Accueil | A la Une | [En coulisses] Les petites mains du Jardin des papillons

[En coulisses] Les petites mains du Jardin des papillons


Les employés s’assurent aussi que les terrariums soient bien humides. (Photos Julien Garroy)

Devenu un incontournable à Grevenmacher, le Jardin des papillons nous a ouvert ses portes, côté coulisses, pour une rencontre avec ceux qui créent ce cocon particulier.

C’est une véritable jungle en plein cœur de Grevenmacher. Le Jardin des papillons accueille chaque année près de 50 000 visiteurs et s’impose désormais comme un incontournable touristique pour le Grand-Duché. Mais si tout le monde le connaît, rares sont ceux à avoir eu un aperçu de l’envers du décor…

C’est donc sous un beau soleil de mois d’avril que nous avons poussé les portes de cette attraction, afin de comprendre comment fonctionne concrètement le Jardin des papillons, ouvert il y a maintenant plus de 36 ans.

Il faut dire qu’avec près de 600 m² de serre, il y a «beaucoup de choses à faire», admet en riant Maud Hansen, directrice des ateliers d’inclusion professionnelle de la Yolande Coop, dont fait partie le jardin.

Précision de la température (28 °Celsius à l’intérieur de la serre), mise en place des chrysalides sur des cordes, prise en charge des insectes décédés… Même si les papillons ne nécessitent pas particulièrement d’attention, il faut toutefois leur offrir un espace sain pour leur permettre d’éclore et de s’épanouir pleinement au sein du jardin.

(Photo Julien Garroy)

«Lorsque les chrysalides arrivent ici, nous les suspendons délicatement sur des cordes et veillons à garder une température correcte afin de permettre leur éclosion. Ça peut prendre de quelques heures à plusieurs jours, selon les espèces», explique Maud Hansen.

Jusqu’à ce que la chrysalide laisse place au papillon formé. «Nous ouvrons alors la porte pour les laisser s’envoler dans la serre et nous nettoyons l’habitacle. Il faut bien penser à enlever les chrysalides vides aussi.»

Un papillon vivant en moyenne deux semaines, les employés du jardin doivent également nettoyer régulièrement les allées et s’occuper des insectes morts. Ces derniers sont soit disposés sous les microscopes dans la salle arrière ouverte au public, soit jetés, tout simplement.

Des fruits pour nourrir les papillons

Le Jardin des papillons de Grevenmacher compte en tout une quarantaine d’espèces de papillons, toutes sélectionnées par l’équipe elle-même en début de saison. Elles proviennent majoritairement du Costa Rica et des Philippines.

«Nous travaillons avec une organisation qui gère nos commandes via de véritables fermes à papillons. Elle s’assure de l’éthique et de la qualité des insectes. Nous essayons toujours d’avoir une grande variété d’espèces, avec de belles couleurs, des formes différentes», détaille la directrice.

En début de saison, comme c’est le cas actuellement, l’équipe n’hésite pas à mettre la main à la pâte pour aider les lépidoptères à se nourrir correctement, en attendant l’arrivée de nouvelles fleurs dans les semaines à venir. Pour ce faire, des morceaux de fruits mûrs (et donc très sucrés) sont découpés et dispatchés aux quatre coins de la serre, afin de leur permettre d’aller se ressourcer en nectar.

Une grande attention est aussi portée au sol du jardin : il s’agit en effet d’un parterre spécial, fait de pierres de lave, qu’il faut mouiller régulièrement pour permettre aux papillons de se poser pour boire et profiter des nutriments du sol. Des petits secrets bien connus des employés, qui réalisent ce travail quotidiennement au milieu des visiteurs.

Aucun d’entre eux n’a d’ailleurs bénéficié de formation spéciale pour assurer ce type de travail. Tous apprennent sur le terrain et se forment en pratiquant avec les autres.

«Nous avons juste besoin de personnes mobiles, pour assurer les différentes missions, que ce soit dans le jardin, la brasserie ou l’espace de vente», rapporte Maud Hansen.

Un planning à l’aide de pictogrammes

Depuis 2011, les salariés du Jardin des papillons sont en grande majorité des personnes atteintes d’une déficience intellectuelle. Pour leur permettre de travailler correctement en toute décontraction, Maud et son équipe ont instauré cette année un nouveau planning journalier, fonctionnant à l’aide de pictogrammes.

Chaque étiquette représente une tâche sous forme d’image : lorsqu’elle a été réalisée, l’employé la glisse de l’autre côté du tableau pour signifier à son chef que son travail est terminé.

Un planning spécial est aménagé pour les employés du jardin. (Photo Julien Garroy)

«C’est beaucoup plus simple de cette façon-là. Nous testons des choses. C’est important que nos salariés sachent exactement ce qu’ils ont à faire et qu’ils puissent travailler de manière autonome. Nous faisons aussi un point chaque matin avant l’ouverture du jardin, et une grosse réunion d’équipe en fin de semaine, pour voir ce qui peut être amélioré, changé, etc.»

Un jardin irréprochable

Des places flexibles, en fonction aussi de la disponibilité mentale de chacun. Parce qu’au-delà des papillons, le jardin regorge également de plantes et d’autres animaux exotiques : caméléons, tortues, oiseaux… Et accueille de nombreux visiteurs, qu’il faut pouvoir surveiller aussi.

«On demande aux gens de ne pas toucher les papillons, par exemple, parce qu’ils sont très fragiles. Donc, en plus de leurs tâches quotidiennes, nos employés doivent aussi veiller au respect des règles dans la serre», raconte Maud Hansen.

Il n’y a pas que des papillons dans ce jardin! D’autres animaux viennent leur voler la vedette.

Ce vendredi matin, en pleines vacances scolaires au Luxembourg, ce sont surtout des groupes d’enfants en bas âge qui sillonnent le parcours du jardin de Grevenmacher. Devant l’émerveillement des enfants, les salariés, eux, restent concentrés sur leurs missions du jour.

Nettoyage des vitres du terrarium (attention à ne pas laisser filer un caméléon au passage!), humidification de l’air, rempotage de fleurs, ratissage du sol, ils sont quatre salariés à s’activer au milieu de la serre, imperturbables. C’est simple : tout est mis en œuvre pour offrir un jardin irréprochable aux visiteurs.

À l’accueil, une cinquième personne s’occupe de leurs arrivées et de leurs départs. Le Jardin des papillons n’accepte en effet que 60 visiteurs par heure, pas plus.

Une façon de limiter le brouhaha et de permettre une vraie expérience immersive en pleine jungle tropicale. «Ils doivent donc aussi évacuer les personnes pour permettre aux nouveaux arrivants de profiter du spectacle», sourit Maud Hansen.

Une machine bien rodée, qui peut aussi compter sur le soutien d’une vétérinaire, deux fois par semaine, qui réalise «des analyses» et apporte son lot de conseils pour l’épanouissement des différents animaux exotiques.

Car bien que l’environnement soit adapté spécialement pour leur offrir les mêmes conditions que dans leurs pays d’origine, des incidents peuvent toujours survenir. «Nous avons une petite serre à l’arrière où il nous arrive parfois d’isoler un oiseau blessé dans une cage, afin qu’il puisse y être soigné», développe la directrice.

Un travail tout au long de l’année

Un travail à temps plein qui ne s’applique pas uniquement durant les mois d’ouverture du jardin, d’avril à octobre. Tous les employés sont aussi mobilisés le reste de l’année, même lorsque le jardin est fermé au public. Il faut en effet pouvoir maintenir la température idéale pour les papillons et permettre aux autres animaux de survivre aussi.

«Nous réalisons aussi tous les gros travaux que nous ne pouvons pas faire lorsque les gens sont là : peinture de murs, grosses réparations, entretien des infrastructures… C’est aussi à ce moment-là que nous décidons quelles plantes nous allons reprendre et quels papillons nous allons faire venir», souligne Maud Hansen.

En attendant, au milieu du bruissement des ailes et des regards émerveillés, cette équipe discrète continue de faire tourner les rouages de ce petit monde coloré – pour que, chaque saison, la magie reprenne vie.

Nouveautés de cette année 2025

Si le jardin a déjà subi un lifting l’an passé, cette année, ce sont les différents panneaux d’informations au sein de la serre qui ont été retravaillés.

«Nous avions mis en place un audioguide l’année dernière et nous avons remarqué qu’il était très peu utilisé. Nous avons donc intégré des QR codes sur les panneaux d’informations pour inciter les visiteurs à y recourir. Tous nos panneaux ont été refaits : nous avons ajouté davantage d’informations», explique Maud Hansen.

Informations pratiques

Le jardin est ouvert tous les jours du 29 mars au 31 octobre de 9 h à 17 h. Les entrées ont lieu toutes les heures et la dernière est à 16 h. La réservation sur le site papillons.lu est fortement conseillée pour être sûr d’avoir des places.