Magalie a emmené sa mère, en fauteuil roulant, voir Johnny Hallyday à Amnéville : pas de parking réservé et la fosse pour le concert. Le Galaxie s’explique.
La semaine dernière, Magalie Oliveira, de Volmerange-les-Mines, a emmené sa maman au concert de Johnny Hallyday, au Galaxie d’Amnéville. Atteinte d’une sclérose en plaque, sa mère a besoin d’un fauteuil roulant pour ses sorties. « Pour anticiper, j’ai appelé le Galaxie pour savoir s’il y avait assez de place pour les PMR [personnes à mobilité réduite] », témoigne la jeune femme de 31 ans. « Je me sentais un peu bête de demander cela aujourd’hui, en 2015. » Comme on lui répond qu’il y a « toujours assez de place », elle est « sereine ».
Mais rien ne se passe comme prévu. Le soir venu, ce mardi 17 novembre, le parking PMR est complet et un agent lui demande d’aller se garer beaucoup loin, près du Fitnessium. « J’ai laissé ma mère devant la grille, seule. Personne ne l’a prise en charge. » Pour rejoindre le Galaxie au plus vite , Magalie « coupe par les bois » avant de croiser « d’autres fauteuils roulants qui remontent cette rue en forte pente, et sombre ! ».
La mésaventure n’est pas terminée. Car les deux estrades réservées aux PMR sont pleines. La fille et la mère sont dirigées vers la fosse, « sur la deuxième ligne, légèrement surélevée, celle que personne ne veut parce qu’on ne voit rien. Ma mère s’est appuyée sur moi pour atteindre son siège. Dans le contexte des attentats, j’ai pensé qu’en cas d’évacuation, ce serait difficile », rapporte notre interlocutrice. « C e que voyait ma mère de la scène se limitait aux bas de dos de la foule devant nous. Il y avait plein d’autres fauteuils en fosse ! », s’indigne Magalie.
Le lendemain, Magalie envoie un mail énergique à Carole Revel, la directrice du Galaxie. Cette dernière lui répond immédiatement : « J’ai dit que j’étais désolée et que j’allais prendre les mesures nécessaires ». Le jour même, la direction embauche un agent de sécurité supplémentaire pour contrôler les entrées du parking PMR. « Nous avons toujours apporté toute notre attention à la question de l’accessibilité », appuie Carole Revel.
Cependant, ce soir-là, quatre jours après les attentats, le dispositif a été modifié. « D’habitude, on laisse les personnes handicapées accéder dans l’enceinte du Galaxie. Désormais, ne sont admises que celles qui conduisent elles-mêmes leur véhicule. »
Les autres sont dirigées vers le parking VIP-PMR. Archi-plein, donc, mardi dernier. « Les policiers municipaux qui régulent l’accès à ce parking n’interviennent qu’à partir de 17 h. Or, certains spectateurs arrivent avant. C’est pourquoi, après ce mail, nous avons mis en place un agent de sécurité supplémentaire à partir de 14 h », détaille Carole Revel. « Il y a plus de 400 places. C’est largement suffisant. »
Gérer les inconnues
Les fauteuils dans la fosse ? « C’est vrai, il y en a eu beaucoup pour Johnny. Ce n’est pas toujours le cas », explique Emmanuel Schuck, responsable de Centurial sécurité. La grande difficulté, « c’est de gérer les inconnues : dans leur majorité, les PMR ne s’identifient pas à l’avance. On doit s’adapter et on le fait le mieux possible. Pour exemple, ce public était deux fois plus nombreux pour Johnny et quatre fois plus pour les 2 000 Choristes qu’au spectacle de Foresti ». À l’inverse, l’emplacement réservé est parfois surdimensionné.
« Mieux vaut limiter que d’accueillir les gens dans des conditions déplorables ! », a encore écrit Magalie au Galaxie sans obtenir de réponse. « On a pris les mesures. Il n’y avait pas de question. Je ne peux pas passer la journée à écrire à une personne », explique Carole Revel, qui a fini par lui renvoyer un mail : « Il semble que vous voulez polémiquer ». De quoi relancer la colère de Magalie qui a décidé, vendredi, de raconter son histoire sur Facebook. Son post, partagé plus de 2000 fois, a ému la toile. « Je suis agent de voyages. J’ai souvent fait des courriers en bonne intelligence aux hôtels qui n’étaient pas adaptés », argue Magalie. « Le Galaxie devrait accepter mes remarques constructives ».