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Nappes phréatiques : «la recharge est très supérieure à la normale»


«Les réserves actuelles d’eaux souterraines sont suffisantes pour la production d’eau potable au niveau national», indique l’AGE. (photo archives Editpress)

Après plusieurs années difficiles, la tendance des niveaux des nappes phréatiques du pays est à la hausse. Malgré cette situation, la vigilance reste de mise.

Seulement quatre jours de précipitations et un record d’ensoleillement enregistrés au Findel, le mois de mars aura brillé par son temps exceptionnellement sec. Selon les données de l’administration de la Gestion de l’eau (AGE), ces conditions n’ont pas renversé la situation des eaux souterraines au Luxembourg. Magali Bernard, cheffe adjointe de la division des eaux souterraines et des eaux potables, note que «comme en 2023, la recharge est très supérieure à la normale».

Pour la seconde année consécutive, l’année hydrologique, qui s’écoule d’octobre à avril, a été marquée par une météo très favorable pour les nappes phréatiques. «Durant ces mois, les températures baissent, la nature s’endort, la végétation est en sommeil et cela favorise la recharge des nappes, si les conditions météorologiques restent propices», ajoute l’experte. Des conditions qui se sont révélées extrêmement bonnes puisque l’hiver hydrologique 2023/2024 a été arrosé par des précipitations en quantités abondantes, d’après les relevés de l’AGE.

Débits de sources élevés et des niveaux d’eau souterraine en augmentation, dans son bulletin publié le 16 avril, l’AGE indique que «les réserves qui ont été épuisées au cours des deux dernières années se sont réhabilitées partiellement au cours de l’année 2024. Les réserves actuelles d’eaux souterraines sont suffisantes pour la production d’eau potable au niveau national.»

Une situation qui tranche avec 2022. Une année dominée par la sécheresse où la période de recharge n’a pu débuter qu’en décembre au lieu d’octobre habituellement. «Octobre et novembre sont des mois importants car la saison favorise la récharge. En 2022, les sols ont eu du mal à se saturer en eau avant de permettre une infiltration en profondeur», rappelle Magali Bernard.

Pour obtenir l’ensemble des données qui concernent sources et nappes phréatiques du Luxembourg, l’AGE possède une dizaine de petits forages à travers le pays. Ces piézomètres de surveillance permettent de capter les nappes via des sondes qui relèvent les niveaux de celles-ci et suivent leur évolution.

Plusieurs fois par jour, l’AGE reçoit des données qui lui offrent un point de vue sur la recharge. En plus de cette méthode, des techniciens réalisent plusieurs fois par an des relevés. Magali Bernard ajoute que les fournisseurs d’eau participent également à cette collecte d’informations en récupérant des données au niveau des sources.

La vigilance reste de mise

Malgré «ces bonnes nouvelles», Magali Bernard appelle à rester vigilant. «Même si la situation est actuellement favorable, si nous enchaînons sur six mois successifs de sécheresse, cela pourrait avoir des conséquences négatives», explique-t-elle. «Les nappes ont besoin de précipitations régulières pour se recharger. Si ce n’était pas le cas dans les mois à venir, la reconstitution d’eau souterraine pourrait devenir insuffisante en fin d’année.»

Dans son rapport de début d’année, l’AGE appuyait cette notion de vigilance en notant que «les variations de niveau suivent souvent des cycles pluriannuels, de sorte qu’une seule période de recharge supérieure à la normale ne suffira pas à compenser à long terme les déficits accumulés sur les deux dernières décennies».

La consommation en eau
au Luxembourg

En 2019, l’administration de la Gestion de l’Eau a réalisé une étude sur la consommation de l’eau par secteurs. Ne disposant pas de données sur la consommation et la facturation au niveau des communes, les résultats restent de l’ordre de l’estimation. Chaque jour, quelque 120 000 m3 sont disponibles et consommés de la façon suivante :

– à 60 % par les ménages (base 135 litres/habitant/jour);

– à 23 % par l’industrie;

– 8 % par l’agriculture, dont : 7 % provenant du réseau, donc eau potable;

– 1 % provenant de prélèvements directs, via des captages privés;

– Le reste (8 %) représente de l’eau non facturée, soit une eau consommée par les communes ou dispersée par des fuites.