Comment juger le résultat des pourparlers entre les États-Unis et l’Ukraine, ayant ouvert une possible voie à un cessez-le-feu sur le front de guerre ? Sans surprise, le président américain, Donald Trump, n’a pas tardé à clamer que l’engagement de Kiev à entamer «immédiatement» des négociations avec la Russie pourrait permettre d’en «finir dans les prochains jours» avec la guerre. On est cependant encore très, très loin de la paix. Le maître du jeu demeure en effet Vladimir Poutine. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en est parfaitement conscient. Il a lancé un appel aux États-Unis pour «convaincre» la Russie de s’engager réellement pour une trêve.
Le maître du Kremlin sera-t-il vraiment prêt à faire taire les armes? Et si oui, sous quelles conditions? Il faut rappeler, dans ce contexte, que le président russe n’a jamais caché son intention de vouloir détruire l’Ukraine. Se contenter des territoires occupés dans l’est du pays et de la Crimée risque de n’être pas suffisant. Donald Trump semble toutefois décidé à faire ce «cadeau» à son ami russe, dans le seul but d’imposer un accord de paix à Volodymyr Zelensky, sans impliquer Kiev dans la négociation. Le président américain a aussi déjà assuré Vladimir Poutine qu’il bloquerait l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.
L’agresseur pourrait donc sortir grand gagnant de cette guerre insensée. Cela pourrait l’amener à poursuivre sa conquête d’autres territoires. Les premiers observateurs ne veulent plus exclure une attaque dans la deuxième partie de cette année contre les pays baltes, membres de l’Alliance atlantique… Pas sûr que les États-Unis seraient encore prêts à défendre leurs alliés européens.
Le fait que la balle se trouve depuis hier soir dans le camp de la Russie peut inverser la tendance de ces dernières semaines. Si Poutine dit non à un cessez-le-feu, il sera accusé de ne pas vouloir de paix. En réalité, le président russe se trouve toujours en position de force, d’autant plus si Donald Trump continue à vouloir forcer l’Ukraine à capituler. L’UE, le Royaume-Uni, le Canada et d’autres alliés de Kiev doivent former plus que jamais un contrepoids pour éviter un tel scénario. La réunion des 34 chefs des armées, hier, à Paris, est un premier pas important.