Tadej Pogacar (UAE) grand favori de l’Amstel Gold Race s’est longuement échappé avant de se faire reprendre par le Danois Mattias Skjelmose et le Belge Remco Evenepoel. Au sprint, Skjelmose s’est imposé d’un rien devant le Slovène et le Belge.

On retiendra que c’est dans le Gulperberg, à environ 47 kilomètres de l’arrivée que Julian Alaphilippe lança la grande offensive du jour. Évidemment, Tadej Pogacar qui avait mis ses équipiers à rouler façon rouleau compresseur, depuis plusieurs dizaines de kilomètres, répliqua avec la diligence qui est la sienne.

Mais bien vite le coureur français de l’équipe Tudor, montra des limites pour jouer d’égal à égal. Alors dans le talus suivant, le Kruisberg, il s’en débarrassa comme d’une vieille chaussette. Le peloton, emmené par l’équipe EF Education avait subitement fondu des deux tiers.

Comme Tadej Pogacar n’était pas du genre à caler en cours de route, il fallait absolument sauver les meubles. C’est ainsi que Soudal-Quick Step de Remco Evenepoel fut mis à contribution, comme Lidl-Trek de Thibau Nys.

Mais rien ni personne ne semblait pouvoir changer le cours des choses. Une semaine après sa deuxième place dans Paris-Roubaix, deux semaines après son deuxième triomphe dans le tour des Flandres, on pensait que l’insatiable Tadej Pogacar fonçait tête baissée vers son premier succès dans l’Amstel Gold Race. Tandis que la poignée de rescapés qui naviguaient à vue, tentaient tant bien que mal, de s’accrocher aux branches dans une configuration de course déjà maintes fois entrevue pour peu que le champion du monde slovène soit au départ.

Bien sûr, jamais l’écart ne s’envola, mais Tadej Pogacar maîtrisait sa demi-minute d’avance avec la célérité du voyageur sur le quai de gare qui garde un œil fixé sur l’horloge et le tableau des départs et arrivées. On ne lui la ferait pas. Pas question de céder dans ce bras de fer dont il maîtrise tous les tenants et les aboutissants. Et pourtant même Remco Evenepoel, son rival numéro un annoncé, a passé des relais appuyés. Puis vint le contre du Danois Mattias Skjelmose à 32 kilomètres. Le coureur de Lidl-Trek se rapprochera à 25 secondes. Mais on connait la musique. Ce genre d’initiative est presque toujours voué à l’échec lorsque vous avez un gars comme «Pogi», qui roule plein gaz.

Evenepoel impressionnant

Même les efforts conjugués des coureurs de Visma-Lease a Bike paraissaient vains.

Alors, c’en était assez. C’est Remco Evenepoel en personne qui se lança guidon en avant à 26 kilomètres du but. Il récupéra Skjelmose qui affichait le masque «rien ne va plus». Alors le double champion olympique, tout juste vainqueur de la Flèche Brabançonne pour son grand retour, roulait pour deux dans le Limbourg néerlandais recouvert d’un manteau nuageux.

Après la deuxième ascension du Cauberg l’écart entre Pogacar et ses deux poursuivants était redescendu à une quinzaine de secondes. Une misère. Qu’allait-il advenir? Un léger doute apparut. Allait-il se relever? Attendre ses deux poursuivants pour mieux repartir de l’avant? Ou avait-il tout simplement enfin du plomb dans l’aile. Les vingt derniers kilomètres s’annonçaient étouffants.

Finalement, l’écart remontait tranquillement à l’approche de l’arrivée. Pourtant, tous ses poursuivants, le duo Evenepoel-Skjelmose et aussi ce qui restait du peloton avec Tom Pidcock, le vainqueur sortant qui passait des relais, semblait donner son maximum. D’ailleurs, jusqu’au bout du bout, aux trousses du Slovène, ils lui mirent une pression maximale. Dix secondes les séparaient de Pogi à dix kilomètres du but. Et le Slovène qui se retournait n’y était plus. Il s’alimentait, semblait d’un coup défaillant. C’était plié. Il serait repris. À précisément huit kilomètres du but.

Le suspense redoublait avant la dernière ascension du Cauberg. Le match à trois était passionnant. Tout se finirait au sprint. Un sprint serré. Sur la même ligne, on retrouvait les trois coureurs. Et contre tous les pronostics, c’est Mattias Skjelmose qui s’est offert dans l’ordre Tadej Pogacar et Remco Evenepoel. «Je n’y crois pas. Il y a quelque chose d’irréel dans cette victoire», a martelé le vainqueur dans l’aire d’arrivée.

Le Danois de 24 ans était co-leader de son équipe Lidl-Trek où on attendait davantage le Belge Thibau Nys, douzième.

Kevin Geniets (Groupama-FDJ), 43e, est le seul coureur luxembourgeois à avoir rallié l’arrivée. Victime d’une chute sans conséquence en début de course, le champion national a pu faire sa course normalement et a souvent été repéré en tête de peloton aux côtés de son leader, Romain Grégoire, septième à l’arrivée.