Après l’annonce du décès du pape François à 88 ans, de nombreux Luxembourgeois se recueillent déjà dans la cathédrale Notre-Dame.
Pâques était censé être le jour de la résurrection. Il en fut tout autre pour les fidèles, ce lundi. Le pape François est décédé tôt dans la matinée, à 7 h 35. Il était apparu la veille à la télévision, en direct du balcon de la basilique Saint-Pierre au Vatican. La foule amassée sur la célèbre place Saint-Pierre voyait alors un Saint-Père affaibli, mais combatif face à la maladie.
À plusieurs centaines kilomètres de Rome, Luxembourg célébrait Pâques dans une ambiance morne. La tragique nouvelle s’est rapidement diffusée à travers le Grand-Duché. Dans la cathédrale Notre-Dame, depuis 10 h, la traditionnelle messe avait lieu. Le ciel grisâtre et la fine pluie ne décourageaient pas les visiteurs de s’aventurer sur le parvis et à l’intérieur de l’édifice.
Aux alentours de 11 h, des fidèles ont commencé à sortir au fur et à mesure. À l’annonce de la disparition du pape, les réactions sont unanimes. «J’étais tout étonnée. Je pensais qu’il était guéri», s’étonne Marie-José. Ne manquant aucune messe, la dame de 80 ans souligne l’authenticité du personnage. «Il a fait de son mieux. C’était un pape très ouvert, très proche des gens. J’étais là quand il est venu au Luxembourg, il s’est même rendu dans un bistrot boire un coup», raconte-t-elle souriante.
Même ressentiment pour Nicole qui ne manquerait pour rien au monde cette cérémonie. «Je viens comme toujours pour la messe, mais oui, on y pensait, surtout que son portait a été déposé. Au fond, j’ai été surprise et attristée comme tout le monde», relate-t-elle avant de répéter que le pape François était quelqu’un d’ouvert, qu’il était considéré comme proche des gens. Pour Marcel aussi, l’heure est au recueillement. «C’est triste. On savait qu’il était fatigué, on s’y attendait, mais ça fait un choc, surtout en cette période de Pâques», confesse ce Luxembourgeois. Sous sa casquette, l’homme de 73 ans rappelle aussi la venue marquante du souverain pontife au Luxembourg. «Quand il était venu, on avait pu le voir quand il passait avenue de la Liberté, c’était très fort comme moment et très important. Et maintenant, ça l’est encore plus.»

Les cloches sonnent le glas
Après la messe, les visiteurs sont nombreux à se promener autour et dans la cathédrale. À l’intérieur, un élément attire les regards et les attentions : la photo encadrée du défunt pape. En effet, le portrait trône sur les marches en aval de l’autel principal, installé sur un tissu rouge, entouré d’un cierge et de fleurs. Les badauds passent et s’arrêtent alors silencieusement devant le visage.
Certains le regardent attentivement, d’autres font le signe de croix, se baissant ou s’accroupissant légèrement en signe d’hommage et de respect. De nombreuses personnes s’installent sur les bancs face au chœur de la cathédrale. Ainsi, les gens se recueillent, s’accordent un moment de prière, sous le regard du pape. Pour le vicaire général de l’archidiocèse, Patrick Muller, un sentiment de chagrin émanait de la messe de Pâques.
«Par les personnes que j’ai pu voir, que j’ai pu entendre lors de la messe, c’était tristesse et surprise», rapporte-t-il. Le chanoine revient alors sur le déroulé de la messe dans la cathédrale Notre-Dame. «Nous avons placé le portrait du pape pendant la messe, puis, les cloches ont sonné le glas, suivies des cloches d’autres églises. Un appel est lancé aussi pour ce soir 18 h, où les cloches sonneront dans tout le pays», informe-t-il par ailleurs.
Dans ce lieu sacré, une foule s’y engouffre et le silence demeure. Quelques bruits de fond résonnent et des chuchotements circulent entre les colonnes. Parmi l’affluence de touristes et de fidèles encore présents, beaucoup viennent allumer des cierges devant le relief en mosaïque dorée. Puis, les cloches retentissent en communion durant un long instant.
De notre collaborateur Quentin Théophile
«C’est le jour de la résurrection»
Interrogé sur la personnalité et la singularité du Saint-Père, le vicaire général de l’archidiocèse, Patrick Muller, ne tarit pas d’éloges. «Le pape voulait représenter l’Église dans son ensemble, il était un représentant des personnes à la marge, des plus démunis, des réfugiés notamment. Il a su se montrer ouvert, en particulier avec les personnes de la communauté LGBTQIA+ avec la bénédiction des unions homosexuelles par exemple», dépeint-il.
Le vicaire évoque également avec nostalgie la récente venue du pape au Grand-Duché en septembre 2024. «Lorsqu’il est venu au Luxembourg, il a pris le temps de rencontrer des personnes en chaise roulante devant la cathédrale, puis il a aussi fait un passage dans un café pour boire une tasse. Bien sûr, au niveau de la morale et de la doctrine il était similaire à ses prédécesseurs, mais il était plus ouvert, il avait quelque chose en plus, il était proche des gens», raconte-t-il calmement.
Le chanoine revient alors sur la célébration de dimanche, à Rome, où le pape était encore bien présent. «Le pape a donné son dernier souffle pour son Église, les derniers mots qu’il aura prononcés auront été ceux pour la bénédiction. Donc c’est très fort», insiste-t-il. Des derniers instants de vie du pape, le vicaire y voit un signe. «On ressent une forte symbolique, car aujourd’hui c’est le lundi de Pâques, c’est-à-dire le jour de la résurrection», prononce-t-il solennellement.