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[Série] Black Mirror : dans l’enfer de la modernité


Le Britannique Charlie Brooker est habitué à imaginer le pire dans Black Mirror, sa série d'anticipation à succès dont la septième saison sort dès ce jeudi sur Netflix. (Photo : netflix)

Depuis 2011, Black Mirror met l’humanité en garde contre les dérives des nouvelles technologies. Son créateur, Charlie Brooker, se confie, juste avant la sortie de la septième saison.

Pour lui, «nous vivons dans un monde dystopique». Le Britannique Charlie Brooker est habitué à imaginer le pire dans Black Mirror, sa série d’anticipation à succès dont la septième saison sort dès ce jeudi sur Netflix. Mais cela «crée plus d’appétit pour le divertissement», a ajouté le scénariste, rappelant que la «maladresse humaine» est plus à craindre que «les avancées technologiques» au cœur de ses histoires. Il lève le voile sur les six nouveaux épisodes à venir.

À quoi ressemblera la nouvelle saison, deux ans après la précédente ?

Charlie Brooker : Ce sont toutes des histoires à forte composante technologique. Il y a quelques épisodes qui sont assez désagréables et vous mettent un coup dans le plexus, dans la veine des débuts. Il y a aussi pas mal d’épisodes émouvants. Et pour la première fois, nous faisons une suite, en poursuivant l’intrigue d’USS Callister, un épisode de la quatrième saison.

Avez-vous retrouvé de l’inspiration ?

Pendant un moment, j’ai eu l’impression que la technologie plafonnait un peu, que nous n’avions plus de réelles innovations, mais juste la sortie d’un nouvel iPhone légèrement plus brillant, avec quelques caméras en plus à l’arrière. Maintenant, on dirait que c’est reparti : les gens parlent de ChatGPT, des vidéos deepfake…

L’humanité mettra fin à l’humanité

D’où viennent vos idées ? Suivez-vous l’actualité ?

J’essaie d’éviter en ce moment. Je suis une sorte de fan de technologie, donc j’essaie de lire sur le sujet et de rester à jour, mais pas pour y trouver des idées d’histoire. Elles viennent d’ailleurs généralement simplement de mes observations de la vie de tous les jours.

En novembre 2016, après l’élection de Donald Trump, le compte Twitter de Black Mirror a tweeté : « Ce n’est pas un épisode. Ce n’est pas du marketing. C’est la réalité.«  Vivons-nous dans Black Mirror ?

J’espère que non. Le présent dans lequel nous nous trouvons est assez dystopique. Mais notre série aborde les choses d’une manière légèrement inhabituelle, donc j’espère que le monde ne se met pas à refléter nos épisodes. C’est difficile en tant qu’humain de vivre dans un tel monde, mais cela crée peut-être aussi plus d’appétit pour le divertissement.

La technologie entraînera-t-elle la fin de l’humanité ?

L’humanité mettra fin à l’humanité. La maladresse humaine est plus problématique que la technologie, qui n’est qu’un outil. Votre montre est une technologie, votre téléphone aussi, mais vous pourriez probablement me battre à mort avec parce que je suis assez faible. Je suis assez neutre vis-à-vis de la technologie elle-même, j’y suis même plutôt favorable. La série ne montre pas que la technologie est mauvaise ou malveillante. Mais il y a une maladresse ou une série de conséquences logiques qui se produisent et causent le problème. D’une certaine façon, nous sommes le problème.

L’intelligence artificielle menace-t-elle votre métier ?

On peut espérer que non. Il y a toujours quelque chose de fade dans ce que l’IA produit. C’est vide, sans âme… Donc j’aimerais penser que les gens voudront toujours un peu de désordre humain, parce que l’art, c’est un humain qui essaie de communiquer avec d’autres humains. Mais qui sait? L’IA est un outil qui peut être utilisé pour la création, qui a de la valeur si c’est utilisé correctement. Mais il faut toujours un humain pour la guider.

Black Mirror (saison 7), de Charlie Brooker.  Dès jeudi sur Netflix. 

Quelques épisodes cultes

Conçue comme une anthologie, sans personnages récurrents, ni chronologie, la série Black Mirror peut se regarder librement, sans suivre dans l’ordre les saisons, ni les épisodes. Le Quotidien en profite et dévoile ses coups de cœur.

Saison 1, épisode 1 – The National Anthem

Un membre de la famille royale britannique est pris en otage et, selon les exigences du ravisseur, ne sera libéré que si le Premier ministre fait l’amour avec un cochon en direct à la télévision… Un démarrage à couper le souffle.

Saison 2, épisode 1 – Be Right Back

Après le décès de son compagnon, une jeune femme expérimente un service d’accompagnement au deuil qui lui permet d’interagir avec une copie du défunt… Un plongeon, si actuel, dans les méandres de l’intelligence artificielle.

Saison 3, épisode 1 – Nosedive

Dans un monde où chacun note autrui via une application, rendant toute interaction précieuse et risquée, une jeune femme va transformer sa vie en enfer… La quête de popularité sublimée dans un épisode cinq étoiles!

Saison 3, épisode 4 – San Junipero

En 1987, dans une ville de bord de mer, une femme timide et une autre extravertie nouent un lien puissant qui semble défier les lois de l’espace et du temps… Un des rares épisodes optimistes pour une célébration de l’humanité.

Saison 4, épisode 4 – Hang the DJ

Frank et Amy participent à une application de rencontres où toute relation a une date de début et de fin… Difficile d’imaginer qu’un simple rendez-vous d’une durée déterminée à douze heures amène à l’histoire la plus romantique de Black Mirror.