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France : rassemblement de l’extrême droite en soutien à Le Pen dans un climat de tensions


De source policière, 8.000 personnes sont attendues au meeting du RN (Photo : afp)

Deux ans avant la présidentielle en France, l’extrême droite organise dimanche à Paris un rassemblement de soutien à sa cheffe de file, Marine Le Pen, condamnée à une peine d’inéligibilité, dans un climat de tensions avec des contre-manifestations attendues dans la capitale.

La lourde condamnation en première instance du premier parti de France, le Rassemblement national (RN), dans l’affaire des assistants parlementaires européens pour détournement de fonds publics, et l’hypothèse sérieuse de l’inéligibilité de Marine Le Pen, l’une des favorites de la prochaine présidentielle de 2027, ont mis la classe politique en tension.

D’ici l’été 2026, la cour d’appel de Paris doit se prononcer sur le sort de la triple candidate à l’élection présidentielle, condamnée en première instance à quatre ans de prison dont deux ferme, ainsi qu’à une peine d’inéligibilité immédiate de cinq ans. La patronne du groupe RN à l’Assemblée nationale se montre combative et n’entend pas d’ores et déjà passer le flambeau au président de son parti, Jordan Bardella.

« Notre combat (…) sera (…) un combat pacifique, un combat démocratique. Nous prendrons exemple sur Martin Luther King qui a défendu les droits civiques » car « ce sont les droits civiques des Français aujourd’hui qui sont mis en cause », a déclaré dimanche Marine Le Pen par visioconférence aux congressistes de la Lega italienne, le parti anti-immigration de Matteo Salvini, réunis à Florence.

A l’Assemblée nationale, le RN a dénoncé des « juges tyrans », selon les mots du député Jean-Philippe Tanguy, appelant à un rassemblement de soutien à Mme Le Pen, qui se tiendra à 13H00 GMT devant les Invalides, un monument emblématique de Paris qui abrite le tombeau de Napoléon.

« Mauvais remake du Capitole »

De source policière, 8.000 personnes sont attendues au meeting du RN, avec la présence possible en marge de ce rassemblement de militants d’ultragauche, mais aussi d’ultradroite.

Le Premier ministre centriste, François Bayrou, a jugé qu’il n’était « ni sain ni souhaitable » d’organiser un rassemblement pour protester contre une décision de justice.

Même son de cloche à droite: Xavier Bertrand, le président de droite de la région des Hauts-de-France, terre d’élection de Mme Le Pen, redoute la perspective d’un « mauvais remake du Capitole », en référence à l’envahissement du Congrès de Washington par les partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021.

« Ce n’est pas une manifestation contre des juges » mais « pour la démocratie, pour Marine Le Pen, pour la souveraineté populaire », a rétorqué le vice-président du RN, Sébastien Chenu.

Ce dernier a toutefois de nouveau critiqué une décision de justice « inique » et une « exécution provisoire qui en fait est l’exécution politique de la principale leader politique française ».

Mme Le Pen a aussi été soutenue par des dirigeants étrangers illibéraux et proches de l’extrême droite. Le président américain Donald Trump et son vice-président JD Vance ont dénoncé une prétendue « chasse aux sorcières » menée par des dirigeants européens « gauchistes ». M. Bayrou a fustigé une « ingérence » étrangère.

Le parti de la gauche radicale La France Insoumise (LFI) ainsi que les écologistes organiseront au même moment un contre-rassemblement face au RN, place de la République à Paris, à quelque 5 kilomètres de distance des Invalides. Le RN montre son « vrai visage », celui d’un parti « dangereux pour la démocratie », a estimé dimanche le coordinateur de LFI, Manuel Bompard.

Un autre meeting, qui était lui prévu depuis des mois, s’est ouvert en début d’après-midi à Saint-Denis, au nord de Paris, à l’appel de Renaissance, le parti centriste proche du camp présidentiel.

L’ancien Premier ministre Gabriel Attal, qui dirige cette formation, a battu le rappel après l’annonce du rassemblement du RN, pour défendre « l’Etat de droit ». A l’ouverture de son meeting, M. Attal a accusé l’extrême droite « d’attaquer nos juges » et « nos institutions ».