Drôle de surprise pour des policiers en mission. Ils ont vu le patron d’un salon de thé déposer une arme devant lui. Les agents, en civil, l’ont arrêté.
À la vue de son compagnon entrant menotté dans le tribunal de Metz, sa petite amie ne peut retenir ses larmes. Lui s’avance à la barre d’un pas hésitant et baisse la tête au moment de prendre la parole. «Je suis bête, je n’ai pas réfléchi», lance l’homme de 39 ans.
Le 15 avril dernier, des policiers suivent un scooter avec deux personnes non casquées. Le deux-roues s’arrête quelques mètres plus loin, avant de pénétrer dans un salon de thé à Metz. En observation, les forces de l’ordre voient un homme sortir un Glock (pistolet semi-automatique) dans le café et le poser sur une table. Ni une ni deux, l’individu, propriétaire des lieux, est interpellé, sans opposer de résistance. Durant sa fouille, une autre arme de catégorie B et des munitions sont retrouvées sur lui. Auditionné, l’homme reconnaît les faits : «J’ai acheté ces deux armes il y a 5 ans sur le darknet. S’il manque des balles, c’est que je me suis entraîné en tirant en l’air. Jamais de ma vie, je n’aurais pu tirer sur quelqu’un», lance-t-il, toujours avec un regard fuyant.
Des armes pour se défendre?
«Mais pourquoi avoir des armes sur soi?», questionne la présidente. «Pour me protéger», lui répond le trentenaire. Une affirmation qui interpelle la magistrate, qui essaye d’en savoir plus. «Je n’étais pas là, mais quatre hommes cagoulés sont entrés dans mon bar, il y a un mois. Je garde les armes sur moi par crainte», énumère le prévenu. Une «peur au ventre» accentuée par des remontées de ses proches, selon qui «des hommes voulaient me faire du mal». Aucune plainte n’a été déposée quant à cette intrusion. «Je règle mes problèmes seul», poursuit-il.
Le substitut du procureur ne l’entend pas de cette oreille : «On retrouve des armes dans des affaires de drogue, mais là, ce n’est pas le cas», «et là, on ne parle pas de la carabine conservée du grand-père». Problème, son casier ne va pas l’aider. Puisqu’il fait état de 18 condamnations depuis 2000, dont une dernière en 2021 pour port d’arme de catégorie D (couteau). Le substitut requiert un an de prison ferme assorti d’un mandat de dépôt. «Il a une forme de passion pour les armes, qui représentent pour lui un symbole de virilité. Depuis 2004, il n’y a qu’une seule condamnation, il est devenu un meilleur homme. Il a une famille avec deux enfants», affirme l’avocat de la défense en se retournant vers la compagne dont les yeux sont encore rougis. Une peine de 10 mois d’emprisonnement est prononcée, aménageable par le juge d’application (bracelet) ainsi qu’une amende de 2 500 euros.