Le président strassenois, Luc Hilger, ne fait pas une fixette sur l’Europe, dont il rêve néanmoins avant le choc des quarts de finale de la Coupe entre le F91 et son club.
Votre dernière venue au Jos-Nosbaum (victoire 1-3 le 16 mars) s’est très bien passée…
Luc Hilger : C’est vrai qu’on avait fait un très bon match, mais là, c’est la Coupe, ça va être différent. Dudelange a beaucoup plus d’expérience, ils sont constamment dans le top 3, ils ont déjà fait le doublé… Pour moi, ce sont eux les favoris.
Mais on y va pour gagner, comme en championnat. C’est très rare pour nous de gagner à Dudelange, mais on espère revivre ça dès demain (ce soir)!
C’est donc usurpé de considérer votre équipe, qui présente le deuxième meilleur bilan de BGL Ligue en 2025, mais aussi depuis la prise de fonction de Stefano Bensi en novembre, comme la deuxième favorite à la victoire finale en Coupe derrière Differdange?
Disons qu’on a eu un peu de malchance avec le tirage. L’an dernier, on était en demies (défaite face au Swift), mais, avec tout le respect que je leur dois, on avait seulement battu Norden aux tirs au but, puis Weiler (D1) lors des deux tours précédents.
Cette année, c’est différent : on est allé jouer à Hostert (1-2 en huitièmes), où peu d’équipes gagnent, puis on va à Dudelange, et au prochain tour, si on passe, on affrontera probablement le Racing (opposé à Lintgen, formation de D2). Ce que je déplore un peu, c’est qu’on n’ait pas eu de match à domicile.
Cela changerait-il vraiment quelque chose de jouer devant votre public, sachant que votre club possède la deuxième plus mauvaise affluence moyenne de BGL Ligue*?
On est en ville, dans une banlieue, pas dans un village. Il y a environ 65 % d’étrangers à Strassen, et je pense que les gens ont du mal à s’identifier à notre club. On n’est pas les seuls : le volley gagne des trophées chaque année, mais en dehors des play-offs, il n’y a personne dans la salle!
L’enthousiasme est médiocre, c’est décevant, mais je pense que même si on gagnait la Champions League, on n’aurait pas une moyenne comme Differdange (957) ou Niederkorn (667). Ici, ce n’est pas comme dans le sud du pays, où les gens s’identifient davantage.
Le dimanche, les gens font autre chose. Je suppose aussi que les infrastructures y sont pour quelque chose. Ça fait des années que notre stade n’est pas très accueillant, et à partir de cet été, on n’aura plus d’excuses.
Votre nouveau stade peut-il changer la donne?
On aura quand même un très beau stade, et les gens ne pourront plus nous dire qu’on ne peut pas voir les matches de la buvette : tout est vitré! Avec ça, je pense qu’il y aura déjà plus de public.
Après, on verra ce qu’on peut faire pour attirer davantage de monde, mais c’est un débat éternel. J’en ai déjà parlé avec Paul Philipp. La fédé dit qu’on s’identifie plus avec des Luxembourgeois sur les feuilles de match, mais ce n’est pas vrai : en ce moment, on a Paddy Bock qui est titulaire, plus Cédric Baiverlin ou des jeunes comme Lucas Sever ou Bryan Almeida.
Tu n’incites pas une centaine de personnes en plus à venir au stade parce que les jeunes jouent. C’est un problème de société, et quand je vois les affluences annoncées dans les journaux, parfois, je n’y crois pas trop.
C’est un réel problème au Luxembourg : pourquoi des clubs de D1 comme Harlange-Tarchamps ou Kehlen ont plus de spectateurs que nous? C’est un mystère pour moi. On verra cet été où on aboutit avec le stade.
Une finale, voire un sacre, en Coupe, n’est-ce pas ce qu’il manque à Strassen pour intégrer pour de bon le club des équipes qui comptent en BGL Ligue?
On a quand même prouvé ces dernières années qu’on fait partie des cinq ou six meilleures équipes. Il faudra voir comment ça évoluera du côté de Hesperange la saison prochaine, mais je serais déjà très content qu’on se qualifie pour l’Europe par la voie sportive, pas comme l’année dernière où on avait été repêchés.
Ce serait vraiment magnifique pour le club. On fait déjà une bonne saison, mais on n’a encore rien atteint. Gagner la Coupe? C’est dans la tête de chacun, mais on reste humble et modeste. Mais être enfin capables, cette saison, d’être performants contre les gros, c’est clair que ça donne de la confiance.
Pour Matheus, il y a de l’intérêt de l’étranger, mais on fait tout pour le garder
Que changerait une victoire en Coupe ou, à défaut, une nouvelle qualification européenne dans la politique de votre club?
Rien. L’an passé, on a augmenté notre budget, et on a pu recruter des garçons comme Matheus (meilleur buteur du championnat avec 20 réalisations) ou Zachary Hadji qui nous ont énormément apporté.
Nous sommes en train de reconduire certains joueurs (Doddy Bopaka et Alexandre Sacras viennent de prolonger), on a déjà fait quelques transferts (dont celui du latéral droit de Rosport, Eric Brandenburger), mais on ne va certainement pas avoir la folie des grandeurs et devenir pros.
On va a priori prendre cinq joueurs, en misant en priorité sur des joueurs évoluant au Luxembourg, on va recruter dans chaque secteur et on aura envie de s’améliorer, mais jamais on ne dépensera l’argent qu’on n’a pas.
Jouer l’Europe en 2025/2026 n’est-il pas obligatoire pour garder des joueurs comme Matheus ou Hadji, justement?
Pour Matheus, il y a de l’intérêt de l’étranger, mais on fait tout pour le garder avec les moyens du bord. On a un avantage, c’est que sa femme (qui est volleyeuse au VC Strassen) a reçu un contrat de travail au Luxembourg pour plusieurs années.
Ça, c’est notre joker dans ce dossier. Si on n’avait pas ça, ce serait difficile de le garder. Quant à « Zac », on a une option sur lui, on aimerait le garder, mais c’est à lui de se décider.
À combien de pour cent évaluez-vous vos chances d’être européens la saison prochaine, sachant que vous jouez sur deux tableaux?
(Il rit) Je suis un mauvais joueur, je ne joue pas au casino! Mais si ça ne se concrétisait pas, ce ne serait pas un drame, plutôt une petite déception.
Avec tous les efforts qui ont été faits au niveau des joueurs, du staff, du comité, on mériterait l’Europe, même si ce n’était pas l’objectif initial. Mais si on n’y arrive pas, ça ne va pas nuire à nos transferts : on n’a pas besoin de jouer la Coupe d’Europe pour que nos recrues viennent.
* 224 spectateurs de moyenne. Seul le Fola fait moins (190).