Les marchés boursiers mondiaux ont tous chuté lundi, plombés par la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Au Luxembourg aussi, l’incertitude économique inquiète.
Tous les spécialistes interrogés sont unanimes : la guerre commerciale lancée par Donald Trump constitue un épisode «inédit» pour l’économie mondiale, d’une «envergure historique». Les chutes à répétition, lundi, des différentes Bourses aux quatre coins du globe, sont d’ailleurs là pour en témoigner : il est bien connu que les marchés financiers n’aiment pas la «volatilité et l’imprévisibilité». Un cocktail explosif pourtant offert depuis quelques semaines sur un plateau par Donald Trump, qui a pris tout le monde (littéralement) de court. Avec un impact certain sur les économies étrangères.
«Les Américains, qui étaient toujours des fervents défenseurs du libre-échange et du libéralisme, ont choisi la voie complètement opposée. C’est logique que cela génère la pagaille et l’incertitude sur les marchés financiers aussi», relativise le directeur général de la Chambre de commerce, Carlo Thelen.
S’il est difficile pour l’heure de quantifier les effets des décisions du président américain sur le marché luxembourgeois, nul doute que ce dernier va toutefois souffrir ces prochaines semaines. «Il y aura un impact indéniable, direct et indirect, sur l’emploi et la finance au Luxembourg», assure le président de l’Aleba, Roberto Mendolia. Moins d’investissements, des restructurations dans les entreprises, des répercussions sur les prix… Pour lui, il y aura bien un «effet boule de neige» qui va toucher le Grand-Duché. «Tôt ou tard, tout le monde risque d’être touché», assure-t-il.
Un point de vue partagé par l’économiste de la Chambre de commerce, qui l’assure : «Il y aura des hausses de prix partout, alors même que nous étions en train de contrôler un peu l’inflation au niveau mondial», se désole Carlo Thelen.

Mille questions sans réponse
Des hausses qui vont surtout constituer un véritable frein dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment pour les équipements automobiles. Y compris au Luxembourg. «Même les producteurs européens qui sont basés aux États-Unis vont devoir importer des pièces européennes… Tout le monde va en pâtir.» D’où l’idée soumise lundi par la Commission européenne de proposer aux États-Unis une exemption totale pour les biens industriels : automobile, produits chimiques, pharmaceutiques, etc.
Mais Trump veut-il réellement négocier? Si oui, que veut-il monnayer? Y aura-t-il des marges de manœuvre pour l’Union européenne? Allons-nous introduire rapidement des réponses aux tarifs américains? Mille questions sur le bout des lèvres des analystes économiques. Aucune réponse concrète (pour l’heure) de la part de l’administration Trump.
Ce n’est pas une bonne chose pour notre économie
«Tout ce qui se passe dernièrement avec les États-Unis n’est pas une bonne chose pour l’économie luxembourgeoise. Nous sommes une Place petite et ouverte, qui vit grâce au commerce international, au libre-échange, au pluralisme. Là, ce ne sont que des barrières, des contraintes, des incertitudes. Ce n’est pas bon du tout, tout est remis en question», analyse Carlo Thelen, qui voit une seule solution : une réponse européenne, «commune, forte et proportionnée».
Avec 450 millions de consommateurs au pouvoir d’achat important, l’Union européenne semble en effet être un partenaire égal qui peut négocier avec les États-Unis. Mais encore faut-il vouloir négocier, savoir pourquoi et quoi. «On doit espérer que l’UE reste solidaire. Le Luxembourg ne pourra rien faire seul. Il faut tenir dans la même direction.»
