoutait tout le temps dans la voiture.» Le concert est donc pour eux l’opportunité de concrétiser une tradition familiale bien ancrée.

Le public est hétéroclite. Il témoigne des décennies d’activité des Pixies.

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