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Columbine à Lallange : le danger n’est pas écarté


Ryan a expliqué être devenu «plus tolérant» et s’être «juré de ne plus être violent» ou en colère.  (Photo : archives lq)

Une thérapie paraît incontournable pour éviter tout risque de passage à l’acte violent. À 17 ans, Ryan a mis le FBI en alerte par ses propos laissant supposer le pire.

Il y a trois ans, Ryan menaçait de reproduire la fusillade de Columbine au lycée de Lallange à Esch-sur-Alzette. Aujourd’hui, il dévore les philosophes stoïciens : Nietzsche et Machiavel. Le stoïcisme prône, indique Wikipédia, «l’acceptation sereine du destin et la maîtrise de soi, en s’efforçant de vivre en accord avec la nature et en se détachant des émotions perturbatrices».

Le prévenu semble avoir fait du chemin depuis ses 17 ans quand il détestait tout le monde – particulièrement son père – et avant tout lui-même ou l’image dévalorisante que son père lui renvoyait. Un père violent et dénigrant pour lequel rien de ce que son fils faisait n’aurait jamais été assez bien. À la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, hier matin, Ryan a expliqué être devenu «plus tolérant» et s’être «juré de ne plus être violent» ou en colère.

«Cela salirait mon âme», précise-t-il avant d’ajouter que «dans la vie, on récolte ce que l’on sème». Une citation proverbiale qui a fait bondir le président du tribunal. Le juge suppute qu’elle ait pu lui avoir été inculquée par ses thérapeutes et qu’il se contenterait de la répéter pour créer un écran de fumée. «Je suis vacciné de ma fascination pour la violence et la mort», poursuit Ryan qui prétend ne jamais avoir été un danger pour personne. «J’étais immunisé contre certaines choses et je n’avais pas réalisé que ce n’était pas le cas pour d’autres.»

Selon lui, il n’aurait jamais eu l’intention de mettre ses menaces à exécution. Il s’agissait juste d’une «provocation » et de «répondre aux personnes qui me harcelaient dans une langue qu’elles étaient à même de comprendre» tout en «relâchant la pression». Pourtant, les menaces du jeune homme sur les réseaux sociaux paraissaient suffisamment graves pour être prises au sérieux par le FBI, la DGSI en France, où il réside, et la section antiterroriste de la police judiciaire grand-ducale.

Une sacrée claque

En plus d’annoncer préparer le massacre qui devait faire un nombre record de victimes, Ryan avait tout décrit dans son journal intime et aurait remué ciel et terre pour trouver des armes et passer son permis de port d’armes à sa majorité ainsi que terrorisé ses professeurs par son attitude. Le jeune homme assis sur le banc des prévenus ne paraît pas bien dangereux. Il a tout au plus l’air perdu des adolescents attardés, geeks sur les bords, qui se complaisent dans des réalités alternatives où ils sont les héros.

À la barre, sans avocat, il s’affirme un peu plus et confirme les recommandations de l’expert psychiatrique. Ryan a à tout prix besoin de suivre une thérapie pluridisciplinaire pour ne pas retomber dans la violence et éviter tout risque de passage à l’acte. Le jeune homme, s’il ne souffre pas de psychose ou de psychopathie, partagerait cependant des traits de personnalité communs avec les auteurs de tueries de masse qu’il a idolâtrés et auxquels il s’est identifié.

Ryan doit être surveillé comme le lait sur le feu. Même s’il affirme s’être tenu à carreau depuis 2022. «J’ai pris une sacrée claque.» Notamment lors de son interpellation musclée par les policiers français après son signalement. Selon la représentante du parquet, ce n’est qu’en partie vrai puisqu’une autre instruction l’impliquant est en cours. «Son suivi doit être pris au sérieux», a-t-elle conseillé après avoir requis une peine de deux ans de prison assortie du sursis probatoire à son encontre.

«Le danger n’est pas écarté» et le prévenu a besoin d’une thérapie pour lutter contre ses démons. «Une injonction thérapeutique est incontournable.» Le prononcé est fixé au 22 mai prochain.
La police ne lui a pas laissé le temps de mettre son plan à exécution. Il n’a pas pu «déclencher la sélection naturelle» et ne s’est pas «vengé» en courant «dans le lycée en uniforme SS en tuant tout le monde» pour «les effacer de ce monde». Il écrit également vouloir se suicider ensuite pour devenir célèbre. «Columbine sera une blague à côté de ma tuerie.» «Mon chef-d’œuvre», écrit-il dans son journal intime. «J’espère devenir le plus grand tireur scolaire de tous les temps.»

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