Avec minutie. Que ce soit pour les jeunes gardiens des équipes nationales U17/U18 et U19/U20 ou pour ceux, plus expérimentés, des Red Boys, l’ancien international ne laisse rien au hasard dans la préparation de ses protégés.

Tapi dans l’ombre, un homme n’est pas étranger aux bons résultats des Red Boys, encore en course pour s’offrir le doublé coupe-championnat, prouesse qu’aucun autre club n’est parvenu à réaliser depuis le Handball Esch en 2020.

Tom Janin, puisque c’est de lui dont il s’agit, entraîne les gardiens de l’équipe fanion de Differdange, à savoir Chris Auger et Matej Mudrinjak, la meilleure doublette du Grand-Duché en terme d’efficacité à l’issue du premier tour, selon les statistiques établies par l’ancien international qui a défendu les cages des Rout Léiwen à 49 reprises dans les années 2000.

S’il est impossible de trouver une feuille de route sur le site de la FLH répertoriant les différentes données des derniers remparts du pays, le natif d’Esch-sur-Alzette a, lui, visionné et découpé, avec l’aide d’un logiciel, l’intégralité des rencontres de la phase régulière (112 !) pour recenser les parades (dont il aime à le rappeler, interviennent «au bout de la chaîne, puisqu’il y a un travail de lecture de l’action et du geste avant») de tous les portiers de l’Axa League dans un document Excel, qui comporte aussi bien celles effectuées dans le jeu que dans l’exercice du jet de 7 mètres par exemple. «Pour nos propres gardiens, je le fais toujours, explique-t-il. Pour le reste ? Je l’ai fait pour moi-même afin d’avoir un indicateur global des performances.»

Et devinez quoi ? Ses protégés, le Luxembourgeois Auger (41 ans) et le Croate Mudrinjak (31 ans), le seul professionnel de l’effectif, qui se partagent le poste, trustent la première place du podium en flirtant avec la barre des 40 % de réussite (39 pour être tout à fait exact) devant leurs homologues dudelangeois et eschois (34 %).

«Ce qui ressort principalement, c’est que les gardiens les plus expérimentés sont dans la partie haute du tableau, détaille le Differdangeois. Après, si cela donne un bon aperçu, d’autres facteurs entrent bien évidemment en compte, comme la défense.»

Les parades interviennent au bout de la chaîne. Il y a un travail de lecture de l’action et du geste avant

Et Tom Janin de poursuivre : «Le nombre d’arrêts, c’est une chose, mais cela varie aussi en fonction du temps de jeu. Un gardien qui joue beaucoup comptabilise forcément plus de parades qu’un autre qui dispose de moins de temps de jeu.»

D’ailleurs, lorsque l’on jette un rapide coup d’œil au classement des play-offs dont les Red Boys occupent la tête avec respectivement une et deux longueurs d’avance sur le HBD et le tenant du titre Berchem, avec l’arrière-garde la moins perméable (192 buts encaissés en huit matches), on aurait tendance à dire que le tandem tient un rythme plus ou moins identique depuis l’entame du sprint final.

Mais si les gardiens differdangeois sont aussi efficaces, ce n’est pas seulement en raison de leur âge. Il y a une préparation de longue haleine réalisée en amont avec l’ancien international. Et sur plusieurs aspects. À commencer par la partie terrain où, en fonction des périodes, l’organisation diffère et est adaptée par rapport aux choix des séances de l’entraîneur principal.

«Un début d’entraînement peut être consacré à des tirs dirigés avec des consignes précises et selon plusieurs options. Il y a ce phénomène de répétitions pour l’entretien des techniques, des gestes. Et bien sûr, à la fin, des tirs classiques.»

J’essaie d’éviter de leur donner trop d’informations, ce n’est pas toujours avantageux

S’ensuit le volet vidéo : «Dans la semaine précédant chaque match, je leur transmets les informations nécessaires. J’essaie d’éviter d’en donner trop, ce n’est pas toujours avantageux. Je leur partage les activités de tirs de plusieurs joueurs adverses, ceux qui nous intéressent, énonce le Luxembourgeois.

Qui a parfait ses connaissances lors d’une formation suivie au sein de la fédération allemande et au contact de gardiens de haut niveau. Ce qui est également important, c’est de prendre des matches de l’équipe qu’on analyse, opposée à un adversaire qui joue une défense plutôt similaire à la nôtre.»

En parallèle, celui qui s’est mis sur le «tard» au handball, durant l’adolescence, après avoir pratiqué le judo, coache depuis 2021 les portiers des sélections nationales U17/U18 et U19/U20 au minimum une fois par semaine à l’INS.

«À l’époque, j’avais croisé Maik Handschke (NDRL : l’ancien directeur technique national, aujourd’hui sélectionneur des U17/U18 et des séniors) un peu par hasard à un examen. On a discuté et on s’était entendu pour dire qu’il y avait un manque», concède-t-il. En cinq ans, l’ex-international a «façonné» des garçons tels que Kell Meyers (Chênois Genève Handball/Suisse) ou Matush Lallemang (Käerjeng), qui ont déjà connu plusieurs convocations avec les A.

S’il se focalise davantage sur la répétition des gammes à Differdange avec les expérimentés Auger et Mudrinjak, en évitant d’instaurer une certaine monotonie, «l’approche est différente» avec les jeunes pousses dont il est en charge.

«En équipe première, nous sommes plus jugés par rapport à nos résultats. Alors qu’avec les jeunes, c’est plus une question d’évolution. On les voit grandir, on leur transmet notre savoir-faire pour les aider à s’améliorer», développe Tom Janin. Qui envisage, à terme, de se tourner vers le DTN pour la création d’un pôle dédié à ce poste essentiel et si particulier.