Deux jeunes bénévoles de l’Amicale du groupe fortifié ont été placés en garde à vue à la suite de la découverte de produits chimiques et d’éléments explosifs.
La Ville de Thionville, propriétaire du Fort de Guentrange depuis 1996, a demandé la fermeture temporaire du site. Une réunion était organisée jeudi 27 mars en fin de journée avec les représentants de l’Amicale du groupe fortifié. Elle fait suite à la découverte de matériels pyrotechniques, de produits chimiques, d’éléments explosifs et de mise à feu dans un local du fort le vendredi 21 mars. Un local fermé, mis à la disposition de deux jeunes membres de l’association. «Quand nous avons été alertés, la police municipale puis la police nationale sont intervenues», raconte l’adjoint au maire de Thionville en charge de la culture, Jackie Helfgott.
Étant donné la nature des faits, d’importantes précautions ont été prises. Le parquet de Thionville a immédiatement ordonné l’interpellation des deux bénévoles, âgés d’une vingtaine d’années, dans la soirée. Lors de la perquisition à leur domicile, les policiers ont trouvé des illustrations, des livres historiques sur le IIIe Reich ainsi que des substances chimiques et des armes, des fusils a priori détenus sans autorisation. Le duo mis en cause a été placé en garde à vue «pour détention et fabrication d’éléments pouvant être utilisés comme explosifs», précise le procureur de la République de Thionville, Brice Partouche. Les auditions se sont tenues tout le week-end. «Nous n’avons pas décelé de connotation terroriste pour l’instant», rapporte prudemment le procureur.
Le bruit du canon
Les jeunes bénévoles auraient accumulé tous ces matériels pour reproduire le bruit du canon. Ils auraient récupéré certains éléments assemblés lors de spectacles pyrotechniques sans avoir l’intention de les utiliser en public. «Ils ne sont pas connus comme étant marqués idéologiquement», ajoute Brice Partouche. Le parquet antiterroriste de Paris n’a pas pris la main.
Les deux jeunes hommes, insérés, ont été libérés le dimanche soir. Ils n’ont pas été placés sous contrôle judiciaire ni mis en examen à l’issue de leur garde à vue. L’ensemble des pièces saisies ont été confisquées. L’analyse des produits ainsi que des vérifications sont en cours. L’enquête, réalisée par la police judiciaire de Metz et le commissariat de Thionville, se poursuit.
Toutefois, la Ville préfère fermer le fort jusqu’à nouvel ordre, «pour des raisons de sécurité». Elle dénonce la convention qui la liait à l’Amicale dont la vocation est de promouvoir le site, de l’entretenir et d’en assurer des visites. Une assemblée générale devrait se tenir dans un délai d’un mois. «Après mise à plat des tensions au sein de l’association, une reprise de notre collaboration pourra s’effectuer», souligne l’adjoint au maire, Jackie Helfgott. Jusqu’alors, l’Amicale bénéficiait d’une subvention municipale de fonctionnement pour un montant de 1 200 euros par an.
Une AG en urgence
Le président de l’Amicale du groupe fortifié de Guentrange est sonné. Serge Bolzinger est bénévole au sein de l’association depuis vingt-cinq ans. L’arrêt des activités du fort est un coup dur. «Toutes les visites de l’année sont annulées», annonce-t-il. La fermeture provisoire décidée par la municipalité empêche en effet de se projeter même si la route d’accès, interdite depuis un affaissement de terrain, devait être réparée. «Cette année va servir à remettre l’association dans le bon sens», rassure le président. Une assemblée générale extraordinaire est prévue le 25 avril. L’Amicale, créée en 1988, en profitera pour changer ses statuts, revoir son règlement. Le comité actuel sera dissous, un nouveau sera élu, «pour repartir de zéro». Le président se portera candidat à la remise en ordre attendue. Il dit être «surpris» par les deux jeunes bénévoles interpellés le week-end dernier. Ils sont membres de l’association depuis 2020. «Ils avaient un usage personnel de ce local, je les connais très peu», assure Serge Bolzinger. Le jour de la découverte d’éléments chimiques et explosifs, le président accompagnait la visite d’un élu délégué au patrimoine, il a usé d’un double des clés pour pénétrer dans le local en question. À partir de là, tout est allé très vite.