Au terme d’un duel annoncé avec Tadej Pogacar, Mathieu Van der Poel (30 ans) a remporté dimanche son troisième Paris-Roubaix consécutif. Le Slovène qui était parti à la faute à 236 kilomètres de l’arrivée, termine deuxième.
Ça ne pouvait plus continuer comme ça. Il était 16h10 et Tadej Pogacar n’en finissait plus d’accélérer et d’accélérer encore. De manière insensée. Ils n’étaient plus que deux en tête de course sur ce secteur pavé habituellement anodin de Pont-Thibault. Il devenait presque évident qu’un des deux hommes de tête allait finir par craquer, victime de ce trop c’est trop…Peu de temps avant, Jasper Philipsen, qui accompagnait son coéquipier Mathieu Van der Poel en parfait troisième homme, venait de céder. Il ne restait donc plus que les deux grands favoris de cette course hors norme qui tenait toutes ses promesses. Entre «Pogi» et «MVDP», Chaque relance était bonne pour se faire la peau. Ce n’étaient plus des relais de brutes épaisses que les deux hommes et rivaux prenaient, mais de longues accélérations, visant à épuiser son seul rival.
Puis, au détour d’un virage à droite, à environ 38 kilomètres de l’arrivée, la fougue du Slovène de 26 ans, le déporta sur l’herbe où il s’emmêla les pinceaux, tandis qu’en pur spécialiste du cyclo-cross, Mathieu Van der Poel, qui avait pris le soin de marquer ses distances avant cette courbe de prime abord anodine, s’en sortit crème. Le Néerlandais n’avait plus qu’à prendre ses distances, ce qu’il réalisa avec l’abnégation et la précision chirurgicale qu’on lui connaît. C’était donc le tournant de ce Paris-Roubaix ébouriffant avec une élimination impitoyable. Chutes, crevaisons et autres avaries ont conduit les nombreux outsiders cités avant le départ, dans le grand feu de l’Enfer du nord.
Devant, Tadej Pogacar avait pris un coup dans les ailes et s’il ne les pliait pas complètement, le compte à rebours était lancé. Il avait une trentaine de secondes de retard lorsqu’il se risque à changer de vélo. C’était fini, il restait vingt bornes et les dés étaient jetés. À Camphin-en-Pévèle où le pavé sec luisait, l’écart se creusait encore. Mathieu Van der Poel ne butait pas, bien au contraire. Il avait le temps de songer à son triplé qu’il était en train de signer puisqu’il reste, depuis 2023, invaincu. Personne, et pas ce freluquet de de Pogacar, malgré son implacable succès la semaine passée sur le Tour des Flandres, ne pouvait changer le cours des choses.
Huit monuments chacun!
Les deux rivaux qui sont désormais à huit succès chacun dans les monuments, se seront de nouveau livrés une bataille de titans. Ils auront expulsé de leur incroyable duel, tous les autres prétendants, rendus de nouveau à leurs rôles de simples figurants. Que ça doit être dur à vivre pour ces réels champions, les Mads Pedersen, Wout van Aert, condamnés pour le moment à se contenter des miettes derrière ces deux monstres du moment.
La crevaison de Mathieu Van der Poel à 16 kilomètres de l’arrivée, n’y aura rien changé. Tadej Pogacar était déjà plongé sur le toboggan de la capitulation. Il avait encore une minute de retard en sortant du célèbre Carrefour de l’Arbre.
Paris-Roubaix était plié. On connaissait le premier, rayonnant et ivre de bonheur dans le dernier kilomètre après cette bagarre de doux dingue qui avait commencé dès le premier secteur pour connaître un premier sommet sur la Trouée d’Arenberg où déjà Tadej Pogacar avait confirmé ses grandes dispositions.
Mathieu Van der Poel sort vainqueur pour la troisième fois consécutive sur le vélodrome de Roubaix acquis à sa cause. Tadej Pogacar, son second pour sa première participation, recevait à son tour une standing ovation méritée. Il avait fini cramoisi et depuis des kilomètres serrait les dents en affichant un masque «rien ne va plus». Sur le vélodrome, gentleman, il saluait la foule acquise à sa cause, manière de prévenir qu’il reviendra en ces lieux mythiques. Puis les deux lutteurs finiront par une belle accolade pour ponctuer leur folle journée sur les pavés du Nord. «Mathieu était tout simplement le plus fort, mais je me suis quand même amusé», glissa Tadej Pogacar tandis que Mathieu Van der Poel a reconnu «avoir beaucoup souffert»
Pour la troisième place, cela se jouait entre Mads Pedersen, Wout Van Aert, et Florian Vermeersch qui finiront dans cet ordre.