Personne au pays n’utilise aussi peu de joueurs pour tenir toute une saison. Et les marathoniens du Victoria, qui tirent la langue actuellement, vont bientôt franchir la ligne d’arrivée.
En journalisme, on appelle ça un marronnier. Un évènement qui revient chaque année, irrémédiablement, et suscite les mêmes constats. Comme l’achat des fournitures scolaires, toujours trop chères, avant la rentrée, ou le «Dry January», toujours trop clivant, après les fêtes. Le marronnier de printemps, en BGL Ligue, c’est ce Victoria qui compose systématiquement avec les moyens du bord et finit par s’en sortir par la force des volontés de son effectif restreint. Et elle est monumentale, cette force, à en croire les chiffres.
Dimanche, Rosport visite Bettembourg, qui espérera en profiter pour sortir de la zone des barrages. Mais Martin Forkel a fait ses comptes : s’il s’impose non loin du Parc Merveilleux, il comptera 10 points d’avance «et alors on sera presque maintenus». L’effectif pour cette mission, après cinq matches nuls consécutifs en DN, se composera presque tout seul : le Victoria est l’équipe qui a utilisé le moins de joueurs cette saison. Par utiliser, l’on veut dire aligner des garçons sur au moins un match et au moins 30 minutes. Ce chiffre, c’est dix-sept. Neuf joueurs de moins que le Fola, recordman en la matière, huit de moins que Mondercange, sept de moins que Rodange… tous d’autres candidats au maintien et moins bien classés en ayant la possibilité de rafraîchir selon leur bon désir.
Recordman des joueurs à plus de 1 000 minutes
On jurerait qu’un chiffre comme ça a des répercussions physiques sur le groupe, au long d’une saison de dix mois. Mais à écouter Martin Forkel, le problème n’est que psychologique : il fait vivre… le staff dans un état de tension permanent. «Heureusement, ces deux dernières saisons, on n’a jamais eu beaucoup de blessés et presque aucun pépin musculaire. Parce qu’avec un effectif aussi réduit, on peut tenir quand on a deux ou trois absents. Mais quand on passe à quatre ou cinq…»
Ce choix de la quantité pour privilégier la qualité, le club de la Sûre l’a fait depuis un petit temps déjà. Cela lui réussit plutôt bien et cette saison, Forkel, qui s’avoue satisfait des performances, n’a qu’un reproche à faire à ses joueurs : ne pas être assez tueur devant le but. Question de pioche, certainement. Mais insoluble à l’heure actuelle, parce qu’on ne tombe pas tous les ans sur un Soladio ou un El Idrissi. Ce qui a le don de susciter ce commentaire blasé du technicien allemand : «Bien sûr, ça aiderait pour la rotation, d’avoir deux ou trois joueurs de plus. Mais même si je restais la saison prochaine, ce ne sera pas possible de faire grandir le cadre ou cela se ferait au détriment de la qualité. Le budget n’est pas extensible».
Bref, l’un des plus petits budgets de l’élite va continuer à tracer son sillon dans le style équipe de gladiateurs durs au mal et capables de répéter les efforts en petit comité. Ce groupe a aussi le record de joueurs ayant joué plus de 1 000 minutes sur les 22 premières journées de championnat : 13. Hormis Strassen, qui en compte 12, personne ne s’approche de ce petit record. Le F91, Mondercange, Mondorf, le RFCU, Wiltz et Pétange sont à 10. Allez Rosport, encore un petit effort…
Nombre de joueurs utilisés
depuis le début de saison*
1. Fola 26
2. Mondercange 25
3. Swift 24
. Rodange 24
5. Jeunesse 23
. Bettembourg 23
. Strassen 23
. Progrès 23
9. Mondorf 22
10. Wiltz 20
. F91 20
12. RFCU 19
. Differdange 19
. Pétange 19
. Hostert 19
16. Rosport 17
* Participation à au moins un match et au moins une demi-heure