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Il fonce sur trois personnes en voiture, manque de les tuer et s’enfuit


Les faits se sont produits autour du parking de l’établissement à gauche où un DJ portugais se produisait. La soirée s’était jusque-là déroulée sans embûche.  (Photo : archives lq)

L’acte apparaît sans fondement. Chivaro a intenté à la vie de trois jeunes gens en les percutant de plein fouet en voiture à la sortie d’une discothèque. Il n’est pas venu s’expliquer.

Vers 4 h 18, le 12 septembre 2022, trois jeunes ont été fauchés par une voiture à la sortie du club E-Space au Schlammestee près de Weiler-la-Tour. Chivaro était au volant de la Mercedes noire et son cousin occupait le siège passager. Le procès du jeune homme d’une petite vingtaine d’années a débuté sans lui hier matin face à la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Et sans son avocat. Sans nouvelles du prévenu et n’ayant pas pu préparer le procès avec lui, il a déposé son mandat en début d’audience avant de quitter la salle.

Cela va considérablement réduire la durée du procès. Quatre jours d’audience étaient prévus cette semaine pour établir sa responsabilité dans l’accident qui avait fait trois blessés dont deux graves. Deux audiences devraient finalement suffire. Chivaro est, entre autres, accusé de tentative de meurtre et d’être contrevenu à la loi sur les armes et les munitions. Le jeune homme avait, à l’époque des faits, expliqué aux enquêteurs de la police avoir eu peur après avoir été menacé de mort par un jeune homme de région parisienne. «Il m’a dit qu’il venait du 9-3 et qu’il allait me fumer» après une échauffourée avec du spray au poivre.

Les images de vidéosurveillance du parking et les témoignages donnent une tout autre lecture des faits. Chivaro et son cousin ont vraisemblablement cherché la bagarre auprès des convives en essayant de les empêcher de quitter le parking du club, en faisant des allers-retours en voiture sur la route, en fonçant sur deux d’entre eux pour faire mine de les renverser ou encore en montant à bord des voitures prêtes à partir ou en conduisant avec une jambe passée par la vitre. On voit les cousins, tels des moustiques, piquer tout ce qui bougeait jusqu’à un échange de coups et finalement l’accident.

«Ils cherchaient la bagarre»

«Ils cherchaient la bagarre», note une enquêtrice qui exclut toute «menace réelle» au vu de la décontraction affichée par les convives visibles ainsi qu’un quelconque règlement de comptes. «Nous avons analysé leurs téléphones et n’avons pas trouvé d’antécédents entre eux. Ils ne se connaissaient pas.» Les faits seraient donc purement gratuits. Les trois victimes appelées à témoigner cet après-midi permettront peut-être au tribunal d’éclaircir les intentions du prévenu en son absence.

Sur le grand écran de la salle d’audience, déroulé pour le procès, on voit la voiture accélérer sur la petite route de campagne et percuter de plein fouet les trois jeunes hommes qui regagnaient leur voiture stationnée en bord de route. Un expert estime que le choc a eu lieu à une vitesse située entre 35 et 45 kilomètres à l’heure et n’est pas dû à une défaillance technique de la voiture qui présentait des impacts typiques de ce type de choc. Chivaro aurait donc sciemment visé le groupe.

Un expert neuropsychiatre n’a pas décelé chez lui de trouble psychique ayant pu entraîner d’altération ou d’abolition de son discernement au moment des faits. Tout juste un trouble de l’usage du cannabis dont il aurait consommé six grammes par jour.

Chivaro avait dit aux policiers avoir entendu «boum, boum, boum» et senti des impacts. Il aurait malgré tout poursuivi sa route par peur de représailles. Il avait lu qu’en banlieue parisienne les courses poursuites en voiture étaient fréquentes et aurait voulu y échapper.

Avec son cousin, ils auraient projeté de se rendre à un after à Dudelange. Sur l’autoroute, il se serait endormi au volant à deux reprises et aurait percuté une glissière de sécurité avant de rejoindre la route nationale par précaution. La police les a arrêtés à Esch-sur-Alzette au petit matin, à quelques pas de la Mercedes accidentée. Mercedes qui appartenait à sa copine à qui il avait emprunté les clés pendant son sommeil. Une dernière pour la route : Chivaro faisait l’objet d’un retrait de permis.