Alain Joncour, 54 ans, a été découvert mort dans son appartement de Montigny-lès-Metz, le 5 août 2024. Un câble électrique autour du cou, six coups de couteau dans le thorax et le visage tuméfié. Au mois d’octobre, sa famille a fait le rapprochement avec un fait divers survenu à Marseille, à la prison des Baumettes.
«Lorsqu’on nous a prévenus de son décès, nous avons pensé qu’il avait succombé à une crise d’épilepsie ». Nous sommes le 5 août 2024. Depuis plusieurs jours, les frères et sœurs d’Alain Joncour et son meilleur ami s’inquiètent de ne pas avoir de nouvelles. Alain Joncour, 54 ans, était de santé fragile. Reconnu handicapé, il souffrait notamment d’épilepsie. Lui, qui avait grandi dans divers foyers, avait pris son autonomie en s’installant dans son appartement de la rue des Vacons, à Montigny-lès-Metz.
Ce lundi 5 août, en fin de journée, les sapeurs-pompiers ont dû fracturer une fenêtre pour pénétrer dans le logement et ont découvert Alain Joncour, décédé, allongé sur le ventre, dans son salon. Aucune information quant aux circonstances de son décès n’est communiquée à la famille qui apprendra que celui-ci, dont le visage est tuméfié et le cou enserré par un câble électrique, a reçu six coups de couteau près du cœur. Ils le sauront par la presse quelques jours plus tard…
Meurtre aux Baumettes
Les semaines défilent. Pas d’interpellation. L’auteur du meurtre a sans doute pris la fuite. La famille se rapproche d’une avocate au Barreau de Metz, Me Hélène Tared. En octobre 2024, Christophe, l’un des frères d’Alain Joncour, apprend par la télévision qu’un détenu a sauvagement tué son compagnon de cellule. Le drame est survenu dans la cellule 504 du quartier arrivants de la prison des Baumettes, à Marseille. Robin Cotta, 22 ans, a été frappé et égorgé avec les tessons d’un bol en porcelaine. Cette affaire interpelle immédiatement Christophe qui fait le lien avec la mort de son frère. Me Tared en informe le pôle de l’instruction de Metz. Interrogé au sujet du meurtre de son codétenu, Abdelhalim Madaoui, 25 ans, avoue également celui d’Alain Joncour, deux mois plus tôt. Son ADN est retrouvé dans l’appartement de Montigny-lès-Metz et l’exploitation de son téléphone confirme son passage en Moselle au moment des faits. Au lendemain du meurtre, il a pris le train pour Marseille où il s’est fait arrêter, début septembre pour trafic de stupéfiants. Condamné à de la prison ferme, il a été incarcéré aux Baumettes.
Nous en savons désormais un peu plus sur les raisons qui ont conduit Alain Joncour à héberger Abdelhalim Madaoui. Arrivé à Metz depuis Caen, le jeudi 1er août 2024, ce dernier a cherché un endroit où passer quelques nuits. Une personne rencontrée à la sortie de la gare de Metz l’a conduite chez Alain Joncour. Contrairement aux premiers éléments de l’enquête, ils ne se sont pas rencontrés par le biais d’un site de rencontres. « Alain avait tellement le cœur sur la main qu’il a laissé sa propre chambre à cet homme qui lui était inconnu », indique sa sœur Christelle.
«Notre frère n’était pas un prédateur !»
Le mobile avancé par le suspect a choqué les proches de la victime. Abdelhalim Madaoui a accusé Alain Joncour d’avoir fouillé dans ses affaires et d’avoir tenté d’abuser de lui. « Notre frère n’était pas un prédateur ! », assurent Christelle et Christophe. « Et quand bien même ils se seraient disputés au sujet des affaires, il avait tout loisir de partir ». Le drame s’étant déroulé à huis clos, les accusations portées par Abdelhalim Madaoui sont invérifiables.
La famille est aujourd’hui dans l’attente des différentes auditions et expertises. Mais surtout, elle voudrait pouvoir vider l’appartement d’Alain, toujours sous scellés. « Pour pouvoir faire notre deuil et passer à la prochaine étape, celle du procès ». Ce qui ne sera pas possible avant la reconstitution. Il lui faut aussi consoler Mattéo, le neveu et filleul d’Alain, affecté d’avoir perdu ce parrain dont il était « tellement fier ».