Pour Fokus, c’est le moment de relancer l’idée d’un service civil obligatoire. C’est soit militaire, soit civil, résume Anne Winter, la secrétaire générale du parti qui cite l’Autriche comme exemple.
Le parti Fokus ne veut pas que sa revendication reste lettre morte. Le parti profite du contexte actuel, avec l’augmentation des budgets européens en faveur de la défense, pour relancer son idée de service civil obligatoire.
Il exige qu’une partie de ces dépenses soit consacrée à la mise en place d’un tel service, à l’image de ce qui se fait en Autriche avec le «Zivildienst» depuis 50 ans.
Un service de six mois
«Le service obligatoire serait soit civil, soit militaire, et rémunéré selon la législation relative au job étudiant», explique Anne Winter, secrétaire générale du parti. Elle prend exemple sur l’Autriche qui, depuis 1975, propose aux jeunes de servir auprès de services sociaux.
Ils peuvent aussi bien rejoindre une caserne de pompiers, des hôpitaux, des ateliers et des maisons pour personnes handicapées, des maisons de retraite, des installations pour les réfugiés, des jardins d’enfants ou des monuments commémoratifs nationaux.
Si le service dure neuf mois en Autriche, il ne serait réduit à six mois pour les Luxembourgeois, indique Anne Winter.
«Ceux qui sont déjà engagés auprès du CGDIS obtiendront une certification et seront rémunérés», précise la secrétaire générale. Elle cite l’exemple d’un élève de première qui doit repasser des examens en septembre et qui bien souvent rate le délai d’inscription dans une université. «Il doit en général attendre un semestre pour s’inscrire et pourrait très bien réaliser son service civil pendant cette période», illustre-t-elle.
Mieux préparés en cas de crise
Ce service civil est d’autant plus important, selon elle, car l’armée luxembourgeoise ne compte pas «des milliers de soldats», donc «il faut voir comment apporter notre pierre à l’édifice de défense européenne et donner quelque chose à la société pour pouvoir en tirer quelque chose».
Si un jeune refuse catégoriquement de rejoindre l’armée, pourquoi pas ne pas aller dans un service de gériatrie, par exemple, déclare en substance Anne Winter.
L’objectif est d’amener les jeunes à s’engager auprès du grand public et à être mieux préparés en cas de crise, par exemple lorsque des catastrophes naturelles ou des crises sanitaires frappent le pays, précise le communiqué du parti. L’accent mis sur le service civique est d’autant plus important dans le contexte des évolutions actuelles.
Renforcer le bénévolat
«Le Luxembourg doit rendre ses dépenses aussi durables que possible, en ce sens nous considérons que le financement d’un service civique est beaucoup plus durable que l’investissement dans des armes ou d’autres matériels militaires, surtout dans le contexte d’un nombre considérable de soldats luxembourgeois», note Fokus.
Pour le parti, le service civique signifie «élargir l’offre d’éducation dans les domaines social, médical ou militaire et ainsi investir durablement dans l’éducation des jeunes». Fokus est d’avis qu’un service civil, comme en Autriche, peut renforcer le bénévolat entre autres, «également dans le secteur de la santé, où il y aura un grand besoin surtout dans ce pays, dans les années à venir».
Un service civique rendrait le pays à l’épreuve des crises et améliorerait les capacités de défense contre toutes les menaces possibles, assure le parti. «Il permettrait également de rassembler des jeunes de tous horizons, de les rapprocher des valeurs fondamentales, de renforcer le bénévolat, tout comme la cohésion sociale», conclut-il.
Pas de service militaire obligatoire
Aboli depuis 1967 au Luxembourg, le service militaire obligatoire ne sera pas réintroduit., c’est certain. Lors d’une heure d’actualité sollicitée par Liz Braz (LSAP) fin janvier, tous les partis représentés à la Chambre des députés ont souligné qu’il n’existait pas de besoin de revenir en arrière.
La ministre de la Défense, Yuriko Backes, était du même avis, même si elle a affirmé l’été dernier qu’une discussion sur la réintroduction du service militaire obligatoire deviendrait incontournable. Le programme de gouvernement est muet sur ce point de la politique de défense.
Une motion adoptée à l’unanimité lors de cette séance est venue appuyer la position de l’exécutif conservateur-libéral. Les députés ont tout de même insisté sur la nécessité de rendre plus attractive l’armée luxembourgeoise afin d’attirer un plus grand nombre de recrues volontaires.
Une amélioration des conditions de travail et de meilleures perspectives de carrière étaient mises en avant dans la motion du LSAP.
La création d’un service civil volontaire était aussi à envisager pour «motiver davantage les citoyens à contribuer à la résilience nationale». Le gouvernement est appelé à soumettre dans un délai d’une année un concept à la Chambre. Fokus veut accélérer le mouvement.