Il y a 17 ans, Dudelange était désigné champion… mi-mars. Un record de précocité qui semble aujourd’hui indépassable. Même pour ce Differdange au plus que parfait.
En arrivant à Grevenmacher (pour y gagner 0-2, buts de Gaël Hug et Joris Di Gregorio), le 16 mars 2008, Nasser Hammami, défenseur du F91, avait lâché dans un sourire cette phrase qu’on n’entendra plus prononcer avant très longtemps à un joueur sur le point de devenir champion : «Quand on est sacré aussi tôt, il ne faut pas s’étonner qu’il fasse mauvais». Dix-sept ans plus tard, après une saison quasi parfaite, Differdange, avec 17 pts d’avance sur… le F91, peut mathématiquement être couronné ce week-end, soit quand même un mois plus tard que ces lointains prédécesseurs de son actuel dauphin. Il fera peut-être plus chaud, mais il sera trop tard pour entrer dans les livres d’histoire, la place est déjà prise.
C’est l’effet de l’augmentation du nombre d’équipes en BGL Ligue, qui a joué contre un sacre anticipé du FCD03. Si l’on en était resté, comme à l’époque, à quatorze équipes, les hommes de Pedro Resende auraient été, grâce à leur goal-average, virtuellement sacrés car irrattrapables dès le… 17 mars, à l’occasion de la 21e journée. Soit un jour et une journée de championnat plus tard que le F91, qui aurait quand même gardé la main sur son record. Ce dernier, au moment de faire la chenille au stade Op Flohr, en était à ce bilan implacable : 19 victoires, 0 nul, 1 défaite, 57 buts pour, 9 buts contre. Le FCD03 balaiera peut-être ces statistiques du nombre de victoires, de défaites, de buts encaissés, mais la date, elle, est déjà passée depuis longtemps.
Éliminés par Pétange, comme eux?
La génération Joubert, Bellini, Rémy, Coquelet, Mouny, Souto, Bigard…, qui avait terminé sa saison 2007/2008 avec 21 points d’avance sur le RFCU va donc rester indépassable pour encore quelque temps en matière de précocité. Peut-être même est-elle indéboulonnable pour de bon. Mais les parallèles avec le Differdange de 2024/2025, il y en a plein d’autres, à établir. Notamment celui-ci, inquiétant pour Geoffrey Franzoni et ses coéquipiers : cette saison sensationnelle de 2007/2008 s’était arrêtée en quarts de finale de la Coupe pour le F91, éliminé par… Pétange (0-1), que Differdange doit visiter justement pour essayer de se qualifier pour les demies, dans quinze jours.
Cela n’empêchera pas une fiesta sur canapé, dimanche, en cas de victoire sur Bettembourg samedi et de contre-performance du F91 contre Mondorf le lendemain. Même si Resende et ses gars regretteront sûrement de ne pas pouvoir communier avec leurs fans au coup de sifflet final. Un petit plaisir qu’avaient vécu les Dudelangeois.
Comment faisait-on la fête, en 2008, d’ailleurs? Le F91 célébrait alors son quatrième titre consécutif. Il avait la force de l’habitude. Jonathan Joubert avait débarqué à Grevenmacher avec un caméscope, histoire de garder des images. Un karaoké s’était improvisé dans le vestiaire. Michel Leflochmoan, bien qu’il se soit fendu d’un «un on ne va pas se mettre un nez rouge et danser sur la table» qui lui ressemblait bien, avait fini rhabillé par les supporters du club, flanqué d’un «bomber» noir avec tête de mort dans le dos. Une autre époque. Éloignée de 17 ans. Mais surtout d’un mois.