La culture et la consommation du cannabis ne se sont pas envolées après l’évolution de la législation en 2023, d’après les résultats d’une étude Ilres.
Rendue publique ce lundi, une étude Ilres pour le ministère de la Santé passe au crible l’impact de la réforme sur le cannabis chez le consommateur. Les réponses de 3115 résidents âgés de 18 à 64 ans, dont 507 consommateurs de cannabis à usage récréatif, ont permis de compiler ces données.
Pour rappel, en juillet 2023, le gouvernement luxembourgeois rendait légale la culture de maximum quatre plantes de cannabis à la maison et allégeait les procédures pénales et les sanctions en cas de consommation et de possession de petites quantités de cannabis sur la voie publique.
Peu d’impact sur la consommation
Concernant l’évolution de la loi, les consommateurs sont loin d’être dans le brouillard puisque 92,2 % de ceux qui ont consommé les 30 jours précédant l’étude, et 88,6 % de ceux qui ont consommé lors des douze mois précédents disent connaître les changements politiques sur le sujet.
Pour autant, la connaissance de l’évolution de la législation n’a pas impacté la consommation des Luxembourgeois. Parmi les personnes interrogées, 15.9% déclarent avoir consommé pour la première fois après le vote de la nouvelle loi. Pour ceux qui consommaient déjà avant (12 derniers mois), seuls 4,5 % annoncent avoir augmenté leur consommation.
Aussi, la réforme n’a pas fait naître de vocations de jardiniers. Seulement 11,5 % des usagers de cannabis au cours des 12 derniers mois (y inclus les 30 derniers jours) déclarent cultiver actuellement des plantes de cannabis chez eux. Au total, 68,5 % indiquent le cultiver pour la première fois depuis la modification de la loi sur le cannabis. 31,5 % le cultivait déjà avant que cela devienne légal.
Internet, le meilleur moyen pour acheter
S’ils ne font pas pousser du cannabis à leur domicile, les consommateurs ont bien d’autres façons de s’en procurer. 51 % d’entre eux ommande des graines sur internet, 26 % se rendent physiquement dans un growshop au Luxembourg et 21 % préfèrent passer les frontières pour visiter un magasin spécialisé. 17,4 % se fournissent chez un dealer.
Enfin, les graines provenant de fleurs de cannabis achetées (sur le marché illicite) ou le dark net ne représentent, respectivement, que 8,3 % et 3,2 % des manières d’acquérir du cannabis.
Quels avantages voient les consommateurs dans la culture des plantes à leur domicile ? Premier point fort plébiscité par 63,1% d’entre eux : éviter tout contact avec le marché illégal et les vendeurs de rue. Arrive ensuite, le fait de disposer d’un produit potentiellement moins dangereux que celui obtenu par d’autres sources (54,8%). Le troisième bénéfice pointe les coûts moins élevés (52,7%).
À l’inverse, parmi les inconvénients perçus par les non-consommateurs ressort l’exposition des enfants au cannabis (48,1%). Ceux qui consomment s’inquiètent quant à une utilisation plus intensive (47%).
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Les habitudes de consommation
Au Luxembourg, 46,3 % des résidents âgés de 18 à 64 ans déclarent avoir déjà consommé du cannabis à usage récréatif au cours de leur vie, 14.2% au cours des 12 derniers mois, 7,8 %. Les résultats de l’étude soulignent une proportion de consommateurs plus élevée chez les hommes (17,7 % au cours des 12 derniers mois, 10,1 % au cours des 30 derniers jours) et chez les moins de 35 ans ers jours(24,8 % au cours des 12 derniers mois, 12,7 % au cours des 30 derniers jours). Enfin, les consommateurs se répartissent de façon uniforme dans toutes les régions du Grand-Duché.
L’herbe de cannabis est de loin la forme la plus consommée de façon récréative (93,5 % au cours des 30 derniers jours, 89,6 % dans les douze derniers mois). Arrivent ensuite la résine de cannabis et les produits comestibles.
90,4 % des personnes ayant consommé du cannabis au cours des 30 derniers jours indiquent fumer en buvant de l’alcool. 77,2 % consomment tout avec du tabac ou des produits à base de nicotine et 28,4% tout en prenant des hallucinogènes.