Accueil | A la Une | Réaménagement à Gasperich : une approche participative de façade ?

Réaménagement à Gasperich : une approche participative de façade ?


Toute la rue de Gasperich passera en zone 30 au terme des travaux dont la fin est programmée pour fin 2026. (Photo : Julien Garroy)

C’est ce qu’ont dénoncé les partis d’opposition alors que le conseil communal de la Ville de Luxembourg votait ce lundi le vaste projet de réaménagement de la rue de Gasperich.

Le projet de réaménagement de la rue de Gasperich a été voté lundi au conseil communal de la Ville de Luxembourg, au terme d’une passe d’armes sur la question de la participation citoyenne. Des travaux sur cet axe très fréquenté de la capitale devraient débuter ces prochaines semaines pour une livraison programmée fin 2026.

Dans le détail, ils concernent le tronçon entre la route d’Esch et le rond-point vers le Mühlenweg. Il est prévu de renouveler toute la chaussée, d’adapter le tracé, d’élargir partiellement les trottoirs et d’assurer la sécurité et l’accessibilité des passages pour piétons et arrêts de bus aux personnes à mobilité réduite.

Toute la voirie publique sera revue, avec un changement majeur pour tous ceux qui empruntent cet itinéraire pour couper vers Howald ou Hollerich : la limitation de la vitesse autorisée à 30 km/h, contre 50 km/h actuellement – sauf devant l’école où une zone 30 est déjà en place.

Une enveloppe de 8,7 millions d’euros

Sur la portion située entre la route d’Esch et la rue Beethoven, le projet prévoit un trottoir d’environ 3 mètres de large qui accueillera à la fois une piste cyclable et un chemin piéton côté pair, tandis qu’en face, côté impair, un chemin mixte a été préféré.

En plus de la transformation en zone 30 de toute la rue, un passage surélevé et bien visible avec un enduit de couleur beige sera installé devant le foyer scolaire et l’école entre les intersections avec les rues Rossini et Verdi. En parallèle, sous-terre, des travaux seront menés sur les canalisations, les réseaux d’eau, de gaz et d’électricité, l’éclairage public et même le wifi. Le tout pour 8,7 millions d’euros.

Coup de gueule des Verts

Examiné par deux fois en commission et discuté à plusieurs reprises avec les habitants lors de réunions publiques depuis un an et demi, le projet final a soulevé des doutes dans les rangs de l’opposition.

Tout en reconnaissant une certaine amélioration, Christa Brömmel a ainsi estimé pour les Verts que le projet retenu n’allait pas assez loin : «L’infrastructure prévue pour les vélos ne fait qu’un tiers de la rue, certains trottoirs ne seront pas étendus alors qu’ils ne mesurent que 40 cm par endroits, il manque des espaces de rencontre et même en limitant la vitesse, rien ne dit que ce sera respecté.»

Cela n’a pas de sens de mener un travail d’opposition dans ces conditions

Des éléments qu’elle avait pointés dès 2024 dans une motion demandant de repenser le projet en tenant davantage compte des remarques des riverains.

Démarche qui aurait été tuée dans l’œuf par la décision du collège échevinal de poursuivre avec ce projet en l’état : «Au moment de l’examen en commission, ma motion n’avait plus d’objet. Cela n’a pas de sens de mener un travail d’opposition dans ces conditions», a déploré l’élue, décidant de retirer sa motion à l’ordre du jour en signe de protestation, soutenue par ses collègues. «Vous n’êtes pas à la hauteur de votre approche participative.»

Les abords du foyer scolaire et de l’école seront sécurisés par un passage surélevé. (Photo : Julien Garroy)

La socialiste Maxime Miltgen a ajouté qu’il était «inacceptable de ne pas avoir plus associé les habitants», y voyant «une occasion ratée». Même ligne pour le conseiller de la Gauche, David Wagner, qui a fait remarquer à la majorité que le syndicat d’intérêts locaux de Gasperich, très actif et ayant formulé de nombreuses propositions, aurait pu être plus impliqué.

La topographie limite les possibilités

Face à cette fronde, le conseiller CSV Bob Biver a rétorqué que les services techniques de la Ville avaient justifié maintes fois, face aux riverains, puis de nouveau en commission, quels aménagements ne pouvaient pas se faire et pour quelles raisons.

Vu la topographie des lieux, impossible d’élargir davantage les trottoirs : les bus ne pourraient plus se croiser. Idem pour la suppression potentielle du rond-point, un temps évoquée : la circulation des bus serait compromise, alors que les habitants réclament justement une meilleure desserte du quartier par les transports en commun.

«Prendre des décisions, c’est ce qu’on fait»

La remise en cause de l’expertise des services communaux n’a pas plu à Claude Radoux (DP), qui a salué leur travail et la tâche compliquée de la bourgmestre, jugeant illusoire de pouvoir satisfaire tout le monde dans ce genre de projet. «Parkings, commerces, zone 30, arbres, pistes cyclables : personne n’a les mêmes intérêts, or nous devons trouver des compromis.»

Lydie Polfer a conclu en faisant remarquer que peu de projets avaient autant été discutés que celui-ci, et que même l’opposition avait reconnu l’amélioration significative qu’il apporte. «C’est essentiel d’échanger avec les habitants, mais il faut bien prendre des décisions, et c’est ce qu’on fait.» Le projet a été adopté avec les voix de la majorité, l’adr ayant voté contre, les autres partis d’opposition s’étant abstenus.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .