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Du jamais vu de mémoire de policier


«Il n’était pas dans son état normal.» Le comportement du prévenu a choqué les policiers.

Certaines auditions de police sont plus faciles à réaliser que d’autres. Celle de Farid tombe dans la deuxième catégorie. Arrêté pour vol, il a donné des sueurs froides aux policiers.

«Je n’avais jamais vu cela», a constaté un commissaire aux nombreuses années de service. «Nous ne sommes pas parvenus à le calmer malgré la présence de son avocat.» Des heures durant, Farid, un Algérien de 34 ans, a donné du fil à retordre au policier et à ses collègues.

Il avait été arrêté dans l’avenue de la Faïencerie à Luxembourg-Limpertsberg vers 2 h le 7 décembre dernier avec Hafid, un Algérien de 27 ans. Tous deux sont suspectés du vol avec violence d’un iPhone. Pour s’en emparer, ils auraient donné un coup de pied dans la cheville de son propriétaire qui rentrait de soirée.

Immédiatement après les faits, la victime présumée avait croisé une patrouille de police avec laquelle elle avait fait le tour du quartier à la recherche de ses agresseurs qu’elle avait clairement identifié comme étant les deux prévenus. Selon les enquêteurs, ils étaient les deux seules personnes encore dehors à cette heure de la nuit.

«Si je voulais gagner de l’argent, je vendrais des stupéfiants»

Le duo nie le vol. Hafid dit ne plus du tout se souvenir de la soirée. «C’est formidable!», commente le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Farid, quant à lui, prétend ne rien avoir à faire avec le vol avec violence. «Je ne vole pas de téléphones. À la revente, cela vaut 5 euros. Si je voulais gagner de l’argent, je vendrais des stupéfiants», aurait-il indiqué aux policiers. Il se serait contenté de séparer deux individus qui se seraient battus dans la rue. «Regardez les caméras!»

Le juge lui explique que Hafid et lui étaient seuls dans la rue et que les constatations de la police correspondaient au témoignage de la victime présumée. De plus, Farid a déjà été condamné à 18 mois de prison dont 12 avec sursis pour une tentative de cambriolage d’une maison à Dudelange. Ce qui ne plaide pas en sa faveur. «Je n’avais rien fait», répond le prévenu. «Vous avez été victime d’une erreur judiciaire alors! Espérons que cette affaire n’en soit pas une deuxième», lui lance le juge, à deux doigts de perdre patience.

Crachats et autres fluides

Le duo était déjà dans le radar des policiers depuis quelques jours pour le même type de faits. Pour les enquêteurs, leur implication ne fait aucun doute. Pour le parquet non plus. Son représentant a requis une peine de 18 mois de prison avec sursis à l’encontre de Hafid dont c’est le premier fait d’armes ainsi que 30 mois à l’encontre de Farid pour le vol avec violences et l’outrage à agents.

Comme évoqué plus avant, de mémoire de policier, on avait «jamais vu cela». «Il nous a injuriés sans arrêt», rapporte le policier. «Il a sorti son sexe et a uriné au moins quatre fois au sol du commissariat.» Farid assure que les policiers l’auraient empêché de se rendre aux toilettes et se seraient montrés violents avec lui. Ce qui expliquerait son comportement. «Il fallait porter plainte à l’Inspection générale de la police alors», note le juge.

«Normalement, les personnes agitées quand nous les interpellons se calment au bout de 30 minutes ou d’une heure. Avec lui, cela a duré quatre heures», rapporte le témoin. «Nous n’avons pas eu cinq minutes de pause. Quand il ne nous insultait pas, il nous crachait dessus», ajoute son collègue. «Il s’en est pris à moi parce que je suis d’origine africaine. Il m’a traité de singe et de serviteur des Européens. Hafid, lui, voulait juste qu’on le laisse dormir.» Le policier s’est porté partie civile et a réclamé 1 500 euros.

Hafid n’a joué qu’un rôle passif dans l’affaire, selon son avocate Me El Handouz. «Il n’a été que spectateur des faits et pas auteur ou coauteur. Pas non plus complice.» Sa seule présence au moment des faits ne suffirait pas à l’accuser. « À moins qu’elle ait permis de faciliter l’infraction», précise l’avocate en citant la jurisprudence avant de plaider en faveur de l’acquittement pour son client.

Me Houplon précise à son tour que son client n’a pas commis de vol. Il reconnaît cependant avoir malmené les policiers alors qu’il se trouvait en état d’ébriété. «Il n’était pas dans son état normal.» L’avocat a, lui aussi, plaidé en faveur de l’acquittement de son client pour le vol avec violence. «Il n’y a pas de preuve, si ce n’est le témoignage de la victime présumée qui n’est même pas présente», ajoute-t-il avant de contester le quantum de la partie civile.

Le prononcé est fixé au 22 mai.

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