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La Femme passe la Rockhal à la «Rock Machine»


Fanny Luzignant, l’une des deux chanteuses de La Femme a pris le public pour cible, ce jeudi. (Photos : julien garroy)

Quelques mois après la sortie de son sixième album Rock Machine, le groupe La Femme a joué, ce jeudi, à la Rockhal.

Blouson de cuir, lunettes de soleil argentées et guitare racée en forme de V, ce jeudi soir, le groupe La Femme débarque sur la scène du club de la Rockhal avec la ferme intention d’entraîner le public dans une chevauchée haletante et sauvage à travers son répertoire. Dans une gestuelle nonchalante, les coups de médiators frappent les cordes comme on enclenche une bécane, sur les synthés, les doigts se déchaînent tandis que, parées de cuissardes façon sixties, les deux chanteuses emportent la foule dans des couplets stridents. Étourdis par la moiteur, les nuages de fumée et les pluies de confettis argentés, tous ceux présents dans la salle se laissent aller dans ce mélange difficilement descriptible qui fait la singularité de La Femme, c’est-à-dire, de la pop teintée de références rock et yéyé, de la surf parée d’électro-industrielle. Mais surtout énormément d’amusement.

Légèreté et grands écarts

Tout juste de retour après une tournée américaine, la formation originaire de Biarritz se lance dans un nouveau marathon d’une cinquantaine de dates pour célébrer son dernier album Rock Machine. Habitude pour La Femme, ce disque prend à revers le précédent. Si Paris-Hawaï proposait des sonorités typées de l’archipel du Pacifique, le petit nouveau surjoue les clichés du rock des années 80, le tout dans des textes chantés en anglais avec un accent français extrêmement appuyé.

De l’ironie et des grands écarts que les fans adorent. «Ils ont un côté décalé, très fun, ils se renouvellent avec différents styles musicaux, c’est ça qui me plaît beaucoup» décrit Eleonore, venue depuis Virton en Belgique. «C’est un groupe avec un « turn over«  important au niveau des chanteuses. Ils ont d’ailleurs mis en lumière Clara Luciani à ses débuts», rappelle Alexandre, qui a fait la route depuis Guénange, en France. «C’est vraiment chouette sur scène. Je les ai vus en Suisse, il y a quelques semaines et c’est complétement parti en vrille, nous avons fait une bataille de boules de neige avec le groupe pendant le concert.»

Membre fondateur, Marlon Magnée a enchaîné les classiques du groupe pendant deux heures de show.

Ce 10 avril marque le grand retour de La Femme au Grand-Duché après deux ans sans avoir posé une semelle sur notre territoire. Contre-pied d’entrée, le groupe entre sur scène aux sons des cornemuses de Amazing, ultime chanson de leur dernier album, avant d’enchaîner sur My Generation. «We are the last generation from the old world, come on!», reprend la salle, où les ados côtoient des personnes de l’âge de leurs parents. Puis, Marlon Magnée, Sacha Got, Fanny Luzignant, Michelle Blades et le reste du groupe enchaînent avec Packshot puis La Femme, deux titres de leur tout premier disque Psycho Tropical Berlin. Sur le devant de la scène, Sacha Got met sa guitare sur le côté pour offrir des séquences de thérémine, un boîtier électronique équipé de deux antennes qui produit de la musique sans être touché. L’effet hypnotique est instantané.

En trois chansons, la foule se laisse aller dans ce voyage dans le temps et plonge à travers cet éclatant répertoire en bougeant les hanches façon yéyé. Où va le monde, Colorado, Sacatela, on savoure les classiques comme certains membres dégustent des verres de rouge sur scène. Les titres de Rock Machine tels que Clover Paradise, Venus ou Sweet babe s’immiscent sans mal dans ce déferlement de gourmandises. Point d’orgue de ces nouvelles créations, Ciao Paris! et son refrain, que tout le monde fredonnera l’air de rien, encore plusieurs heures après le show. 


Bienvenu à Belval-sur-mer

À la fin du concert, Benjamin et Pauline, un couple de Français installés au Luxembourg, souligneront «que le répertoire du groupe lui permet beaucoup de diversité». Une analyse qui se confirme dans la salle. Les paroles acides de Nous étions deux précèdent le défouloir de pogo généré par Foutre le bordel. La Femme finira par entraîner la salle dans son plus gros tube : Sur la planche. Pendant quelques minutes, Belval pointe sur la côte californienne et l’air de la Rockhal sent bon les embruns. C’est sans compter sur Autotaxi qui clôture le show en nous ramenant, toujours sur des sonorités surf, dans le trafic de l’A31 aux heures de pointe. «Prends le bus, prends le bus», scande la foule en voyant le groupe quitter ses instruments.

Il ne faudra que quelques minutes de réclamations pour faire revenir les vedettes. Pour trois chansons qui finissent de combler de bonheur un public en sueur. La prestation de La Femme s’achève sur I Believe in Rock and Roll, hymne fédérateur qui permet à Sacha Got et Marlon Magnée de montrer toute leur maîtrise de leurs instruments. Coups de vibrato, son distordu et poses caricaturales, le premier nous offre un solo tout droit sorti des années 80 tandis que le second fait tournoyer son synthé et harangue la foule qui n’en peut plus de remuer. Les notes n’en finissent plus de tournoyer, les synthés s’empilent, le refrain, le chant, la danse s’entrelacent et les confettis tombent dans une apocalypse que l’on aimerait interminable.

Avec sa Gibson Flying V, Sacha Got attire tous les regards.
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Sur scène, ils sont sept membres à faire danser la foule.
Créé dans les années 2010, le groupe a su conquérir toutes les générations.