Le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, ne cesse de souligner que son action visant à améliorer la sécurité intérieure – ou du moins le sentiment de sécurité subjectif – est guidée par la stratégie des «4 P» : plus de policiers, plus de présence sur le terrain, plus de proximité avec les citoyens et plus de prévention. Avoir mis l’accent sur une lutte renforcée contre la délinquance porterait ses fruits, avec notamment, en 2024, une baisse des vols avec violence (-11,12 % par rapport à 2023) et des cambriolages (-3,75 % pour les logements habités). Par contre, les coups et blessures volontaires (+5,46 %) sont en hausse.
Le bilan, fièrement présenté par le ministre, doit donc être nuancé. Et s’il souligne sa volonté de miser sur la prévention, dans les faits, Léon Gloden continue de miser sur une politique répressive, ce qui alerte notamment la Commission consultative des droits de l’homme (CCDH). Platzverweis renforcé, pénalisation «disproportionnée» de la mendicité, encadrement plus strict de la liberté de manifester ou encore extension de la vidéosurveillance des lieux publics : la CCDH s’inquiète du «recours systématique à la justification du maintien de l’ordre public pour la mise en place de mesures de plus en plus restrictives, répressives et attentatoires aux droits humains».
En ce qui concerne l’extension des injonctions d’éloignement émises contre de présumés fauteurs de trouble (allant de 48 heures à 30 jours), la CCDH n’est pas la seule à sonner l’alerte. Le Conseil d’État voit d’un œil très critique les dispositions inscrites dans le projet de loi. C’est aussi le cas des autorités judiciaires. Le risque que les agents de police ou les bourgmestres, qui y gagnent de nouveaux pouvoirs, prennent des décisions «arbitraires et discriminatoires» revient dans tous les avis. La proportionnalité de la mesure est fondamentalement remise en question. «Le simple fait (de) gêner, offenser, choquer ou déranger autrui ne suffit pas pour donner lieu à une restriction à la liberté de circulation», martèle la CCDH.
Malgré la volonté de rectifier le tir, qui se manifeste notamment par l’adaptation du cadre légal afin de pénaliser la seule mendicité agressive, il faut constater que le virage répressif initié par le gouvernement est mal négocié.